Notre homme mesure 1,75m, il a les cheveux et les sourcils châtains, le front droit, les yeux marron-vert, le nez ondulé, une bouche moyenne, le menton rond, le visage ovale et un teint coloré.
Il sait lire et écrire et est de religion catholique.
A 23 ans en 1886, il est condamné à Reims à 2 mois de prison pour coups et blessures.
En 1890, pour la même chose et rébellion, 6 jours.
Journalier, garçon de magasin puis contremaître de filature, il décide simplement de cesser de travailler en 1892 et délaisse plus ou moins sa famille.
Le 31 décembre 1892, il est encore condamné, cette fois à 10 jours de prison, pour outrage à agents.
Le 17 février 1893 naît sa fille Marthe Ernestine qui meurt le 25 juin. Joseph François Eugène n’est pas là. Il est en prison. Il a été condamné le 20 mai à 8 mois de prison pour vol. Il sera cependant libéré avant la fin de ces 8 mois.
Le 11 mai 1894, il est de nouveau condamné à Reims pour vols qualifiés. Cette fois à 8 ans de travaux forcés.
« Boulnois s’était institué à Reims le chef d’une bande de sept individus qui se livraient journellement aux vols. Dans l’espace d’un mois du 24 décembre 1893 au 21 janvier 1894, Boulnois et cette bande ont commis dans la ville de Reims 28 vols accompagnés de circonstances aggravantes : de nuit, maisons habitées, escalades, effractions, fausses clefs, pluralité de coupables. Le jury a refusé à Boulnois les circonstances atténuantes. »
Avis du président de la cour d’appel de Paris sur le lieu de la transportation (01 juin 1894) :
« Boulnois, 31 ans, a travaillé utilement les premières années de son existence d’homme. Les mauvaises compagnies l’ont perdu. Paraît doué de résolution et d’énergie.Peut être employé utilement dans tous les lieux de transportation. »
Le 25 juin 1894, la commission de classement des condamnés aux travaux forcés considère Boulnois comme « indigne d’indulgence » et « est d’avis qu’il soit placé à la 3e classe et dirigé sur la Guyane ».
La condamnation est lourde. Condamné à 8 ans de travaux forcés, Joseph François Eugène sait qu’il devra, après sa libération, rester 8 ans supplémentaires en Guyane, c’est la loi. Il ne peut donc espérer revenir en France métropolitaine qu’en 1910, s’il n’a pas eu d’autre condamnation, et s’il peut payer lui-même son voyage, ce qui est pratiquement impossible pour un bagnard libéré.
En mai 1895, on l’informe que sa femme veut engager une procédure de divorce. Ce divorce n’aura cependant pas lieu.
Le 8 mai 1896, il est en "punition " : « Le condamné 26468 Boulnois 3e classe (cellulaire) pour avoir été trouvé porteur d’une boîte de sardines qu’il avait caché entre ses jambes et n’avoir pas voulu en déclarer la provenance ».
Le 6 avril 1896 naît à Reims son fils légitime (pour la loi) Camille Désiré. Le couple Boulnois - Rogé est toujours marié donc rien d’anormal pour cet acte. Le père est dit « sans domicile connu ».
Le 20 septembre 1896, Joseph meurt donc à Iracoubo en Guyane, à l’âge de 33 ans. L’acte de décès n’est transmis à Reims qu’en juillet 1897.
A partir de cette date, le reste est une énigme : Victorine Rogé a-t-elle été informée du décès de son mari ? Le livret de famille existe depuis 1877, en a t-il été fait mention ? Il semble que non !
Le 2 juin 1898 naît un nouvel enfant légitime : Émile Adolphe. Le domicile du père est encore dit « inconnu ».
Le 20 février 1900 naît Georges Adolphe, légitime de Joseph François Eugène Boulnois, 37 ans, garçon de magasin, domicile inconnu.
L’acte de naissance de Georges Adolphe Boulnois en 1900 est particulier ; c’est le seul à être plusieurs fois rectifié.
Georges Adolphe à porté, pour la loi, 3 patronymes différents : Il naît en 1900 fils légitime d’Eugène Boulnois. Il porte donc le patronyme BOULNOIS.
Par jugement du tribunal civil de Reims du 8 novembre 1906 l’acte est rectifié il est dit né de Eugénie Victorine ROGÉ veuve BOULNOIS par conséquent de père inconnu. Son patronyme devient donc ROGÉ.
Il est reconnu par son vrai père, Émile Guillemain en 1909. GUILLEMAIN sera son patronyme définitif.
Enfin en 1902 naît Madeleine Marie Boulnois dernière fille légitime de Joseph François Eugène Boulnois, 39 ans, journalier, domicile à ce jour inconnu, mais donc en réalité du bagnard matricule 26468, mort à 33 ans, en 1896.
Émile Guillemain est sans aucun doute le père de tous les enfants nés à partir de 1896 ; Il habite avec Eugénie Rogé et c’est lui qui les déclare à la mairie. A part Georges Adolphe, ils sont tous décédés en bas âge, ce qui peut expliquer le manque de rectification sur les actes.
Sources :
- État-civil de Reims (51).
- État-civil de Moncornet (02).
- État-civil d’Iracoubo.
- Dossier de Joseph François Eugène Boulnois,bagnard, matricule 26468.