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L’histoire de Jean-François Albert, curé révolutionnaire

Le jeudi 14 novembre 2013, par Michel Guironnet

Originaire de la Drôme, Jean-François Albert naît le 13 mars 1753 à Miribel. Fils de « Sieur Jean et Françoise Rousset » il est baptisé le 15 ; son parrain est « Maître Jean-François Ithier notaire royal à Saint Donat (sur l’Herbasse) et sa marraine Demoiselle Lucie-Catherine Mottet, son épouse ». Voici l’histoire d’un curé qui traverse la période révolutionnaire en devenant officier municipal puis maire.

Dès juillet 1789, les anciennes administrations communales disparaissent, cédant la place aux nouvelles municipalités spontanément créées à l’image de la "Commune de Paris" formée le 13 juillet.

La loi du 14 décembre 1789 entérine cette révolution municipale. Le conseil général de la commune est élu pour deux ans par les citoyens actifs et parmi ceux qui payent une contribution égale à dix journées de travail.

La commune de Saint-Clair et Les Roches, en Isère, au bord du Rhône, au-dessous de Vienne, est donc instituée.

Dès 1789, "le citoyen Jean-François Albert" est membre du conseil général de la commune. Alors âgé d’une trentaine d’années, il est depuis le 26 mai 1782 curé de la paroisse Saint Alban et Saint-Clair, successeur de Pierre Clamaron décédé à 30 ans le 30 avril 1782.

Originaire de la Drôme, Jean-François naît le 13 mars 1753 à Miribel. Fils de "Sieur Jean et Françoise Rousset" il est baptisé le 15 ; son parrain est "Maître Jean-François Ithier notaire royal à Saint Donat (sur l’Herbasse) et sa marraine Demoiselle Lucie-Catherine Mottet, son épouse". [1].

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Portrait de J.F Albert
D’après la description de son physique

Son père, Jean, est dit marchand en 1759 et 1761. Les registres paroissiaux conservent l’acte de sa sépulture : "Le huitième octobre mil sept cent quatre-vingt-deux a été enterré dans le cimetière de cette paroisse, le corps de Sieur Jean Albert, capitaine châtelain de Miribel, décédé le jour précédent, munit des sacrements de l’extrême onction, âgé d’environ soixante-quatre ans. Ont assisté à ses funérailles plusieurs de ses parents et amis... Dumoulin curé".

De sa naissance en 1753 à son arrivée à Saint-Clair en 1782, on reste dans l’ignorance des études au séminaire suivies par Jean-François Albert. Rien également sur ses lettres de prêtrise, ses premières affectations (vicariats ou cures).

"Cahier des curés du Dauphiné"

Durant les années qui précèdent la Révolution, son rôle de prêtre l’occupe, toutefois, le curé Albert s’absente régulièrement, remplacé alors par ses vicaires et parfois le curé Accarias du village voisin Saint-Prim.

Il semble qu’il participe alors, aux côtés d’Henri Reymond, curé de Saint Georges de Vienne et syndic des curés du Dauphiné, au travail d’une "commission spéciale" chargée de faire des démarches pour l’augmentation des portions congrues.

Henri Reymond, né à Vienne, le 16 novembre 1737, prend une part active aux polémiques qui précèdent la Révolution. Il écrit de nombreuses brochures destinées à soutenir les revendications du bas-clergé dauphinois, notamment une "Adresse des curés du diocèse de Vienne...".

Le "Cahier des curés du Dauphiné" adressé à l’Assemblée nationale au mois de novembre 1789 expose les doléances, largement détaillées, des curés [2]. Sur les 500 signataires de ce texte, outre Reymond, on trouve nombre de noms de curés de la région viennoise : Accarias, Astier, Tulpin, Mahussier... et Albert. S’il n’est pas précisé les paroisses dont ces curés sont titulaires, on peut toutefois le savoir en comparant avec les noms de prêtres présents lors de l’enterrement de J.P. Aubrun, curé de Saint-Clair en janvier 1779 et celui de Pierre Clamaron en mai 1782.

Ainsi les curés de Saint-Prim, Chonas, Saint-Maurice-l’Exil, Saint Alban du Rhône et Saint-Clair signent-ils ce "Cahier des curés".

Constitution civile du clergé

En novembre 1789, l’Assemblée constituante met les biens du clergé à la disposition de la nation. Les prêtres deviennent, par le vote de la Constitution civile du clergé (12 juillet 1790), des fonctionnaires salariés par l’État.

Leurs salaires vont de 12 000 à 50 000 livres pour un évêque, de 1 200 à 6 000 livres pour un curé et de 700 à 2 400 livres pour les vicaires [3].

Les curés et évêques entrant en fonction doivent jurer de rester fidèles à la nation et au roi et de soutenir la Constitution. Cette obligation du serment civique est étendue à tous les prêtres déjà en fonction, le 27 novembre 1790, sous peine d’être destitués.

Si certains prêtres hésitent, attendant l’autorisation papale, d’autres prêtent serment sans le moindre doute. C’est le cas de Jean-François Albert : "Procès-verbal de serment, du dimanche dix-neuvième décembre mil sept cent quatre vingt-dix, au lieu de Saint-Clair, dans l’église dudit lieu, à neuf heures du matin".

Serment de Jean-François Albert

Le conseil général de la commune s’est rendu en corps pour assister à la messe de paroisse dudit lieu célébrée par M. Albert curé, pour être présent à la prestation de son serment civique d’après son vœu exprimé le jour d’hier dans son assemblée du corps municipal, et de l’arrêté pris en conséquence.
Le conseil de la commune accompagné des gardes nationales, est entré dans ladite église ayant à sa tête M. Albert, curé. Chacun a pris sa place pour ouïr la messe et ensuite M. le Curé a fait un discours pour faire connaître au peuple son dévouement à l’exécution des décrets de l’Assemblée nationale sanctionnés par le Roy, et son empressement à la prestation de son serment civique.
M. le Maire a ensuite fait lecture de serment qu’exige l’article 21 titre 2 des décrets du 24 août dernier, et M. le Curé lui dit vouloir s’y confirmer, ce qui a été fait en présence du conseil général de la commune et de tous les fidèles en ces termes : "Je jure moi curé de Saint-Clair et Saint-Alban du-Rhône, en présence du conseil général de la commune et de tous les fidèles ici présents de veiller avec soin sur les fidèles de ma paroisse qui m’a été confiée, d’être fidèle à la Nation, à la loi et au Roy et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le Roy".
Le serment prêté, M. le Maire fait un discours en ces termes : "La municipalité voit avec plaisir un de ses membres, ministre de la religion, chercher avec empressement les occasions que lui fournit l’Assemblée nationale pour renouveler son zèle et son patriotisme déjà assez connu par le choix qu’en ont fait les citoyens pour les actions de tout ce qui émane de nos augustes représentants de la Nation, et vous citoyens, la municipalité vous invite à continuer votre respect et soumission pour un pasteur qui se fera toujours un devoir de vous donner l’exemple de fidélité et de respect aux décrets de l’Assemblée nationale".

Suivent les signatures des membres du conseil général : "Albert, curé de Saint Clair, Boudin, maire, Jean Gounon, Jean Chaumartin, Chauvet, Favier, Jean Cotonnet, Marchand, Ogier, Etienne Marthoud, Jean-Baptiste Vincent, Grubis, lieutenant (de la garde nationale), Montais, capitaine, Antoine Chevallier et Joubert, secrétaire" [4].

Les curés "jureurs" dans le Viennois

La Constitution civile du clergé est acceptée sans heurts par les prêtres du Viennois. Aux Roches, l’abbé Vallory, prête également serment le 19 décembre 1790 à onze heures du matin. MM. Jean-Baptiste Germain, curé de Roussillon, et Barthélemy Labbé son vicaire, Fleury Puzin curé de Givray, et Philibert Tulpin, curé de Saint-Maurice-l’Exil prêtent serment. Dans le district de Vienne, sur 202 prêtres, il y a seulement 35 prêtres non-jureurs, mais certains prêtent serment avec des restrictions. A Condrieu, département de Rhône et Loire, le curé Bonnardel doit quitter sa paroisse fin juin 1791 et se cacher. Il ne réapparaîtra à Condrieu que fin 1799 début 1800 pour y finir ses jours. Son remplaçant nommé à la cure est imposé : "M. Vertany-Duprat curé, a été installé à la cure de Condrieu le 23 juin 1791 par la municipalité et la garde nationale étant sous les armes". Mousset, vicaire d’Ampuis est frappé de déportation le 26 août 1791.

Élection de l’évêque de Grenoble

La Constitution civile du clergé prévoit également de faire élire les évêques et les curés par le peuple, à la majorité des voix, en remplacement des prêtres réfractaires (ou non-jureurs). Ainsi le 27 février 1791, en l’église épiscopale de Grenoble, a lieu l’élection d’un nouvel évêque après le refus de M. Dulau de prêter serment.

A neuf heures du matin, trois cent quatre-vingt-deux électeurs députés par les quatre districts de l’Isère sont présents : "Ils appartenaient à tous les rangs de la bourgeoisie et du peuple, à tous les états, à toutes les religions. Auprès du procureur venait siéger le plus humble des municipaux, auprès du juge, le dernier des commis, à côté de protestants zélés quelques prêtres naguère catholiques, devenus par leur serment les fanatiques apôtres des doctrines nouvelles..." [5].

Parmi ces prêtres constitutionnels, on note Grange professeur au collège de Vienne, Billon curé d’lllins, Gastinet curé de Seyssuel, Berton curé de Reventin et Albert curé de Saint-Clair. Jean-François Albert étonne par son zèle révolutionnaire !

Joseph Pouchot, ancien curé et chanoine aux honneurs de la cathédrale, est élu évêque :
"Le premier jour M. Pouchot, oncle d’Aubert et curé de St-Ferjus et Mgr du Tillet, ancien évêque d’Orange, se partagèrent les suffrages ; le 1er mars, nouveau scrutin sans résultat et enfin M. Pouchot au 3e tour réunit 287 voix sur 376 votants.
M. Pouchot était né le 9 novembre 1720 ; prêtre et chanoine de St-Laurent, en 1745, curé de St-Ferjus et prieur de Beaurières en 1749, il avait d’abord songé à se faire sacrer par M. Boyer, récemment nommé évêque de l’Ain ou, à son défaut, par M. de Talleyrand ; finalement il s’adressa au fameux Lamourette, devenu évêque de Rhône-et-Loire. Le 17 avril M. Pouchot était installé solennellement et prêtait de nouveau le serment schismatique avec ses vicaires"
 [6].

Saint Ferjus a gardé jusqu’à aujourd’hui son nom révolutionnaire : La Tronche, près de Grenoble.

M. Berton, curé de Reventin, est élu en février 1791, vicaire épiscopal. Le 18 septembre, M. Boulu, vicaire de Champier, est élu à Reventin pour remplacer Berton.

En 1792, après le décès le 7 septembre de Joseph Pouchot, c’est Henri Reymond qui est élu, le 17 novembre, évêque de l’Isère.

L’installation des juges du tribunal

Jean-François Albert assiste le 10 janvier 1791 à l’installation des juges du tribunal de district de Vienne. Il est le représentant avec Boudin, maire de Saint Clair, et MM. Richardin, Bruyas, Gautier et These, du canton de Chonas. Ils se rendent en cortège, accompagnés de la garde nationale de Vienne, de la musique et des tambours, avec la municipalité viennoise, à l’église Saint-André-le-Bas, de Vienne pour y entendre la messe du Saint-Esprit. Puis, toujours dans le même ordre, ils vont à la maison de ville pour assister à la prestation de serment des juges nommés : MM. Aimeras, Baudrand et Pra avec MM. Villard et Comberousse suppléants et M. Ronin commissaire du roi près le tribunal.

A l’issue de la séance "M. le Maire de Vienne, à la tête du conseil de la commune, a remercié les officiers municipaux des cantons de l’intérêt qu’ils avaient pris à cette cérémonie dont leur présence a augmenté l’éclat et la pompe" [7].

Curé et officier municipal

Mais Jean-François participe aussi, bien sûr, à la vie municipale de "Saint Clair et Les Roches". Ainsi, lorsque l’état civil passe aux municipalités (loi du 20 septembre 1792), on relève dans les registres : "Nous, Etienne Ramay, maire de la commune de Saint-Clair et Les Roches, sur la réquisition du procureur de la commune et en vertu de la loi du 20 septembre, dernier art. 1er du titre 6, avons clos et arrêté le présent registre que nous avons signé avec le procureur de la commune et le secrétaire, ce jour troisième décembre mil sept cent quatre-vingt-douze, l’an premier de la République. Etienne Ramay, maire. Armand Viallet procureur de la commune, Joubert, secrétaire...". Et quelques jours après, à la fin des actes..."par-devant moi, Jean-François Albert curé et officier public de Saint-Clair dans le lieu où la municipalité tient ses séances" (17 janvier 1793), ou encore "Jean-François Albert, membre du conseil général de la commune de Saint-Clair et Les Roches, élu le quatre décembre mil sept cent quatre-vingt-douze pour dresser les actes destinés à constater les naissances, mariages et décès des citoyens" (Ier février 1793) [8].

Le "jeudi dix-sept janvier mil sept cent quatre-vingt-treize, l’an second de la République", jour de la déclaration de naissance de Jean-Marie Piaton, Jean François Albert est accompagné de "Joseph Albert, maire à Miribel, âgé de trente-deux ans...". Il s’agit d’un frère du curé Albert, né le 26 avril 1761. Lui aussi est engagé dans la Révolution. On le retrouve juge de paix du canton de Montmirai en l’an VII. Marié à Reine Burais, il décède au village de sa naissance le 1er novembre 1834.

Mais quelquefois J.-F.Albert s’absente et c’est le maire qui tient les registres. Peu à peu "le curé Jean-François Albert" s’éloigne de sa vocation première de prêtre :

Il signe "Jean-François Albert, citoyen de Clair" (30 nivôse an II). Mais sous la Terreur, il semble que notre homme ne soit plus chargé de l’état civil car on note le 18 germinal an II "Pierre Chauvet, citoyen domicilié à Clair-du Rhône, membre du conseil général de la commune des Roches et Clair du Rhône, département de l’Isère, élu le douze germinal an deux de la République française indivisible et démocratique pour rédiger les actes".

Déchristianisation

A cette époque, la déchristianisation est à l’ordre du jour et "Saint-Clair devient Clair du Rhône", le péage de Roussillon se nomme alors "Franc-Passage" et "Saint-Jean-de-Bournay" s’appelle "Toile à voiles" à cause de sa principale industrie, "Saint-Ferjus" près de Grenoble devient "La Tronche"...

Jean-François Albert ne semble pas s’émouvoir, lorsque les habitants de Saint-Clair le décadi 10 frimaire an II (29 novembre 1793) saccagent l’église du lieu : le 30 brumaire an II (20 novembre 1793) a lieu à Vienne La fête de la liberté. Un grand rassemblement est organisé, les tribuns prennent la parole et l’ardeur de la foule aidant, le peuple sème le désordre dans les églises de la ville et les pille.

Dans le district de Vienne, "le premier décadi suivant", à Anjou, une manifestation du même genre est organisée. Les titres nobliaux sont brûlés sur la place publique, les terriers des seigneurs détruits et le confessionnal rejoint les parchemins au brasier. Dans la foule présente, les curés constitutionnels ne sont pas les derniers à applaudir à ces exploits.

"Le même jour, le fanatisme recevait de semblables coups dans les paroisses de Saint Clair et des Roches. Le peuple également assemblé se livrait à toutes les impulsions de la philosophie en détruisant tous les signes du fanatisme et en livrant aux flammes les vains titres de la féodalité. Les mêmes transports d’allégresse enivraient tous les cœurs. Un repas civique fut offert à la vieillesse et à l’indigence et une danse villageoise mit fin à cette fête" [9].

Révolutionnaire

Quelques mois plus tard, le 10 floréal an Il (29 avril 1794), le citoyen Jean-François Albert tient la place de secrétaire "et ayant prêté serment de maintenir de tout son pouvoir la république une, indivisible et démocratique, l’égalité, la liberté et de remplir fidèlement les fonctions de sa place, il a prit place au bureau" [10].

Il est alors secrétaire, chargé de rédiger le procès-verbal de l’assemblée des "citoyens de la commune des Roches et Clair du Rhône... au temple de la raison aux Roches... à l’effet de procéder au partage du bois communal appartenant à cette commune, en conformité à la loi du 10 juin 1793...".

Il obtient son "certificat de civisme" du Comité de surveillance révolutionnaire de la commune le cinq fructidor an II (22 août 1794) :
"Egalité-liberté-certificat de civisme - Nous, officiers municipaux et notables composant le conseil général de la commune des Roches-Clair du-Rhône, canton de Chonas, district de Vienne, département de l’Izère, certifions que le citoyen Jean-François Albert, domicilié de cette commune, secrétaire adjoint du conseil général et natif de Miribel, département de la Drôme, âgé de quarante ans, taille de cinq pieds, trois pouces, six lignes, cheveux et sourcils châtains, yeux gris bleux, nez épaté, bouche moyenne, menton rond, barbe châtain, front découvert, visage rond et grave, est ami de la Révolution, patriote reconnu, dévoué pour la chose publique, en témoin de quoi nous lui avons délivré le présent certificat de civisme que nous avons signé, le présent avec le secrétaire qui a fait apposer le cachet de cette commune. Fait en séance publique ce jourd’hui vingt -cinq thermidor, deuxième année de la république, une, indivisible (12 août 1794). Etienne Ramay maire, Grubis, Valin, Montez officiers municipaux, Boudin aîné, Pierre Henry, Marchand, Cadier, Louis Martel, Brondelle, notables, Joubert secrétaire".

Plus bas, on lit ceci : "Vu, vérifié et approuvé par les membres du Comité de surveillance des Roches et Clair-du Rhône, ci-devant Saint-Clair, le cinq fructidor l’an deux de la République française, une, indivisible et démocratique. Jean Gay président. Jean Gonon, Faure, Robin. Jean-Baptiste Vincent secrétaire" ; texte frappé du cachet du comité. Au recto, en note marginale "Vu, vérifié et approuvé par les administrateurs du district de Vienne, le 8 fructidor 2° année Rep. Fr. Une et Indiv. Magnin, Bertrand, Gautier, Boissat secrétaire" [11].

Le curé devient maire

Preuve du patriotisme de Jean-François Albert, au plus fort de la Terreur, il conserve sa charge dans la municipalité de Saint-Clair et Les Roches. Après le 9 thermidor, il garde ce poste jusqu’en juin 1795. Mais le 12 fructidor an IV (29 août 1796), témoin pour un acte de naissance à Saint-Clair, il est qualifié d’agriculteur. A-t-il abandonné tout engagement municipal ?

Après 1796 il retourne dans son village natal. Il remplace son frère Joseph comme maire de la commune ; un acte du 20 vendémiaire an IX (12 octobre 1800) l’atteste.

Jean-François Albert termine sa vie comme maire : "Maire de Miribel. Arrondissement de Valence. Du dix-huitième jour du mois de prairial an dix de la République française" (18 juin 1802) "Acte de décès de Jean-François Albert, maire de la commune de Miribel, décédé le dix-huit prairial an dix, à sept heures du soir, âgé de quarante-neuf ans, né à Miribel, département de la Drôme, y demeurant, célibataire, fils de Jean Albert et de Françoise Rousset. Sur la déclaration à moi faite par le citoyen Jean Deroux marchand de bois domicilié audit Miribel, voisin et ami du défunt qui a dit s’être bien assuré de son décès ; et par le citoyen André Luce, voisin du défunt, demeurant à Miribel, profession de chaufournier, qui a dit être bien sûr de la mort du défunt. Le premier témoin a signé, non l’autre pour ne savoir, de ce enquis et interpellé. Constaté par moi Luzy Pellisac fils, adjoint de la commune de Miribel, faisant fonction d’officier de l’état civil".


[1Registres paroissiaux et état civil de Miribel (Drôme) 1740-1840.

[2"Cahier des curés du Dauphiné". E 386 archives départementales de l’Isère. On lira aussi l’article de Michel Bernard "Revendications et aspirations du bas-clergé dauphinois à la veille de la Révolution" (Cahiers d’histoire n° 4 1956 pages 327 à 347).

[3On comparera utilement avec "Les revenus d’un curé de campagne au XVIII’ siècle" pages 98 à 105 de mon ouvrage "L’Ancien Régime en Viennois (1650-1789)".

[4"Prestation de serment -Clergé constitutionnel -District de Vienne" L 1190. Archives de l’Isère.

[5A.M. de Franclieu "La Persécution religieuse dans le département de l’Isère" Tome I (page 92 et suivantes).

[6« Bulletin de la Société Gorini : revue d’histoire ecclésiastique et d’archéologie religieuse du Diocèse de Belley... » de juillet 1906

[7"Les Fêtes nationales à Vienne sous la Révolution et le Directoire" par E.-J .Savigné (pages 31 à 58).

[8Etat civil de Saint Clair du Rhône (Isère) 1789-1800.

[9Affiches patriotiques du district de Vienne" n° 44 du 13 frimaire an 11 (per 901 archives de l’Isère).

[10"District de Vienne -Affaires communales" L 1195 archives de l’Isère.

[11"Certificat de civisme" L 228, archives de l’Isère

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7 Messages

  • Il serait intéressant de savoir pourquoi des prêtres sont devenus des prêtres jureurs et pour certain ont jeté leurs soutanes aux orties alors qu’ils venaient d’être ordonnés ! (d’après votre article)
    Les prêtres devenus maires ont-ils, en se cachant, continué leur sacerdoce ?

    Michel Guironnet fait une proposition intéressante, ainsi qu’une remarque sur - ne pas porter de jugement - beaucoup vont trop vite à le faire.

    Répondre à ce message

  • L’histoire de Jean-François Albert, curé révolutionnaire 22 novembre 2013 10:33, par LEROUX Jean Michel

    Très belle évocation et une vie édifiante dans ces temps si troublés. Dans le même style, un autre prêtre de la Drôme, l’abbé FIERE Etienne,né à Bourg de Péages le 20 décembre 1765, ordonné prêtre en 1789, d’abord vicaire à Meymans puis curé à Eurre à partir du 22 décembre 1789. Le 7 mars 1790, il est conseiller municipal et il est signataire de la lettre envoyée à l’Assemblée Nationale par les ecclésiastiques du district de Valence. Il prête serment et participe activement à la vie de la commune. Le 7 aout 1793, le conseil municipal constate que le presbytère est laissé vide par le citoyen FIERE qui s’est enfuit.
    Réfugié dans sa famille à Romans, il se rétracte de son serment. En 1801, l’abbé FIERE est curé de St Jean en Royans. Il fonde un petit séminaire qui accueillera en 1809, 150 élèves. En 1811, il est nommé Chanoine de la cathédrale de Valence et supérieur du petit séminaire. En 1823, vicaire général de l’évêque de Valence. Etienne FIERE décède le 28 janvier 1831 à Bourg de Péages.

    Répondre à ce message

    • L’histoire de Jean-François Albert, curé révolutionnaire 22 novembre 2013 18:50, par Michel Guironnet

      Bonsoir,

      Merci pour votre message.

      Il y aurait à faire, par région, une compilation de tous ces prêtres ; jureurs ou non ; pour essayer de comprendre ce qui motive leur engagement "révolutionnaire" ou leur opposition.

      Ce n’est peut être, après tout, qu’une façon pour eux de vivre la réalité de leur foi dans cette nouvelle façon d’exercer leur sacerdoce ; et non une attitude "politique"

      Mais méfions nous des jugements rapides, faits après coup, en sachant le déroulement de l’histoire...et surtout, nous ne sommes ni dans leurs têtes ni dans leurs coeurs !!!

      Cordialement.
      Michel Guironnet

      Répondre à ce message

  • > L’histoire de Jean-François Albert, curé révolutionnaire 30 janvier 2005 17:13, par Nicole BELGRAND

    A CHASSIEU nous trouvons Antoine DUMONT comme curé sous la révolution puis à l’état civil comme ex-curé, sa nièce Marie BIGNON est mariée à Joseph Pierre PETREQUIN qui joue un rôle important sous la révolution et devient Maire.
    L’avez-vous rencontré ?
    Merci de m’informer
    Nicole BELGRAND

    Répondre à ce message

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