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Des Bouches-du-Rhône à la Haute-Saône, le parcours d’une enfant des hospices

Des Médoc en Provence ou la chronique d’une famille éclatée

Le vendredi 14 février 2020, par Olivia Nicolas

Nous sommes le 14 juillet 1831. Cette nuit-là, Marie Anne Françoise Elie BOUY, sage-femme, est appelée pour un accouchement, au 9 rue de la loge, à Marseille. Il est 5 heures du matin, et la petite Anne Augustine voit le jour. Le même jour, Elie se rend à la mairie pour déclarer la naissance de l’enfant, puis à l’hospice de la Charité. En effet, Anne Augustine n’aura pas la chance de grandir dans un foyer avec des parents aimants, elle sera admise à l’hospice à peine 9 heures après sa naissance. Nous ne saurons jamais rien de ses parents. On lui attribue le patronyme MÉDOC.... Des Bouches-du-Rhône à la Haute-Saône, le parcours d’une enfant des hospices.

Nous sommes le 14 juillet 1831. Cette nuit-là, Marie Anne Françoise Elie BOUY, sage-femme, est appelée pour un accouchement, au 9 rue de la loge, à Marseille. Il est 5 heures du matin, et la petite Anne Augustine voit le jour. Le même jour, Elie se rend à la mairie pour déclarer la naissance de l’enfant, puis à l’hospice de la Charité. En effet, Anne Augustine n’aura pas la chance de grandir dans un foyer avec des parents aimants, elle sera admise à l’hospice à peine 9 heures après sa naissance. Nous ne saurons jamais rien de ses parents. On lui attribue le patronyme MÉDOC.

Les dossiers des hospices pour cette époque ne sont pas très exhaustifs. Cependant, on retrouve malgré tout la déclaration de son admission à la Charité dans laquelle il est fait état de ses effets personnels, qui sont un indice précieux quant à la situation de sa mère/ses parents : "peu de hardes [...] la revêtaient, toutes vieilles". On pourrait donc en déduire qu’Anne Augustine est issue d’un milieu très pauvre, au vu de l’état de sa tenue. Heureusement, c’est l’été et il fait certainement bien chaud à Marseille. Bien qu’un nourrisson ait grand besoin de chaleur dans les jours suivant sa naissance, le fait d’être née en plein mois de juillet a dû grandement multiplier les chances de survie d’Anne Augustine.

Une vingtaine de jours après son admission, Anne Augustine est vaccinée, en vue d’être placée en nourrice quelque part. Après quelques tentatives infructueuses, la vaccination finit par fonctionner le 29 août 1831 et 3 jours plus tard, elle part pour les Alpes-de-Haute-Provence (les Basses-Alpes, à l’époque) et est placée en nourrice à Valbelle.

Elle y restera 7 ans, puis retournera à l’Hospice de la Charité où elle séjournera 3 semaines, avant de repartir en pension, dans la Drôme, cette fois. On peut imaginer qu’elle vit à l’hospice de Buis-les-Baronnies, où 7 jeunes filles, non nommées, sont recensées en 1841.

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L’Hôpital-hospice de Buis-les-Baronnies, dont l’existence remonterait au XVIe siècle, fut transformé en Hôpital de la Résistance entre juillet et septembre 1944. © Archives communales de Buis les Baronnies, AD26 Droits réservés – Henri Veux

Il est donc difficile de savoir ce qu’Anne Augustine devient après ce placement. Elle disparaît de la circulation jusqu’au 31 juillet 1850, date à laquelle elle accouche d’un enfant, Victorine Thérèse, à Avignon. Comme sa mère, Victorine Thérèse passera sa jeunesse entre divers placements, mais sa vie connaîtra un article à part entière, car il n’est pas possible de la résumer en un simple paragraphe.

Le 25 mars 1855, on trouve à nouveau Anne Augustine dans l’état-civil de la ville d’Avignon, car elle accouche d’une fille, mais l’enfant est déclaré sans vie. Une fois de plus, le père est inconnu et il est précisé qu’Anne Augustine est « sans domicile ». En effet, on a beau parcourir le recensement d’Avignon de 1851 en long, en large et en travers, Anne Augustine Médoc n’y apparaît pas. Idem en 1856.

Cela devient une habitude, Anne Augustine ne laisse de traces que lors de déclarations de naissance. Un fils naît le 1er juillet 1857 à Avignon, toujours de père inconnu, mais à la différence des naissances précédentes, un domicile est indiqué : elle réside au 1 rue de l’Anguille, à Avignon (cette rue n’existe plus de nos jours, elle menait de l’actuelle rue Mignard à la rue Dorée). L’enfant sera nommé François Augustin et prendra le patronyme de sa mère. Mais que devient-il ? Son décès est introuvable dans les tables d’Avignon, il n’y a pas de fiche de matricule à son nom pour la classe 1877 dans le Vaucluse. Il n’apparaît pas non plus dans les dossiers de l’assistance du département, contrairement à sa (demi-)sœur.

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Anne Augustine poursuit sa route. A-t-elle gardé François Augustin avec elle ? On ne le sait pas. Toujours est-il que le 7 janvier 1859, une nouvelle naissance est déclarée, une fille, sans vie. C’est le 4e enfant d’Anne Augustine, né de père inconnu, le 2e n’ayant pas survécu. Mais cette fois, l’histoire se passe à Paris ! Anne Augustine a quitté sa Provence et réside désormais au 14 rue Hautefeuille de la capitale lorsqu’elle donne naissance à cet enfant.

Pourquoi se trouve-t-elle maintenant à Paris ? A-t-elle connu un parisien de passage à Avignon et l’aurait-elle suivi ? Pourrait-il être le père de cet enfant né début 1859 ? Était-elle déjà enceinte à son départ ? Se pourrait-il qu’il lui ait promis une vie meilleure et l’ait abandonnée en apprenant sa grossesse ?

Ou bien vit-elle en concubinage et son compagnon n’aurait jamais accepté de reconnaître ses enfants ? Le fait qu’elle ait vécu sans domicile pendant plusieurs années laisse à penser que ce n’est pas forcément la bonne piste.
En tout cas, il y a beaucoup de questions restant en suspens, qui ne trouveront jamais de réponses.

La vie d’Anne Augustine semble donc très chaotique, mais au moins, cette fois, elle semble avoir un toit. Comment a-t-elle vécu les séparations avec ses enfants, la crainte du jugement des gens lors de ses grossesses, le décès de ses 2 filles ? Des regrets, elle en a certainement eu, car le 9 juillet 1862, elle reconnaît enfin sa fille qui est à l’aube de ses 12 ans. On trouve donc, dans l’état-civil du 4e arrondissement de Paris, l’acte de reconnaissance de Victorine Thérèse. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle la recueille, puisque Victorine Thérèse continuera à être placée à divers endroits autour d’Avignon.

On le voit, Anne Augustine réside toujours dans la capitale, mais les choses ont changé. C’est désormais une femme mariée ; elle a épousé, le 1er octobre 1859, un terrassier venu d’Auvergne répondant au nom de Jean VENESSY. On ne peut que se réjouir d’un éventuel équilibre enfin trouvé par Anne Augustine, pourtant, le malheur continue de frapper régulièrement à sa porte.

Trois enfants naîtront de cette union :

  • Une fille, sans vie, le 4 octobre 1859, soit 3 jours après le mariage de ses parents
  • Une autre fille, sans vie, le 29 juillet 1860
  • Jean Venessy, né le 27 février 1863 et décédé le 2 mars suivant

En résumé, entre 1850 et 1863, Anne Augustine a accouché de 7 enfants, mais un seul, Victorine Thérèse, a vécu jusqu’à l’âge adulte (peut-être François Augustin également ?).

Puis, c’est le calme plat pendant une vingtaine d’années. Le fait qu’il n’y ait pas de recensements parisiens à cette époque ne nous permet pas de savoir où le couple a vécu pendant ces 2 décennies. Il semble pourtant qu’ils aient vécu quelques années dans la même maison du 14 rue Hautefeuille (ancien IVe arrondissement). Dans cette rue, se trouve la Brasserie Adler où se réunissent, dans les années 1840-1860, des étudiants, des artistes et des personnalités de la gauche républicaine. Gambetta, Courbet, Corot et autres s’y retrouvent donc régulièrement et on se prend à rêver de voir notre petite Anne Augustine s’asseoir à une table voisine des plus grands, ou, plus simplement, les croiser dans sa rue…

Quant au n° 14, l’ouvrage de Henri Baillière publié en 1901 « La rue Hautefeuille : son histoire et ses habitants (propriétaires et locataires), 1252-1901, contribution à l’histoire des rues de Paris », nous apprend qu’il a abrité un cabinet anatomique composé de figures de cire, ou la résidence du critique littéraire Louis Edmond Duranty, fondateur du théâtre des marionnettes et de l’impressionnisme.

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La rue Hautefeuille en 1866, cliché de Charles Marville - Collection : BHDV, ancienne bibliothèque de la préfecture de la Seine. DR.

Comme nous le disions plus haut, le couple ne laisse plus de trace à l’état-civil parisien jusqu’en 1886, lorsque Jean décède le 26 décembre. A ce moment-là, le couple réside au 16 rue de la Bûcherie, qui se trouve à quelques pâtés de maisons de leur précédente adresse connue. Il sera inhumé 2 jours plus tard au cimetière parisien de Bagneux.

Anne Augustine, 56 ans et veuve, reste dans leur maison. C’est là qu’elle habite à son mariage, le 16 mars 1889. Son époux, c’est Jean Antoine HARDY. Il est né en Haute-Saône mais exerce le métier de gardien de la paix à Paris. Il prendra bientôt sa retraite, et la quiétude de la province lui manque. C’est en toute logique que Jean Antoine et Anne Augustine s’installent dans le village natal de celui-ci, quelques années plus tard, bien que ses parents soient morts depuis bien longtemps. On trouve la trace de notre couple le 7 juillet 1894, lorsque Jean Antoine, retraité de 53 ans, déclare le décès de sa voisine, Jeanne Baptiste Clerc, à Chenevrey-et-Morogne. Lui-même décèdera le 19 décembre 1900 dans la commune voisine de Marnay, où le couple s’est installé. Anne Augustine le suivra dans la tombe le 30 septembre 1910, à Marnay. Les recensements de 1901 et 1906 nous apprennent qu’entre temps, elle a vécu seule, à 2 adresses différentes : rue Saint-Germain et avenue de la Gare, à Marnay.

Difficile, quand on fait des recherches généalogiques, de dérouler le fil de la vie de nos ancêtres avec précision. Bien souvent, on doit se contenter d’actes d’état-civil bien trop formels, ou exceptionnellement, de quelques petits commentaires déposés par les prêtres sur leurs registres paroissiaux. Certaines branches sont « faciles », les familles n’ayant pas bougé pendant plusieurs siècles. Mais quand certains de nos aïeux quittent leur région, parfois plusieurs fois dans leur vie, comme Anne Augustine, ce fil est à retordre !

Alors, on s’acharne et si on a de la chance, on se retrouve avec bien plus d’informations que ceux qui n’ont pas été déracinés. Pour le cas d’Anne Augustine Médoc, suivre ce fil noué de malheurs a été un travail de longue haleine qui a apporté son lot de peine mais aussi de joies. Si ce ne sont que des écrits, les trouvailles la concernant nous permettent malgré tout de dire avec certitude que sa vie n’a pas été facile tous les jours. Il me semblait que le fait d’écrire cet article serait un hommage pour elle et ses enfants.

Malgré tout, je pense qu’il reste encore beaucoup à en apprendre. Il y a notamment cette question qui revient régulièrement dans mes recherches : qu’est-ce qui a bien pu arriver à son fils, François Augustin ?

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32 Messages

  • Bonjour,
    J’ai été attiré par ce récit pour 2 raisons parce qu’il parle d’une enfant abandonnée à la naissance et de la Haute-Saône. Mon grand-père est né dans un hospice (Fontainebleau) de père ’non dénommé", déclaré lui aussi par une sage femme, par contre sa mère célibataire l’a gardé et reconnu, elle était domestique aussi. Ensuite à la fin de votre récit je vois que vous parlez de Chenevrey Morogne et de Marnay. J’habite Marnay ! Les noms sur l’acte de décès d’Anne Augustine (Bazaille, Bey, Paget) sont bien des noms Marnaysiens et ce récit va surement en interessé qques uns.
    Bien cordialement,

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  • Bonjour,

    avez-vous consulter le recensement de population de 1836 pour le 9 rue de la Loge ?

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  • Madame ,
    Le décès du premier mari , peut apporter certaines informations par la declaration de succession .
    Il convient de la rechercher à Paris au domicile du défunt .
    Il en est de même pour le second mariage .
    Y a-t-il contrat de mariage ?
    Reprendre les déclarations de successions ?
    Peut-être apparaitra-t-il une trace du fils dont on ignore tout ?

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  • Bonjour,
    j’ai lu votre article avec beaucoup d’intérêt. Lors de la déclaration de naissance, Anne Augustine est dite : domestique. Le n° 1 de la rue de l’Anguille ne serait-il pas l’adresse de ses patrons ? Ceux ci n’auraient peut être pas accepté qu’elle garde l’enfant. Lorsque vous la retrouvez à Paris, N’a-t-elle pas suivi ses patrons ? J’ai rencontré cette situation et c’est en étudiant les recensements que j’ai trouvé un nom similaire dans les 2 villes et bien que ce ne soit pas précisé j’ai compris qu’ elle avait suivi ses employeurs. N’éliminez pas non plus la possibilité qu’elle soit devenue nourrice après la naissance de ses enfants.

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  • Passionnant !
    rien dans la presse locale de chacune des régions traversées par la mère ?
    Ces archives conservent de vraies ressources.

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  • Bonsoir Olivia

    je termine à l’instant votre récit de la vie de Anne Augustine. Merci d’avoir fait revivre un personnage d’une autre époque. Le malheur frappe bien souvent à sa porte... Ce récit m’a beaucoup touchée car il me rappelle celui que j’ai écris de mon AAA grand mère Anne Dartige.
    Comment avez-vous retrouvé sa trace à Paris ? Une intuition où une piste que vous avez suivie ?
    Pourquoi avoir choisi Anne Augustine ? Est elle une parente de votre famille ?
    Je vous donne le titre du récit : Anne Dartige ou l’histoire d’une vie qui n’en est pas une... paru aussi dans La Gazette. Si vous le lisez, peut-être pourrez-vous me donner des idées, car il me manque beaucoup d’éléments pour compléter mon récit.
    En attendant de vous lire, passez une bonne soirée,
    Sandrine

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    • Bonsoir Sandrine,

      Je viens de lire avec beaucoup d’intérêt et d’émotion le récit de votre aïeule. Je prendrai le temps de vous laisser un petit commentaire un peu plus tard.

      J’ai choisi Anne Augustine car c’est une ancêtre de mes enfants et les événements qui se sont succédés dans sa "triste" vie m’ont poussée à lui rendre cet hommage. Mon récit est loin d’être aussi exhaustif que le vôtre, mais j’ai la chance de connaître les éléments les plus marquants de sa vie.

      Justement, pour ce qui est d’avoir retrouvé sa trace à Paris, c’est encore une affaire de chance, puisque son nom est apparu dans les relevés de l’état-civil parisien. Il ne me restait plus qu’à vérifier qu’il ne s’agissait pas d’une homonyme, après, le reste a coulé de source... Notamment avec son second mariage, heureusement que l’acte de mariage était bien complet et que le lieu d’origine de son époux était indiqué ! Cela a permis de retrouver facilement sa trace en Haute-Saône.

      J’ai pu faire la connaissance de cousins descendants d’Anne Augustine et sa fille Victorine Thérèse, nous nous sommes bien entraidés dans les recherches les concernant et je ne les remercierai jamais assez pour cela. Je ne pense pas me tromper en disant que le sort d’Anne Augustine nous a tous beaucoup touchés.

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  • Bonjour Olivia,
    Ce qui me frappe dans votre récit est l’absence des pères, enfin presque.
    Mais on est à Marseille et Anne Augustine habite près du port.
    On peut penser que le ou les pères sont des marins embarqués.
    Avez-vous un indice allant dans cette voie ?
    C. Larochelle

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  • Merci pour le témoignage qu’apporte votre recherche : difficile pour ces enfants délaissés de rompre les cycles qui reproduisent la misère.
    Vous ne savez rien de la maman d’Anne Augustine : avez-vous envisagé que "fille-mère" elle avait pu ne pas survivre à l’accouchement ? Dans ce cas, la sage-femme aurait-elle également déclaré le décès de la maman ?
    Ce n’est pas agréable à envisager, mais avez-vous recherché des traces de vos deux mères célibataires dans les registres de la police des mœurs ?
    Avec tous mes encouragements

    Répondre à ce message

    • Bonjour,
      Je n’avais pas envisagé la piste d’un éventuel décès de la mère d’Anne Augustine... c’est très intéressant, dès que je peux, je consulterai les registres de décès de Marseille.
      Par contre, je me disais, que si elle était décédée, la sage-femme aurait pu indiquer son identité en déclarant la naissance de son enfant, non ?
      Quant aux registres de la police des mœurs, j’en ignorais l’existence...

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  • Je me pose une question : avec l’adresse de la naissance et en consultant les recensements , pas moyen de trouver les parents , du moins la mère ?

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    • Hélas, non !

      Je me suis rendue aux Archives Municipales de Marseille, car il existe bien un recensement pour 1831. Malheureusement, celui-ci n’est pas nominatif, il n’est indiqué que le nombre, par ailleurs très approximatif, de la population marseillaise. C’est bien dommage.

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      • Bien dommage en effet ! je me doutais bien que vous aviez exploré cette piste

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        • Bonjour,
          Bravo pour cet exposé très intéressant. J’ai moi aussi une ancêtre qui a vécu à la même période et qui a eu 4 enfants de père inconnus nés dans 4 villages différents.
          je me suis donc intéressée aux enfants abandonnés dans le département de Maine et Loire et j’ai fait les constats suivants que je vous laisse apprécier :
          Pour les baptêmes, mariages et sépultures catholiques après la période suivant la Révolution, ils sont conservés jusqu’à aujourd’hui par les archives de la paroisse et consultables aux archives diocésaines sur simple demande.Il y a actuellement une campagne de relevés effectués par des bénévoles à la demande de l’archiviste diocésain en Maine et Loire : c’est peut-être le cas dans d’autres départements ? Il faut contacter les archives diocésaines au chef-lieu du département pour connaître le contenu éventuel de l’acte de baptême.
          Pour le domicile de la naissance, il peut s’agir du domicile de la sage-femme qui accueillait chez elle moyennant un peu d’argent les femmes seules proches de leur terme, A Angers, le relais sera pris ensuite par l’hôpital général où les femmes pauvres pouvaient accoucher dans de bonnes conditions avant que l’on ouvre l’hôpital à tout le monde et que l’on créé des maternités.
          Pour le prénom, il est parfois donné à partir d’un écrit qui accompagne l’enfant même si la mère ne sait pas écrire.
          Pour les hardes, j’ai lu une explication sur la raison de faire porter au bébé des vêtements usagés dans les premiers mois suivants la naissance : la toile commune (chanvre ou autre) neuve est trop rêche et irritante pour la peau délicate du bébé. Il n’est pas rare de confectionner les trousseaux pour les bébés abandonnés avec des draps achetés d’occasion.
          Bien cordialement,
          Maryvonne Angers

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          • Bonjour,

            Merci pour votre commentaire. Après vérification sur l’acte de naissance, il est indiqué que la sage-femme qui a déclaré la naissance ne résidait pas à l’adresse où Anne Augustine est née (rue des grands carmes pour le lieu de résidence de la SF). Mais il est vrai qu’on ne peut pas affirmer qu’il s’agissait bien du domicile de la mère de l’enfant.

            Pour l’acte de baptême, je me renseignerai, mais je ne suis pas sure que cela apportera grand chose sur les origines de cette ancêtre.

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          • Bonsoir Maryvonne
            Vous avez raison sur bien des points.
            Dans le Finistère, les baptêmes (registres de catholicité) sont conservés soit aux archives diocésaines, soit aux Archives départementales.
            Pour les hardes, je suis beaucoup plus circonspect. Quand on abandonnait un enfant, la mère pensait surtout à lui mettre un ou deux bonnets et une coiffe, car la tête était la partie la plus fragile.
            Il est souvent fait état dans les hardes d’un drapeau. Rien de républicain là dedans, mais c’était le nom donné à une couche, taillée souvent dans un vieux vêtement. Qu’importe qu’elle gratte ou pas !
            Pierrick
            http://www.chuto.fr/

            Répondre à ce message

            • Bonjour,
              ce dernier message me fait penser à plusieurs cas que j’ai vus en Alsace. Les filles enceintes de père "non nommé" partaient accoucher parfois très loin de leur lieu de domicile (plus de 100 kilomètres). Parfois elles revenaient chez leurs parents avec leur enfant, quand même, parfois non. Ce qui élargirait nettement le champ des possibles pour vous... hélas.

              Répondre à ce message

  • A priori, on peut se dire, en lisant le titre et les premières lignes de cet article, "bôf ! quel intérêt, une illustre inconnue à la vie banale pour cette époque".
    Mais en poursuivant avec une lecture attentive, on voit revivre cette femme et sa triste vie (quoi qu’avec qlq oasis de paix), mieux que du Balzac ou du Zola !
    Merci pour cette belle histoire et bravo pour vos recherches.

    Répondre à ce message

  • Tout d’abord, bravo pour cet article et vos recherches.
    Ayant suivi à la trace le parcours de 1080 enfants trouvés pour mon livre LES EXPOSES DE CREAC’H-EUZEN, je sais combien elles sont longues à mener.
    Un petit point cependant : vous écrivez que Anne-Augustine ayant été exposée avec de vieilles hardes, venait sans doute d’une famille peu aisée.
    A Quimper, la supérieure des filles du Saint-Esprit, gestionnaire de l’hospice de Creac’h-Euzen, s’est aperçue que parfois, les matrones (ou prétendues sages-femmes) gardaient pour les revendre la layette préparée avec soin par la mère et habillaient l’enfant avec de "mauvaises hardes". La honte !
    Ces matrones savaient que l’enfant, une fois accueilli à l’hospice, endossait une sorte d’uniforme, confectionné dans de vieux tissus par les enfants qui n’avaient pas trouvé de parents nourriciers .
    Une question : comment avez-vous eu connaissance du nom de la sage-femme et du lieu où est née la petite fille ? Y-a-t’il eu une enquête de police ? Dans ce cas,l’enfant serait un enfant abandonné (de mère connue, mais incapable de l’élever), et non un enfant trouvé.
    Ce sujet n’a pas fini de faire parler et écrire. Après trois ans de recherches et un nouveau livre,je pense en avoir fait "le tour"..

    Pierrick, depuis ce vendredi matin, un grand-père heureux pour la 6e fois !
    http://www.chuto.fr/

    Répondre à ce message

    • Bonjour Pierrick,

      Merci pour votre commentaire très intéressant ! Ceci pourrait effectivement tout changer quant à l’origine de la petite Anne Augustine. Je m’étais imaginé qu’elle avait pu être abandonnée par des parents peut-être légitimement mariés mais sans le sou (mais dans ce cas, ils auraient pu la déposer de façon à pouvoir la récupérer plus tard, ce qui ne "colle" pas avec l’histoire d’Anne Augustine).
      En tout cas, comme vous dites, voilà qui est bien honteux !!!

      J’ai trouvé les informations sur l’acte de naissance d’Anne Augustine, que je vous retranscris en partie ci-après :

      "Acte de naissance de Anne Augustine Médoc, née à Marseille, ce matin à cinq heures, rue de la loge n°9, fille de parents inconnus, le sexe de l’enfant présenté et reconnu féminin [...] sur déclaration faite par la dame Elie Bouy, âgée de quarante-trois ans, sage-femme [...]"

      Alors, non, il n’est pas explicitement indiqué que c’est elle qui a accouché la mère de l’enfant. J’ai peut-être fait un raccourci, c’est ce qui me semblait le plus logique.

      Ensuite, il y a la déclaration faite lors du dépôt à la Charité, signée d’Elie Bouy, déposante de l’enfant et qui s’est présentée avec un billet de la mairie de Marseille déclarant la naissance.

      J’ai également vaguement enquêté sur les témoins de la naissance, l’un d’eux résidait à la même adresse. Peut-être un voisin, ou un ami de la famille/mère. Je ne pense pas qu’il s’agisse du père, puisqu’il était marié et avait déjà 74 ans (quoique, tout est possible...), mais peut-être le grand-père ? Quant à l’autre témoin, il ne résidait pas à la même adresse. Sans doute se connaissaient-ils sinon, je ne vois pas bien ce qu’il serait venu faire là. Je ne sais pas comment approfondir cette piste.

      PS : félicitations pour la naissance de votre 6e petit-enfant !

      Répondre à ce message

      • Donc si je comprends bien, à Marseille dans ce cas, l’enfant a d’abord été déclaré à la mairie avant d’être conduit au dépôt de charité (l’hospice). Ce sont donc les employés de l’état civil qui ont donné prénom et nom à l’enfant (à moins que la mère ait dit à la sage femme qu’elle souhaitait que sa fille s’appelle Anne Augustine).
        Dans le Finistère et ailleurs d’après ce que j’ai étudié, l’enfant était exposé (déposé) dans le tour de l’hospice qui lui "inventait " un patronyme et ensuite, seulement, il était déclaré à la mairie.

        Avez-vous trouvé son acte de baptême ?
        Pierrick
        http://www.chuto.fr/

        Répondre à ce message

        • Je n’ai pas trouvé l’acte de baptême.
          En marge de sa déclaration d’admission à la Charité, il est indiqué qu’elle a été baptisée le même jour dans la chapelle de l’hospice de la Charité. Rien de plus, les parrain et marraine ne sont pas notés.

          Pour reprendre la chronologie des événements :

          • o Anne Augustine est née à 5 heures du matin le 14/07/1831
          • o Sa naissance a été déclarée par la sage-femme à 11 heures le même jour, à la mairie
          • o Elle a été déposée à l’hospice de la Charité, toujours le 14/07, à 14 heures, par la sage-femme qui s’est ensuite retirée
          • o C’est certainement après cela qu’elle a été baptisée, sur place

          Et je note une contradiction entre l’acte de naissance et la déclaration d’admission aux hospice. En effet, sur l’acte de naissance, il est déjà dit qu’il s’agit de l’acte de naissance d’Anne Augustine Médoc, alors que sur les papiers d’entrée à la Charité, il est écrit "Nous lui avons donné les Prénom et Nom de Anne Augustine Médoc".

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  • J’ai lu l’article avec intérêt. Le travail de généalogiste s’apparente au travail d’enquêteur, bien souvent. Par contre je me perds un peu dans les dates :
    Anne Augustine – sans aucun parent – naît le 14 juillet 1831 à Marseille
    • 31 juillet 1850 (elle a 19 ans) elle met au monde Victorine Thérèse, à Avignon. (l’auteur informe que l’enfant sera placée en divers endroits, mais qu’au moins elle connaît le nom de sa mère, à défaut de ne peut être pas la connaître physiquement)
    • Le 25 mars 1855 (Anne Augustine a maintenant presque 24 ans) elle accouche d’une fille déclarée sans vie. Anne Augustine est déclarée « sans domicile »
    • le 3 juillet 1859 à Avignon est met au monde un garçon François Augustin (Anne Augustine a alors 28 ans) un domicile est indiqué : elle réside au 1 rue de l’Anguille, à Avignon. C’est donc son 3e enfant sans père ! l’auteur signale ne pas trouver trace de cet enfant par la suite, décès introuvable à l’état civil, et qu’il n’y a pas de fiche de matricule à son nom pour la classe 1877 dans le Vaucluse. (si l’enfant est né en 1859, c’est la classe 1879 qu’il faut consulter. N’y aurait il pas une erreur dans la transcription de la date de naissance ?
    • ensuite l’auteur nous informe que le 7 janvier 1859, à Paris, une nouvelle naissance est déclarée, une fille, sans vie. Là je pense que l’erreur de date de naissance de François Augustin est évidente. Peut être fallait il lire 3 juillet 1857 ? et non 1859… c’est le 4e enfant de Anne Augustine, toujours sans aucun père. Elle déclare résider au 14 rue Hautefeuille.
    • La même année 1859, le 1er octobre Anne Augustine épouse un terrassier venu d’Auvergne.
    • Le 4 octobre 1859 (décidemment cette année colle au récit) naissance d’une fille sans vie
    • 29 juillet 1860, naissance d’une autre fille sans vie
    • le 27 février 1863 Anne Augustine met au monde un garçon prénommé Jean qui va décéder le 3 mars de la même année..

    Sur 7 enfants, il n’y en a que 2 qui semblent rester en vie.. et encore ne sait-on rien du « fils » prénommé François Augustin ! il n’aura peut être pas survécu à un événement dans l’enfance.. Il serait bien cependant de vérifier la date exacte de sa naissance. Cordialement, Alice

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  • Bien sûr,votre texte est un hommage ainsi rendu à cette femme qui fut ballotée par une vie qu’elle ne put guère diriger. Vos recherches en étaient déjà un, puisqu’à vos yeux, sa vie mérita cet intérêt. Il faut espérer que son second mariage, et la vie dans une verte et belle campagne lui apporta enfin quelque douceur.
    J’espère que vous retrouverez la trace de François Augustin, peut-être aidée par les lecteurs de cet article ?

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  • Extrêmement intéressant ce parcours, qui a dû être celui de tant de femmes, mais quelle misère nous est dévoilée ! Il fallait avoir une bonne dose de fatalisme pour accepter tous ces coups du sort et continuer ....
    Un grand merci à l’auteur.

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