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En 1762, une bien curieuse et fatale césarienne

Le jeudi 24 novembre 2011, par Michel Patte, Thierry Sabot

La lecture des actes anciens rédigés par les curés réserve bien des surprises. Tel celui transcrit ci-après, daté de juin 1762 paroisse de Chartrettes en Seine et Marne, où il faut attendre les dernières lignes pour en connaître exactement l’objet :

On apprend ainsi qu’une césarienne a été réalisée post mortem, l’enfant ondoyé, et que sans signe de vie, il a été replacé dans le ventre de feue la mère avant son inhumation.

Je curé de Chartrettes, soussigné certifie que le vingt trois du présent mois de juin je me suis transporté en lhotel de monsieur le président de La Fourelle pour y donner les secours de mon ministerre à Madame Marie Louise de Rochefour son épouse que j’ay trouvé agonisante sur les sept heures du soir, que la maladie augmentant et la souffrance se trouvant au moment de rendre le dernier soupir, j’ai été requis de la part de monsieur Bureau et du Sr Fauchon chirurgien à Melun de rester dans la chambre de la malade pour être témoin de l’ouverture que l’on en allait faire et ondoyer son enfant.

Je certifie que je l’ay ondoyé sous conditions en ces termes - si vivis ego te baptiso in nomine patris et croyant qu’il pouvait vivre sans avoir la force de me le prouver par quelques signes ; en foy de quoy j’ay signé le présent acte.

Franc curé

Je certifie de surplus que l’enfant dont il est fait mention dans l’acte précédent après avoir été ondoyé sous conditions a été remis dans le corps de sa mère qui a été inhumée ce jourd’huy vingt quatre juin 1762.

Franc curé

Registre de Chartrettres (77), 5Mi 774 1737-1769, vues 160-161/214.

Note : Selon son acte de décès rédigé le 23 juin 1762, Marie Louise Catherine Alexandre de Faoug de Rochefort était âgée de 29 ans. Elle était l’épouse de messire Baptiste Joseph Langlois de la Fourelle conseiller au Parlement de Paris et Président en la Chambre des Comptes.

Comme l’écrit l’historienne Mireille Laget (in Naissances, l’accouchement avant l’âge de la clinique), « en France, aucun texte officiel n’impose la césarienne, (...) mais lorsqu’il n’y a plus d’espoir pour la mère, c’est un devoir vis-à-vis de l’enfant que de lui donner ses chances ». C’est sans doute ainsi qu’il faut comprendre l’intervention du chirurgien pour extraire l’enfant du ventre de sa malheureuse mère. De plus, comme le précise Mireille Laget, le praticien se trouve confronté à un dilemme : « c’est à lui de prendre ses responsabilités dans ces moments difficiles, de décider à quelle minute il intervient, de convaincre l’entourage ». En ouvrant le ventre, ne va-t-il pas tuer la mère et peut-être même l’enfant ? La présence obligatoire du prêtre s’explique, elle, par l’urgence de donner au fœtus le sacrement libérateur ; « quelques minutes de vie matérielle lui permettront, homme baptisé, d’accéder à la vie éternelle ».

On note avec curiosité la pratique qui consiste à remettre l’enfant mort dans le ventre maternel, sans doute pour ne pas séparer dans l’au-delà la mère et le fruit de ses entrailles.

Lire l’avis des premiers lecteurs

Cet ouvrage, étude inédite, se propose de vous faire découvrir quelques-unes de ces mentions insolites et de vous en montrer la richesse historique et généalogique. Il répond à bien des questions au sujet de ces textes insolites qui parsèment les registres paroissiaux : Pourquoi certains curés notent des mentions insolites ? Que nous apprennent-elles sur la vie quotidienne de nos ancêtres ? Comment repérer, déchiffrer, transcrire et commenter ces témoignages du passé ? Comment les utiliser pour compléter notre généalogie et l’histoire de notre famille ou de notre village ?

Il s’agit du premier numéro de Théma, la nouvelle collection d’histoire et de généalogie.

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7 Messages

  • En 1659, une bien curieuse et fatale césarienne 9 mars 2013 10:11, par SIMON CHAUTEMPS Noël

    archives notariales : 4B 1019, livre de raison de Me Nicolas DIDON : Le 23e 7bre 1659 Jeannette FATHET MARIAZ ma tres chere fem(m)e apres avoir pasfy et travaillié jour et nuit au mal de l’enfant dès l’heure de midy du jour 16e du dit mois jusquez au dit jour 23 sans avoir heu aulcun repos parut en fin le bras droict de l’enfant qu’elle portoit et le restedu corps n’ayant peu sortir et icelle estant preste de rendre l’ame j’envoyas expres au Bourg (St Maurice) vers GARAND barbier qui apres avoir faict endurer beaucoup à icelle couppat ledit bras qui parroissoit dehors puis luy mit le poing dedans les entrailles plu(sieu)rs et diverses fois sans trouver la teste de l’enfant en fin prenant les cordettes et fouillant dans le ventre de la patiente il attachat le col et l’ayant tiré de vive force le dit col parut et le couppat avec des goyetz puis tira le gros du corps premierement et en apres la teste mais avant il fut baptisé conditionnellement en telle sorte que la patiente expirat le dit jour 23 mau ... (relevé par Noël SIMON CHAUTEMPS)

    Me Nicolas DIDON était originaire de Lorraine établi et marié à Montvalezan paroisse de Bellentre en Savoie.

    Voir en ligne : http://genealogie Granier

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  • En 1762, une bien curieuse et fatale césarienne 2 mars 2013 10:51, par Annie VandenKoornhuyse

    Bonjour,
    Je ne saurais que recommander à tous les généalogistes amateurs ou confirmés la lecture de l’ouvrage cité en référence de Mme Mireille Laget, que j’ai eu le bonheur de connaître ainsi que celui d’assister à ces cours à l’Université de Montpellier voici bien des années... J’aimerai ainsi saluer sa mémoire, érudite et passionnée !
    Nous ne lisons plus les nombreux actes de naissance que nous trouvons, de la même manière, après lecture de son ouvrage !
    Cordialement.

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  • En 1762, une bien curieuse et fatale césarienne 21 janvier 2012 15:16, par Gérard Auberger

    J’ai découvert dans mes recherches une césarienne : le 13 janvier 1691 à Target (03) : naissance de Louise PHILIOSAT fille de défunte Marguerite RACA ; avec la mention marginale "elle fut sortie du ventre de sa mère par lyncision césarienne". Louise a suvécu, s’est mariée, a eu au moins sept enfants (je suis un de ses descendants directs) et est morte à l’âge de 75 ans le 26 janvier 1766. L’acte suivant son baptême est la sépulture de sa mère ...
    J’ai également découvert une autre césarienne à Blomard (03) en 1755, où il est clairement dit que l’on a attendu la mort de la mère pour pratiquer l’opération, hélas l’enfant et la mère sont décédés.
    Bravo et merci pour l’intérêt de vos articles.

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  • En 1762, une bien curieuse et fatale césarienne 27 novembre 2011 12:36, par Marie

    Je viens de rencontrer un cas similaire, en 1781, à Valine, paroisse Notre Dame, dans la Somme (Département de la Somme, actes en ligne, cote 5MI-D1334) :
    "Le sept juillet mil sept cent Quatre vingt un est née par opération cesarienne faite par Ambroise Amourette maître chirirgien & sur le champ a été baptisée par Marguerite Fricourt une fille à Martin Forestier et à feue Catêrine Leduc, les quels Ambroise Amourette et Marguerite Fricourt m’ont fait la déclaration le lendemain et de ce interpellé nous avons signé le présent acte à l’exception de Marguerite Fricourt qui a décléré ne savoir écrire"
    Les signatures sont Ambroise Fricourt et Davergne vicaire de Valines.
    Au registre des actes de décès, on trouve à la même date l’acte décès de Catêrine Leduc avec pour témoins son mari, son père Joseph Leduc et son beau-frère Basile Forestier son beau-frère. Il est suivi de celui de sa fille, qui n’a pas été prénommée, avec pour témoins son père Martin Forestier, Martin Guerville son grand oncle du côté paternel & son oncle maternel François Leduc. Dans ce cas les deux actes sont bien séparés, il semble donc que les deux défuntes aient fait l’objet de deux inhumations séparées.

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  • Un accouchement violent en 1740 27 novembre 2011 11:07, par JFordebras

    J’ai également trouvé le récit, à Ansacq (Oise) en 1740, d’un accouchement bien difficile, pour ne pas dire "sauvage" ! Il semble cependant que la mère ait survécu ....

    " Ce septième juillet 1740, nous soussigné Prêtre docteur en Théologie Curé d’Ansacq, après avoir ouï le rapport de la Dame PETIT sage femme jurée pour le Bourg de MOUY, et de Marie DUFLOS femme de feu Anthoine FRANQUEVIE, aussi sage femme jurée et approuvée par nous pour notre paroisse, lesquelles m’auraient déclaré qu’étant appelées pour l’accouchement de la nommée Marie BENEE femme de Claude MAS aussi de notre Paroisse, et l’ayant visitée, elles l’auraient trouvée en danger de sa vie, son enfant ne présentant en dehors de son sein qu’une main et une partie d’un bras ; que neanmoins, ayant aperçû certain mouvement de ce bras et quelques symptômes de vie, elles l’auraient ondoyé sur cette partie qui se présentait, en prononçant distinctement les paroles de la forme du Baptême, Enfant je te baptise au nom du Père et du Fils et du St Esprit. Et la malade ayant demandé avec instance les sacrements avant de proceder au travail de son accouchement, étant appelé, nous luy aurions administré les sacrements de l’Eucharistie en viatique et l’extrème onction. Après quoi, nous retiré, les dittes sages femmes auraient procédé à leur opération, et voyant le danger présent et trèe pressant de la mère, elles auraient été obligées pour luy sauver la vie, de tirer l’enfant mais avec violence, en sorte qu’un de les bras se serait arraché, et le reste du corps serait venu ensuite avec toutes les suites d’une couche ordinaire.
    Nous susdit Curé ouy ces rapports et après l’affirmation des lesdites sages femmes, avons crû devoir accorder la Sépulture Ecclesiastique au dit enfant suivant les loix presentées par l’Eglise, ce que nous avons fait le dit jour septième du present mois de juillet en presence du Père de l’Enfant un garçon, de l’oncle et des autres témoins qui ont signé avec nous …"

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  • En 1762, une bien curieuse et fatale césarienne 26 novembre 2011 09:21, par BENOIT

    Lectrice de très nombreux actes des Registres paroissiaux, j’ai remarqué que les mentions particulières concernant les causes des décès justifient un manquement aux bon déroulement des pratiques religieuses qui (selon les croyances de l’époque) aurait pu compromettre l’entrée au paradis du décédé : .

    Ainsi en est-il des mentions de : mort subite, noyade, négligence de la famille justifient-elles l’absence de confession et de sacrement ante-mortem.

    Dans le cas de cette césarienne de 1762, il s’agit de montrer que tout s’est déroulé dans le respect des lois

    Voir en ligne : En 1762, une bien curieuse et fatale césarienne

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  • En 1762, une bien curieuse et fatale césarienne 26 novembre 2011 07:28, par Paulette Urgin

    Même pratique à Arnay le duc (21) en 1733 sur Emilienne Bourret femme de claude millot ,couvreur et blanchisseur ;elle meurt à 35 ans, enceinte de 5 mois,l’enfant ondoyé , tiré du sein par l’opération césarienne et remis dans le sein d’ou il avait été tiré après avoir été reconnu avoir vie...
    Notons qu’il s’agit là d’une femme du peuple et que la césarienne puis le baptême ( bébé anonyme ) garantit un ange de plus au paradis ,dans la plus remarquable égalité !!!
    signé :paulette Urgin

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