À son mariage, un de mes ancêtres, Isaïe RIPEAU, est déclaré né de parents inconnus. On lui attribue le nom de famille ENCORE. Ses trois premiers enfants porteront également ce patronyme. Ses enfants suivants portent le nom de RIPEAU, et lui-même est identifiée comme Isaïe RIPEAU à l’occasion de leur baptême. Il en va de même lors des recensements : Isaïe et sa famille portent désormais le nom de RIPEAU et parfois de RIPEAU GRONDINES (nom de la Seigneurie où Isaïe est né).
Ma question est la suivante : est-ce que le patronyme ENCORE pour désigner un enfant né de parents inconnus est en usage en France, et si oui, est-il fréquent ?
Pour ma part, je n’en ai trouvé aucun autre au Québec. Je m’interroge donc sur l’origine de cet emploi. J’ai une deuxième question concernant ce mariage, si je puis me permettre. L’acte de mariage est rédigé comme suit :
« Le vingt-neuf avril de l’an mille huit cent cinq, après la publication de trois bans de mariage faite au prône des messes paroissiales par trois dimanches consécutifs entre Isaï ENCORE majeur et de parents inconnus cette paroisse d’une part, et Rose LECUYER mineure, fille de Joseph Lecuyer habitant du lieu et d’Elisabeth Hamelin, dit Pagnol épouse et mère aussi de cette paroisse d’autre part, ne s’étant trouvé aucun empêchement canonique ni civil au dit mariage nous soussigné prêtre curé de St-Charles des Grondines avons reçu avec l’agrément des parents leur mutuel consentement de mariage par paroles de présents et leur avons donné la bénédiction nuptiale selon la forme présente par Églyse notre Ste Mère en présence de Michel Sauvageaux et de Charles Pereault témoins de l’époux, de Joseph Lecuyer père de l’épouse et de Joseph Lecuyer son frère et de Gabriel Garneaux son témoin lesquels ont déclaré ne pas savoir signer ainsi que l’époux et l’épouse de ce requis suivant l’ordonnance lecture faite. »
La mention « aucun empêchement canonique ni civil » est inhabituelle pour l’époque, du moins au Québec. On retrouve plutôt la mention « ne s’étant trouvé aucun empêchement » sans qualificatif additionnel. Je présume qu’il y a un lien entre cette mention et les origines obscures de sa naissance.
Selon divers documents, on pense qu’Isaïe était un enfant RIPEAU, non reconnu à sa naissance. Cet état était probablement connu, à tout le moins soupçonné, dans le village. Or, s’il est un RIPEAU, il a une arrière-grand-mère commune avec sa future épouse. Le droit canon de l’époque interdit les mariages consanguins jusqu’au 4e degré. Par ailleurs, sa future épouse est mineure et accouchera d’un fils, deux semaines après le mariage. Le curé aurait-il décidé d’ignorer le lien consanguin pour permettre la naissance d’un enfant légitime ?
Le 15 mai suivant le mariage est baptisé Isai ENCORE, leur fils.
Le 12 février 1807, naissance de leur fille Marie Julienne ENCORE.
Le 23 juin 1810, naissance d’un fils, François ENCORE.
Changement de nom :
Le 8 décembre 1817, baptême de Marie Adélaide RIPEAU, fille du couple :
« Aujourd’hui huit décembre mil-huit-cent-dix-sept, nous prêtre soussigné avons baptisé Marie Adelaide fille d’Isaïe Ripeau cultivateur domicilié en cette paroisse et de Rosalie Lécuyer son épouse légitime ; le parrain a été Paul Paquin et la marraine Marie De Saintes qui, ainsi que le père, ont déclaré ne savoir signer. »
Le 25 septembre 1820, baptême de Marie Eléonore RIPEAU, fille du couple
Le 22 avril 1823, naissance de Marcelline RIPEAU, fille du couple
Au recensement du Bas-Canada de 1837, inscription de Isaïe RIPEAU, cultivateur et censitaire.
Ajout de nom :
Le 27 août 1839, mariage d’Isaïe RIPEAU GRONDINES avec Marie Adelaide HAMELIN :
« Le vingt-sept août mil-huit-cent-trente-neuf, après la publication de trois bans de mariage faite aux prônes de nos messes paroissiales, entre Isaïe RIPEAU GRONDINES, cultivateur fils majeur d’Isaïe RIPEAU GRONDINES aussi cultivateur et de Rosalie LECUYER aussi de cette paroisse d’une part, et Marie Adélaide HAMELIN fille majeure de Louis HAMELIN cultivateur et de Archange TROTTIER aussi de cette paroisse d’autre part, ne s’étant trouvé aucun empêchement nous prêtre curé soussigné avons reçu leur mutuel consentement au mariage et leur avons donné la bénédiction nuptiale en présence de Louis HAMELIN, de Antoine TROTTIER, de Joseph LECUYER, d’Olivier Onésime DESILETS et de plusieurs autres les uns ayant signé les autres ayant déclaré ne pas savoir signer. »
Se peut-il que le nom ENCORE ait été attribué par le curé au moment de la rédaction de l’acte de mariage ?