François était chanoine prébendier de l’église St Maurice de Vienne. Le 27 novembre 1790, les révolutionnaires pénétrèrent dans l’église, détruisirent les objets du culte, chassèrent les prêtres et scellèrent les portes du sceau de la ville. François dû s’enfuir et gagna l’Italie avec son frère Antoine. Arrivés en Piémont, les fugitifs se séparèrent et François passa en Suisse.
Quelques années plus tard, le Concordat remit en cause la Constitution civile du clergé. Les prêtres exilés regagnèrent la France et signèrent des actes de soumission, acceptant la nouvelle organisation de l’Eglise. François promis fidélité à la Constitution le 29 Brumaire An IX (20 novembre 1800) et fut rayé de la liste des émigrés le 31 janvier 1802. Il mourut quatre ans plus tard à Saint-Marcellin.
Antoine était le curé de Roybon. Au début de l’année 1791, lors d’un prêche dominical, il se prononça vigoureusement contre la Constitution civile du clergé. La Garde nationale le fit mettre aux arrêts et le conseil du village le fit remplacer. Quelques fidèles alarmés vinrent en hâte le supplier de prendre la fuite. Le 11 avril 1791, il eut le temps de rédiger quelques mots de protestation dans le registre paroissial :
Il se réfugia momentanément chez ses sœurs Louise et Marianne à Saint-Marcellin, espérant toujours pouvoir retourner à Roybon, et rédigea une émouvante et vibrante « Lettre à ses paroissiens » (15 mai 1791) [2] dans laquelle il exhorte ceux qui sont restés fidèles à l’Eglise de Rome de ne pas abdiquer. Ce très beau texte fut par la suite imprimé et diffusé. Dans le même temps, des mandats de prise de corps sont édictés contre certains citoyens, dont Louise Rojat, accusée d’avoir tenu chez elle des assemblées clandestines et d’y avoir lu ou fait lire des ouvrages contraires à la Constitution, et sa sœur Marianne qui est, elle aussi, contrainte à l’exil.
A nouveau traqué, menacé de prison, Antoine est contraint à la fuite. Il gagna la frontière italienne avec son frère François. Arrivé en Piémont, il se réfugia à Ivrée puis à Savigliano, et enfin à Turin où il arriva au début de l’année 1794. Il y mourut le 16 décembre de la même année, âgé de 45 ans seulement.
Sources : Aimée-Marie de Franclieu : « La persécution religieuse dans le département de l’Isère : de 1790 à 1802 », publié en 1904.