L’aqueduc d’Arcueil
- L’aqueduc d’Arcueil vers 1900
Le bec de gaz d’éclairage de la rue [1], incitait à veiller tard et à fréquenter le bar de l’Aqueduc qui servait la « boisson nationale » de l’époque [2], en particulier celle vantée par la publicité murale : l’« oxygénée » de Cusenier, une absinthe [3] citronnée, douce et anisée. Les « couche-tard » rentraient chez eux, titubant, s’accrochant au réverbère qui pliait sous leur poids, fissurant et arrachant la conduite de gaz. C’est ainsi que celui de la photo fut fabriqué en fonte solide et résistante [4]. Mais n’est il pas déjà trop tard car l’électricité arrive [5], distribuée par les fils aériens accrochés aux isolateurs à tige verticale, portant ces sortes de « pipes » en porcelaine, qui servaient si souvent de cibles aux jeunes tireurs à la fronde.
La maison bourgeoise, derrière son mur protecteur, existe toujours en 2006, bien qu’une rue ait franchi son portail et traversé le parc d’alors pour devenir l’avenue des Aqueducs.
L’arche de passage vers Cachan, élargie et doublée, favorise les flux de circulation automobile. Le bar de l’Aqueduc est toujours surmonté de ses deux chiens-assis dans un univers curieusement plus impressionnant aujourd’hui, tant les aqueducs sont mis en valeur par l’élargissement de l’espace urbain, à cent ans d’intervalle.
- Les aqueducs en 2006
Arcueil (Arcaloï, autrefois), tire son nom d’un aqueduc romain, construit au III è siècle, dont un vestige subsiste encore aujourd’hui.
Toutefois, l’aqueduc d’Arcueil, tel que nous pouvons le voir en ce début de XXIè siècle, combine deux ouvrages distincts.
Au premier niveau, l’« aqueduc Médicis », doit son nom à Marie, veuve de Henri IV, qui reprit à son compte le projet de Sully de restaurer la conduite gallo-romaine. La première pierre fut posée par Louis XIII, alors âgé de 12 ans, le 17 juillet 1613.
La partie supérieure, dite « aqueduc de la Vanne », fut conçue et réalisée à la fin du XIX è siècle [6], par l’ingénieur Eugène Belgrand, avec le soutien du Préfet de la Seine, le baron Haussmann, pour alimenter Paris en eau potable provenant de la Vanne, rivière de l’Aube, qui prend sa source à 14 km de Troyes.
77 arches, 980 mètres pour traverser la vallée de la Bièvre dans sa partie la plus étroite et 41 mètres de haut pour cet imposant édifice frontière entre Arcueil et Cachan.
Arcueil,
le 14 septembre 2006
Texte, image numérique 2006 et carte postale ancienne