- Brueghel le Jeune. Le cabinet d’un procureur.
Une dernière (?) étape l’a mené Parc de Bellevue à Yzeure, siège des Archives départementales de l’Allier [2].
Là, faisant suite si efficacement à ma requête, il a été retrouvé, sorti de sa boîte. Un à un, ses feuillets jaunis, recroquevillés, les coins et bords noircis par la poussière, ont revu brièvement le jour et une brutale mais salvatrice intrusion : l’éclair du scanner. Toute ma gratitude va à cette chaîne de gardiens vigilants et en particulier à son dernier maillon. Grâce à eux, je peux me rapprocher de quelques ancêtres et cousins perdus de vue.
Nous sommes au matin froid du 31 janvier 1776. Il y a à peine plus de dix ans, Ferrières, paroisse au cœur de la Montagne bourbonnaise, a été déchirée par une terrible tragédie : « l’Affaire des Pions » [3]. Les plaies sont encore à vif et l’émotion va être à nouveau exacerbée.
Le cadavre, dépouillé de ses hardes, enveloppé d’un linceul, a été déposé par Louis Petoton, geôlier de justice, sur la pierre ordinaire, à l’entrée du cimetière. Vue l’ordonnance délivrée la veille par Jacques Reignier, châtelain-juge de la châtellenie de Ferrières, le sieur curé s’apprête à procéder à l’inhumation.
Deux jours auparavant, c’était dimanche, jour du Seigneur. Les corps allaient pouvoir se délasser et les cœurs se réjouir. Chez Pion, village à l’écart du bourg, les valides, comme il se doit, se préparent pour se rendre à l’église. Comme tous, le Claude, fils de Claude, a sorti ses vêtements de fête. Pour le distinguer de son père et de trois de ses frères également baptisés Claude, on lui a donné, allez savoir pourquoi, le surnom d’Officier ! Bègue de nature, cette particularité est parfois rappelée pour l’identifier précisément : Claude Mondière le Bègue, dit l’Officier. C’est par ailleurs un bon vivant. Il fait la route, je devrais dire le chemin, avec son beau-frère André Basmaison [4], charron comme lui, et Mary Riboulet, le joueur de musette. Avant d’aller entendre la messe vers onze heures, le trio fait une halte au cabaret de Claude Rongère, le temps de se réchauffer un peu en buvant juste la moitié d’une bouteille. Ils ont le projet d’y revenir pour déjeuner et faire la fête avec quelques parents et amis. Voilà que s’ouvre une belle journée festive !
L’année suivante, le 7 juillet 1777, 9 heures du matin. Le soleil est déjà chaud, mais il fait frais dans la Chambre criminelle de la Châtellenie de Ferrières, présidée par Jacques Reignier, châtelain-juge. Le magistrat fait signe à son greffier Augustin Quesson Duthérin : faites entrer l’accusé ! C’est le geôlier des prisons Louis Petoton qui l’a amené.
« Requis et reçu le serment de dire et répondre vérité, Interogé de ses noms, surnom, âge, qualité et demeure, a dit qu’il s’appelle Claude Mondière, que le nom Officier qu’on lui donne vulgairement est un surnom, qu’il est âgé d’environ 27 ans, qu’il est charron de son métier et qu’il demeure au village Pion de cette paroisse de Ferrières. »
C’est bien notre Claude qui se trouve dans cette triste situation … accusé d’homicide ! Depuis dix-huit mois, il est maintenu sur la paille peu accueillante d’un cachot de Ferrières.
L’exécution d’un décret de prise de corps décerné contre lui par Monsieur le châtelain-juge de Ferrières, a fait l’objet d’un procès-verbal de capture le 27 février 1776.
« nous aurions en consequ’ence saisie et apréandé au corp, constituez prisonnier ycelle prison de Ferrières en Bourbonnois, environ les onze heures du matin, la personne de Claude Mondière Le Bègue dit l’Officier acusé domicide, fils d’autre Claude Mondière dem[euran]t au village Pion paroisse de Ferrière et par la main forte dont j’ai ut besoin pour cest effet, j’ai requis par ordre du roy, le nommé Simon Javanel sergent de la ditte justice et le nommée Louis Petoton Garde à Monsieur Douet [5] Seigneur de la ditte terre. Lesqu’elles ci sont conformée »
« Luy avonts trouvez un couteau a manche de corne fermé et fermant, un papier contenant route de Clermont à Rochefort, de Rochefort a La Tour, de Latour a Saint Donnat [ …] deux écû de trois livre et une pièce de vingt quatre sols ; fésant celle de sept livres quatre, plus une bandoüillière espèce drap bleu hornée de trois fleurs de lis semblan a celle des ferme du Roy et aussi un mouchoir de cou soye rouge et ses jartière de laine. »
« du tout jai laissé en main du dit Louis Petoton geolier concierge d’ycelle prison de Ferrrière [ …] et avons signé le chevalier de Berthet exempt, Javanel et Petoton. »
Pour procéder à la recherche et arrestation de Claude, Gilbert de Berthet, brigadier de Maréchaussée avec le brevet d’exempt, n’est pas venu seul de sa résidence à Cusset, mais accompagné des trois cavaliers composant sa brigade.
Ils reviendront pour une seconde perquisition et solliciteront le versement de trente-trois livres « pour le sept février 1776, y avoir employé deux journées, distance de Cusset six lieux et le 1er avril la dites année autre deux journées. « [ …] Monsieur il vous plaise ordonner la taxe [ …] la dépanse montant a celle de trente trois livres »
Est-ce un effet de l’extrême courtoisie qui clôt le mémoire :
« les soussignée ne cesseront d adresser leurs vœux pour la santé et prospérité, conservation de vos précieux jours. » ?
Généreux, le destinataire châtelain-juge leur fait verser quarante-six livres, tandis que Simon Javanel et Louis Petoton en recevront trois. C’est le receveur du Seigneur de séant qui est prié d ’exécuter le paiement.
Si le malheureux « pailleux » a pu survivre à sa longue incarcération, il le doit à la solidarité de ses proches qui ont répondu aux exigences de son geôlier chargé de le nourrir et soigner. Après avoir décliné son identité, un peu tremblant, la fraîcheur de la salle n’est pas en cause, il fait face aux questions du juge.
« Interogé ou il etais le dimanche vingt huitième jours du mois de janvier mil sept cent soixante et saize »
« a dit qu’il vint le dit jour [ …] entendre la messe en ce bourg avec Mary Riboulet joueur de muzette et André Basmaison qu’ils n’eurent que le temps de boire environ moitié d’une bouteille de vin au cabaret de Claude Rongère avant ouir la messe et qu’après la messe ils retournèrent au cabaret du dit Claude Rongère ou il dinat avec le dit Mary Riboulet son joueur de muzette, le dit André Basmaison, autre Claude Mondière et Joseph Mondière ses deux autres frères, Claude Basmaison et le dit Claude Rongère cabaretier et un nommé Darbaud »
« Interogé a quoi il s’occupat après avoir diné dans le cabaret du dit Claude Rongère jusqu’à six heures et demy du soir »
« a dit qu’il y avait quelques femmes de ces parents a qui il donnait une petite feste qu’après les avoir fait d’ensser les dittes femmes et filles se retirèrent et et lui Interogé continua de boire et danser avec sa compagnie tout le reste du soir du dit jour »
- Le joueur de musette. François Langlois dit de Chartres.
Interogé sil ne s’aperçut pas d’un autre galat ou feste de fiansaille qui se donnait le même jour vingt huit janvier mil sept cent soixante et saize dans le cabaret de Claude Dulignier cabaretier du même bourg de Ferrière qui joint celuy du dit Claude Rongère et qui même nest séparé que par une establerie ? » « a dit que le même jour il ouit la moizette dans le cabaret du dit Dulignier [ …] à l’occasion des fiansailles de Claude Fradin laboureur du village Bèchemore même paroisse de Ferrière »
« Interogé sil ne prit point de bruit avec le dit Claude Fradin et ces conviés ? » « a dit qu’entre les six a sept heures du même jour le dit Claude Fradin Lainé [6] et autre Claude Fradin Le Jeune son frere vinrent de leur cabaret de Claude Dulignier dans celuy du dit Claude Rongère […] » « le dit Claude Rongère leurs dit « sortés de chez moy » et ayans pris la pelle de son feux il dit a luy Claude Mondière et a sa compagnie « aidés moy à mettre ces gens dehors » et effectivement ils les fit sortir et sortis avec eux, que la femme de Claude Rongère osta a son mary la pelle du feux quil tenait et luy Claude Mondière dit l’Officier osta la même pelle de feu à la ditte femme du dit Claude Rongère et se mit au près du feux pour se chaufer avec Mary Riboulet son joueur de muzette apres avoir remis la pelle a sa place »
« Interogé sil ne fut pas du cabaret du dit Claude Rongère en celuy de Josephe Pouzeratte cabaretier du dit bourg de Ferrière ayan une pelle de fer sous son habit et un gros baton a la main, environ six heures du soir, » « a dit quil fut effectivement le dit jour a six heures du soir du cabaret du dit Claude Rongère en celuy de Josephe Pouzeratte cabaretier du dit bourg et quil avait a sa main la même pelle de fer du feu du dit Claude Rongère mais quil navait point de baton »
« Interogé sil ne se retourna pas du cabaret du dit Josephe Pouzeratte en celuy du dit Claude Rongère dans le même moment » « a dit quil cest rentourné effectivement dans le cabaret du dit Claude Rongère en sortant de celuy du dit Pouzeratte dans le même moment avec Claude Rongère et Jacques Bigay »
« Interogé sil en retour au cabaret du dit Claude Rongère il na pas encore eut du bruit avec le dit Claude Fradin et autre Claude Fradin et leurs conviés ? « a dit que non »
« Interogé si ayant du bruit avec les dits Fradins il n’est pas sorti devan le cabaret du dit Claude Rongère ? » « a dit que non quil na pas eu du bruit une seconde fois avec les dits Fradin et leurs compagnie et quil n’est pas sortit devans la porte du dit Claude Rongère, mais seulement jusqu’au seuil de la porte »
« Interogé sil na pas connus dans le nombre des convié du dit Claude Fradin Elie Mazelier laboureur du vilage Pacaud paroisse de La Chaux sur Ris qui était devant la porte du dit Claude Dulignier, à peu de distance de la porte du dit Claude Rongère, le même jour le même soir a la même heure de six et demy ? » « a dit quil a connu le dit Elie Mazelier laboureur du vilage Pacaud paroisse de La Chaux sur Ris mais que le même jour et a la même heure du soir ny autre heure du jour il n’a pas vu le dit Elie Mazelier »
« Interogé si le dit jour vingt huit janvier mil sept cent soixante et saize environ la même heure il na pas tiré un coup de pierre sur lassemblé du dit Claude Fradin qui etait devant la porte du dit Claude Dulignier cabaretier de laquelle pierre le dit Elie Mazelier a été frapé a la teste et en est décédé le landemain vingt neuf janvier ? » « a dit ne point avoir tiré de pierre audit Elie Mazelier le dit jour, a la ditte heure, n’y autre et par consequent qu’il nest pas cause de sa mort, quil est resté au cabaret du dit Claude Rongère jusqu’au moment quil s’en est retiré avec sa compagnie et na apris la mort du dit Elie Mazelier que quelques jours après et quil ne cait point la cause de la mort. »
« a luy remontré quil ne dit pas la vérité puisque l’état du dit Elie Mazelier au vilage Pilard paroisse de Ferrières a un quart de lieu du bourg a été publié la même nuit du vingt huit au vingt neuf janvier mil sept cent soixante et saize dans le dit bourg de Ferrière avant minuit ? » « a dit quil a dit la vérité quil na point seu la mort du dit Elie Mazelier que quelques jours après et nen na point seu la cause. »
- Carte Cassini
« Représenté au dit Claude Mondière, l habit, gilet, culote, bas et chapeau dont était vetus le dit Elie Mazelier et dépausé en nôtre greffe lors de la visitte de son cadavre le trente janvier mil sept cent soixante et seize et la pierre dont il a été frapé devant la porte du dit Claude Dulignier le vingt huit du même mois laquelle a été aussy dépausée en notre greffe et cachestée du seaux de cette justice en sire rouge avec une bande de papier et interogé sil reconnaît les dittes hardes estre celles dont était vetus le dit Elie Mazelier le dit jour vingt huit janvier mil sept cent soixante et saize et sil reconnaît la ditte pierre estre celle dont a été frapé le dit jour le dit Elie Mazelier ? »
« a dit quil ne connait point les dittes hardes nayant point vu le dit Elie Mazelier le dit jour vingt huit janvier ny quil ne reconnaît point non plus la ditte pierre en nayant point tiré et ne sachant qui la luy a tiré. »
« Interogé sil veut prendre droit aux charges et informations et s’il veut sen tenir a ce que les temoins on depausés » « a dit que non quil ne veut point sen tenir a ce que les temoins ont dépausé. »
« Lecture a luy faite du present interogatoire a dit que toutes ces reponses contiennent vérité y a percistés et a déclaré ne scavoir ecrire ny signer de ce interpellé ».
Le cadavre exposé à l’entrée du cimetière de Ferrières avant son inhumation avait donc été rapidement identifié comme celui d’Elie Mazelier, laboureur métayer de Lachaux. Blessé et tentant de regagner son foyer, il s’était effondré, à mi-chemin, au village Pacaud de Ferrières.
- A.D.03 BMS Ferrières-sur-Sichon 1771-1792
Hélas ! Hélas ! Hélas ! « Deux déménagements valent un incendie. » L’adage se vérifiait !
« et a été l’accusés …. ??? ». Le procès-verbal se termine sur cette annonce de sentence. Disparus les feuillets suivants qui nous auraient peut-être rassurés sur le sort de notre Claude.
A quel usage trivial ont-ils été employés ? Grignotés, moisis, auraient-ils été balayés, vendus au poids à quelque chiffonnier itinérant ?
Un espoir subsiste : peut-être un jour, un nouvel inventaire les fera surgir d’un autre sac où ils auraient été mêlés !
Toute notre réelle compassion se tourne vers la famille du malheureux Elie [7], mais une injuste condamnation ne lui rendrait pas la vie.
On ne peut que s’interroger sur les circonstances exactes de son décès.
Impartiaux et dignes de foi les témoins ?
On a cru percevoir, ça et là, quelques menues tensions, voire un peu d’animosité fébrile tournant à l’hostilité quasi générale. A six heures et demie du soir en janvier, on n’y voit plus guère dans le bourg. A la fin d’une journée, disons-le, particulièrement animée, l’acuité visuelle de chacun n’était-elle pas affectée par la fatigue, voire par quelques libations frisant l’excès ?
La pierre, arme par destination, opportunément et si soigneusement mise sous scellés, a certainement été soupesée, la vigueur du bras évaluée, la distance appréciée, comme a été lu attentivement le procès-verbal d’autopsie et ont été entendus les témoins.
André le beau-frère et les autres conviés de Claude ont-ils pu faire entendre leurs voix ?
Cette pierre ? Un inoffensif caillou parmi d’autres ramassés et lancés par plusieurs, et d’ailleurs en riposte, mais sans force, machinalement, comme pour écarter un chien grognon.
Dans sa grande mais peut-être rude sagesse, dura lex sed lex, le tribunal aura tranché. Quel sort a-t-il réservé au présumé coupable ? Relaxe faute de preuves, circonstances atténuantes, requalification en blessure involontaire ayant entraîné la mort ou bien confirmation de la terrible accusation d’homicide !?
Penchant pour la clémence, je crains cependant que mon avis n’ait pas été partagé. L’inquiétude me gagne.
J’entreprends sans tarder la recherche de traces de vie … mais d’abord de mort.
« Rien de plus certain que la mort, rien de plus incertain que son heure ».
L’indiscutable sentence ne m’est pas d’un grand secours et c’est en vain que je scrute les registres mortuaires de la paroisse puis commune de Ferrières.
Les mauvaises nouvelles se succèdent, je découvre les décès, toujours prématurés, de ses frères Gilbert, Simon, Joseph, Claude, de sa sœur Marie et aussi d’André son beau-frère préféré qui a quitté ce monde le 4 nivôse an VII [8].
Quant à son père, il est décédé dix ans après le jugement.
Ils ont rejoint leur dernière demeure sans que la présence de leur frère, beau-frère ou fils ne soit signalée.
Mon inquiétude grandit, aiguillonnée par cette autre sentence que me soufflait ma grand-mère : « Vas où tu veux, meurs où tu dois ! ».
Je crains le pire.
Dans des circonstances comparables, Claude a vu ses voisines Marie et Antoinette Barraud condamnées à être pendues et étranglées, certes par contumace, mais c’est bel et bien et haut et court, qu’ont été pendus trois de ses voisins et un quatrième envoyé aux galères ! [9] Localement, la faucheuse occupe un rôle actif de premier plan chez les auxiliaires de justice !
Pessimiste puisque optimiste lucide, sans grand espoir, je quête cette fois un signe de vie. Recherches arides, allant du rêve le plus fou : Claude libéré convole, au son de la musette, entouré des siens, … à l’abattement profond : il est mort, au service du roi, rivé à sa chaîne, et nous n’en saurons rien.
Vingt-sept ans se sont écoulés depuis le jour funeste.
Le nouveau siècle a 3 ans, la République française en compte XI.
Une publication de bans va m’arracher à la morosité qui m’avait envahi et le 2 ventôse, je me rends au mariage d’une mienne cousine Vallard, la jeune Françoise. Elle épouse Claude Basmaison, fils du défunt André que nous connaissons bien !
A la fin de la cérémonie, le premier témoin s’avance et une brutale émotion me saisit : Il est vivant ! Je vais pouvoir le serrer dans mes bras : c’est Claude dit l’Officier ! Le brave tonton est venu assister son neveu, en mémoire de l’amitié qui le liait à son père.
Hélas, il n’est qu’une ombre et Le Bègue est définitivement muet. Il ne me confiera rien. Le verdict lui-a-t-il été pleinement favorable ? Est-il toujours garçon ? Que lui est-il advenu au cours de ces dernières années ? Je note quand même avec satisfaction que, comme les autres témoins, il est dit propriétaire. L’éventuelle condamnation ne l’a donc pas définitivement ruiné par la saisie de tous ses biens.
Charron, habitant toujours Chez Pion, a-t-il repris le chemin de son moulin à bois au bord de la Besbre ou du Chisson [10] ? A-t-il mené à bien l’expédition qu’il préparait de Clermont à St Donnat ? Une livraison ? Vais-je découvrir la terre sacrée où ses proches ont ménagé sa dernière demeure ? Un fin limier, une fine limière [11], de La Gazette me porteront-ils une nouvelle fois assistance ?
Malgré l’issue tragique de cette journée, je suis très reconnaissant à mes ancêtres pour m’avoir permis de vivre avec eux un beau dimanche d’hiver. Loin du parfois morne relevé des enchaînement de générations, j’ai pu les suivre, les observer avec bienveillance, partager un moment d’insouciance et de gaîté. Ils sont vivants, ils dansent. Sonne la musette, claquent les sabots, s’envolent les rires. J’ai souri en voyant le Claude faire le faraud avec son foulard de soie rouge sur sa veste bleue fleurdelisée… empruntée à un fermier du roi ? Il va de l’un à l’autre de ses conviés : bien sûr, ils trinquent ! Sans répit, il relance son joueur de musette et fait danser les femmes et ses parentes. Il va tisonner le feu et trinquer encore gaiement, son petit gala est si bien réussi !
Pourquoi diable ceux de Bèchemore sont-ils venus faire du bruit et gâcher la fête ?