- « Moniteur Viennois » du 23 mars 1889
Le 23 mars, cette année là, est un samedi. Le jeudi précédent est donc le 21 mars ; jour où Mme C reçoit à Saint-Chamond la lettre que son frère a posté de Vienne, peu de jours avant.
Mme C se rend « en toute hâte à Vienne… » : une quarantaine de kilomètres quand même… trajet fait en voiture particulière ? Je ne pense pas : nous sommes en 1889 et les automobiles sont très rares.
A mon avis, plutôt en train. Quoique cela soit compliqué avec deux correspondances : Saint-Chamond-Givors ; Givors-Chasse sur Rhône ; Chasse-Vienne... A la réflexion, peut être a-elle fait appel à un "voiturier", ancêtre du taxi ? En plus, elle ne peut certainement pas joindre son frère par téléphone avant de partir !
Tôt le lendemain matin, donc le vendredi 22 mars, « à 6 heures » (où a-t-elle dormi ? à moins qu’elle ne vienne juste d’arriver !) elle se présente au domicile de son frère, en plein centre ville, entre la gare et la cathédrale Saint Maurice. A-t-elle un double des clés ? A-t-elle demandé au gardien, s’il y en a un ?
« Au milieu de la chambre » elle trouve son frère « étendu…ne donnant plus signe de vie » : il s’est tué d’une balle de revolver. La police constate les faits et conclut, bien évidemment, au suicide. La lettre que sa sœur a du, sage précaution, emporter est-elle « portée au dossier » comme preuve ? Impossible de le savoir.
Le journaliste est bien renseigné ! Il doit avoir un réseau d’informateurs, peut être même dans la police ? Contrairement à l’habitude dans la presse de l’époque, le nom des personnes n’est pas cité : les circonstances sont tragiques.
Une rapide recherche dans l’état-civil de Vienne, grâce aux indices donnés par l’article, nous livre l’identité de ce « marchand de laine » :
- Acte de décès de Pierre Claraz
- Registre de décès de Vienne en ligne sur le site des archives départementales de l’Isère
Pierre Claraz avait 46 ans. Célibataire, natif de Fontcouverte (Savoie) [1] il est dit « demeurant à Rive de Gier ». Que faisait-il alors à Vienne ? Etait-il là pour son commerce ?
L’acte de décès [2] est daté du 21 mars « à onze heures du matin ». Bizarre car c’est le jeudi que, d’après le journal, sa sœur a reçu la lettre. Le journal doit faire une erreur : elle a du la recevoir le mercredi !
En tous cas, pas de mention de la sœur dans l’acte : ce sont ses deux neveux de Saint Chamond, Claude Gallot (31 ans) et Benjamin Liard (21 ans), qui déclarent le décès. Sont-ils venus avec leur tante ? Toujours est-il que Pierre Claraz est « décédé hier à trois heures du soir » (le coup de feu a-t’il été entendu par les voisins pour être aussi précis ?) « rue Juiverie N°8 ». Mystère !
Sous cet article de 1889, on apprend l’accident de Victor Guironnet. Cette fois, son nom est cité : il est mort « d’une ruade de cheval » [3] C’est lui qui m’a conduit vers le marchand de laine !
- Mort d’une ruade