"La Tribune-le Progrès" relate l’information suivante dans son édition du 19 janvier 1976 :
L’inquiétude du maire de la commune de Serrigny-en-Bresse (71) face à l’absence totale de naissance et mariage dans sa commune depuis un an. En effet, "la dernière naissance remonte au 23 juillet 1972, le dernier mariage au 21 décembre 1974 et le dernier décès au 19 octobre 1974. Dans le registre annuel d’État civil, toutes les rubriques sont barrées de la mention néant".
(...) Pour sortir de ce néant administratif, le maire lance un appel de candidatures (...) : "Pour la première fois de son histoire, notre petite commune a gardé vierges pendant une année entière ses registres d’état-civil. Ni naissance, ni mariage, ni décès. Or, si nous souhaitons bien sûr garder nos vieux le plus longtemps possible, nous espérons en revanche que quelques-uns de nos célibataires se laisseront tenter par les charmes du mariage, et que la propagande gouvernementale aura persuadé quelques jeunes couples des avantages qu’il y a de posséder de nombreux héritiers".
Mais les statistiques sont éloquentes : 20 % de la population a plus de 70 ans. La plupart des célibataires masculins sont presque tous âgés de plus de 40 ans et la seule femme célibataire affiche plus de 70 printemps !
Aussi "le maire feuillette les registres avec nostalgie : la première fois que j’ai ceint l’écharpe tricolore, c’était pour célébrer deux mariages d’un coup". (...) "Mais des deux douzaines de couples qu’il a unis, trois ménages seulement sont restés sur le territoire communal. On sait trop bien que l’agriculture ne retient plus les jeunes". (...) "Hier, on a ouvert un registre tout neuf pour y écrire qu’un enfant du pays (...) a pris femme à l’âge de 36 ans. Mais qu’est ce que cela change ? A l’issue de la cérémonie, les époux sont partis s’installer à Dijon. Un feu s’est éteint dans le village. Les héritiers ne seront pas d’ici".
"Dans la salle de classe désaffectée où il vient d’unir ceux qui s’en vont, le maire remue les archives du début du siècle : Au temps où ma mère allait à l’école, il y avait 80 enfants dans la commune. Le jour où l’on a fermé la dernière classe, j’ai compris que deux ou trois cultivateurs finiraient un jour par se partager toutes les terres devenues vacantes. Vous ne pouvez pas savoir, Monsieur, à quel point un village peut devenir triste dès que l’on n’y entend plus de cris d’enfants à l’heure de la récréation..." (La Tribune-Le Progrès du 19 janvier 1976).
Note : Au recensement de 1982, il y avait 146 habitants à Serrigny-en-Bresse. 114 habitants en 1990 et... 130 habitants en 1999. |