La région d’origine des grands parents maternels de Marie Deroubaix, ma grand mère, est située en Flandre occidentale à mi-chemin entre Courtrai et Gand, dans l’ancien département français de la Lys. C’est à Waregem, commune de plus de 7000 âmes, que Jean-Baptiste Loof et Amélie Degezelle se marient le 16 août 1832. Jean-Baptiste est originaire d’Anzegem [1], bourg qui dépendait autrefois de la Haute Châtellenie d’Audenarde, tout comme son père, son grand-père et son arrière grand-père.
- Anzegem, commune d’origine des Loof
Amélie est née à Ingooigem, commune rurale de moins de 2000 âmes, dont une grande partie du territoire était recouverte de bruyères et de bois.
- Amélie Degezelle, mère d’Emma
Le parrain d’Emma n’était pas le roi des belges
Emma Marie Loof naquit à Waregem pendant l’hiver 1850, deux jours après Noël, 7e de sa fratrie. D’après les dire de ma grand-mère maternelle, la légende voulait que pour le 7e garçon, le parrain soit le roi des belges [2]. Le sort en a voulu autrement puisque le n° 7 a été une fille. Les lecteurs de cet article pourront sans doute m’en dire plus sur cette coutume ou apporter les corrections nécessaires. Son parrain est Henri Loof, son frère aîné, qui a déjà 15 ans. Sur l’acte de naissance, son père est mentionné comme charpentier.
Il semblerait que Waregem, qui a connu une évolution démographique importante [3], traverse une période difficile. L’essor économique de la commune ne débutera effectivement que vers 1896. La disette contraint la famille Loof à émigrer vers l’agglomération Lilloise, à Wazemmes.
- Emma Marie Loof
Wazemmes, Moulins
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La famille Loof s’installe à Wazemmes
Les Loof s’installent donc à Wazemmes, 3 rue de l’Ouest, sans doute en 1853, car le 8 février 1854 Amélie accouche d’une petite fille, Stéphanie . Je sais peu de choses sur les conditions d’existence de la famille d’Emma, probablement meilleures que celles décrites par Victor Hugo, même s’ils côtoyaient la misère autour d’eux. Le père était ébéniste et sans doute son métier arrivait-il à faire vivre sa famille. Après Stéphanie c’est à Marie de montrer le bout de son nez en octobre 1856 à Wazemmes ; l’acte de naissance indique que ses parents sont domiciliés 4 rue des Stations. Le 6 juillet de l’année suivante c’est la fête, à l’occasion du mariage d’Henri le fils aîné.
- Stéphanie Loof
Elle avait à peine 11 ans quand nous avons perdu notre père
Hélas les deuils succèdent aux festivités, Jean-Baptiste Loof décède le 26 avril 1862. Il est suivi de près par deux de ses enfants, Marie en 1864 qui n’a pas encore 8 ans [6]. Puis Désiré, 6 mois plus tard, âgé de 21 ans, qui était mécanicien chez Vanoutrive et Rousseaux, fabricants de peignes pour filature. Je ne sais rien sur les causes de ces décès mais il est sûr que la mortalité, infantile notamment, était assez élevée à cette époque dans les quartiers populaires de Lille, du fait des conditions de logement et de vie, mais aussi des épidémies [7].
Mais je laisse Stéphanie [8] évoquer cette période très dure pour la famille Loof et parler de sa sœur Emma qui a été obligé de commencer à travailler très jeune. "... Elle avait à peine onze ans quand nous avons perdu notre père, il est mort quinze jours après sa 1re communion, de sorte que grand-maman est restée veuve avec 6 enfants, dont deux encore plus jeunes que ta mère, une plus jeune sœur et moi. Elle s’est donc mise de suite à l’ouvrage elle a d’abord débuté à border des rideaux chez une dame qui occupait plusieurs fillettes, cette dame leur donnait un ouvrage à faire sur autant de temps, la première qui avait fini avait une remise et la première arrivée aussi, et bien vois comme ta mère était sérieuse dès son plus jeune âge. C’était elle qui était la première à tout, et plus tard quand elle a eu la hardiesse d’acheter une machine de 350 francs pour travailler à la maison, six mois après on en rachetait une seconde pour moi qui avait alors près de quinze ans, et pour cela il nous fallait payer 50 francs par mois en plus de vivre, et ta mère ne s’en effrayait pas, mais nous allions tous les mois pendant deux ans à Notre Dame de grâce prier pour notre réussite, et grâce à Dieu nous avons toujours eu de l’ouvrage, car ta mère savait faire n’importe quel ouvrage".
Les archives familiales ne donnent pas d’autre information sur la vie d’Emma Marie Loof, sinon qu’elle était giletière et habitait 13 rue du Bas-Jardin à Lille, lors de son mariage en 1880 avec Victor Jean-Baptiste Deroubaix. Mais nous en reparlerons dans le prochain article sur l’enfance lilloise de Marie Deroubaix.
Liens
Sources
- Photos (collection personnelle)
- Archives familiales (correspondance, faire-part de décès)
- Archives départementales du Nord
- Archives municipales de Lille
- Archives de l’Etat à Courtrai
- État-civil d’Anzegem
- Paroisse de Waregem (baptême Emma Marie Loof)