Voici les informations en ma possession :
La famille Genonceaux :
Léon Constantin Joseph Genonceaux :
Il s’installe très jeune dans la région bruxelloise où il serait éditeur mais doit revenir plusieurs fois, suivant le registre de population de Couvin, se domicilier chez ses parents à Couvin. J’ignore le motif de ces allées et venues. Est-ce lui qui fait venir son frère à Bruxelles en 1879 avant de quitter Bruxelles pour Paris en 1880 ? Il y est employé d’un éditeur, le peu scrupuleux Edouard Monnier, installé Place des Vosges. Ses patrons se renouvellent fréquemment. Huit ans après, en 1887, l’éditeur Brossier s’installe 3, rue Saint-Benoît, à l’enseigne de la Librairie Française, mais au début de 1890 il est condamné pour outrage aux bonnes mœurs.
Léon Constantin Genonceaux prend alors sa succession. Sous sa marque, un hérault avec la devise « Je Nonce Hault », paraissent des ouvrages au titre alléchant (Paris-cocu de Ch. Virmaître, Le Livre d’amour d’Armand Silvestre, Le Vice à Paris de Pierre Delcourt) ou, plus sérieux, La Bièvre de Huysmans. Mais son titre de gloire est bien d’avoir publié Les Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont en 1890 et Le Reliquaire, poésies de Rimbaud, en 1891.
Les exemplaires du Reliquaire sont saisis par décision judiciaire le 12 novembre 1891 ; la série d’ouvrages publiés ont fait considérer Genonceaux comme le premier éditeur pornographique parisien de la fin du 19e siècle. Prévoyant une condamnation pour outrage aux bonnes mœurs [effectivement intervenue le 12 janvier 1892, de 13 mois d’emprisonnement et 3 000 francs (de l’époque) d’amende], Genonceaux abandonne sa maison d’édition à la fin de 1891 et se réfugie à Londres, au 30 Store Street où il publie en juin 1892 « les inédits recueillis à Londres », suite d’un premier fascicule publié à Paris avant sa fuite.
Comment s’est terminée cette condamnation ? C’est la question que je me pose.
A-t-il réglé son amende et effectué sa peine de prison ? Ou y a-t-il eu une révision du procès ? Une chose est sûre : tout est réglé pour le 8 avril 1902, jour où Genonceaux se marie à la mairie du 5e arrondissement avec Elise Guionnet née le 20 décembre 1871 à 16600-Ruelle sur Touvre. Il est alors directeur de la Librairie Internationale, qui redevient la Librairie Française jusqu’en 1903. J’ignore pourquoi Genonceaux abandonne alors l’édition pour devenir marchand d’autographes. Je perds sa trace en 1905 ; est-il encore à Paris ? Y a-t-il des enfants ? De quoi vit-il ? Quelles sont ses activités ?
Je le retrouve en janvier 1921 : il militait alors (depuis 15 ans ?) avec Paul Dechanel pour la réalisation d’un tunnel ferroviaire sous la Manche pour relier France et Angleterre ! Il était en relation avec un comité de 300 membres à la Chambre de Communes, mené par Lord Derby et Lloyd George. Il a aussi introduit auprès de la ville de Paris une pétition relative aux employés auxiliaires âgés de plus de 60 ans. S’était-il lancé dans la politique ? Avait-il alors renoncé à sa nationalité belge ? Il habitait au 39, rue de Jussieu, Paris 5e. Est-il possible de consulter les listes de recensement de moins de 100 ans, ou de moins de 80 ans ? pas à la mairie suivant réponse reçue de leur part…
Arthur Clément Joseph Genonceaux :
Il s’est marié le 27 avril 1899 à Spy en Belgique avec Valérie BLAIRON, née le 26 mai 1868 à Bruxelles. Le couple a eu 3 enfants :
• Germaine Maximilienne née le 18 janvier 1900 à Labuissière et mariée à Paris le 15 janvier 1925.
• Maximilien Emmanuel né le 20 mars 1901 à Couvin et décédé en 1906.
• Renée Emilie Clémentine née le 9 juillet 1902 à Anderlecht.
Je pense l’avoir retrouvé dans 2 articles de journaux [Le journal de Paris édition du 2 mars 1925 et Le XIXe siècle du 3 mars 1905] consacrés à l’arrestation d’un escroc de haut vol :
« La justice belge recherchait depuis plusieurs mois un escroc de marque, Arthur Joseph Genonceaux, qui avait extorqué à de nombreux dupés des sommes dont le total dépassait 100 000 francs. L’aventurier ne restreignait point son champ d’action à la Belgique. Paris, la province et les grandes villes de l’étranger étaient exploitées par lui. Voici quel était son procédé :
Agé de 35 ans à peine, d’allures distinguées, il se présentait chez des capitalistes, en se donnant tantôt comme comte de Nydpruck, tantôt comme chevalier, commis du duc de Staumont, ancien directeur de sociétés financières. Parfois encore il s’adressait à des joailliers ou des orfèvres. Et il sollicitait soit une avance de fonds soit la livraison à crédit d’une certaine quantité de bijoux.
Comme garanti de sa solvabilité, le pseudo-gentilhomme offrait une délégation sur un dépôt de 10.200.000 francs, reliquat de l’héritage de son frère, dont le séquestre était un notaire très honorable demeurant à Bruxelles.
Or Genonceaux avait une maîtresse qui portait à tort ou à raison le même nom que le notaire, et demeurait à Bruxelles dans la même rue, à une ou deux maisons d’intervalle.
Cette femme se faisait remettre les lettres adressées à son homonyme et voisin et qui contenaient des demandes de renseignements concernant le comte de Nydpruck et sa situation de fortune.
Inutile d’ajouter que la jeune femme envoyait aussitôt une réponse favorable et que son amant jouissait ainsi d’un crédit illimité.
Genonceaux vient d’être arrêté à Strasbourg où il était en train de commettre une nouvelle escroquerie et où il s’était approprié le titre de comte d’Oultremont.
Mr Roy, commissaire de police aux délégations judiciaires, a reçu de divers parquets des commissions rogatoires à l’effet d’entendre les victimes de ce maître escroc. Le magistrat devra consacrer plusieurs journées à cette besogne. »
Comment s’est terminée cette affaire ? Y a-t-il eu condamnation ? Amende ? Peine de prison ?
C’est la question que je me pose. Une chose est sûre : j’ai un « trou » dans la vie de Arthur Clément Genonceaux entre 1902 et 1923. Est-ce parce qu’il était en prison en France suite à une condamnation (laquelle ? quand ? où ?) consécutive à son arrestation en mars 1905 ?
Je n’ai pas trouvé trace du divorce du couple ou du décès éventuel de l’épouse. Mais Arthur Clément Joseph se remarie le 4 avril 1923 à Ixelles avec la baronne Eve Elodie Anne de BOSCH qui demandera et obtiendra le divorce moins d’un an après. Avait elle appris le passé de son époux ? Connaître les suites de l’arrestation serait sans doute très instructif…