Introduction :
Claude DUFOUR est baptisé, le 12 novembre 1754, à Montmarault, dans l’Allier.
L’acte de baptême précise « fils légitime de Claude DUFOUR chirurgien et de Anne LAUTIRON son épouse. Son parrain est … Claude DUFOUR !
Pas moins de 3 Claude DUFOUR lors de cette cérémonie ! [1]
Cet acte est pourtant « un faux » car Claude DUFOUR et Anne LAUTIRON ne sont pas mariés !
Claude DUFOUR père :
C’est un chirurgien ambulant, ou plutôt un « maître chirurgien de la maîtrise du Forez du diocèse de Lyon » comme nous l’apprendra l’acte de naissance d’un de ses autres fils, Charles, né à Sancerre le 30/11/1757. Il est en fait veuf et vient de rencontrer Anne LAUTIRON il y a quelques mois en passant par Ris, dans l’Allier !
Anne LAUTIRON :
Anne LAUTIRON (ou LOTIRON selon qu’on écrive en langue d’Oc ou d’Oïl) est née, vers 1730 à Ris, fille de Jean LOTIRON, un bourgeois, et de « Pétronille » DEROLIN. Pétronille est vraisemblablement un surnom car les deux frères LOTIRON, Gilbert et Jean, épousent, le même jour, le 26/02/1715 à Mariol (03), deux sœurs appelées toutes deux Marie ! Il faudra bien pouvoir les différencier !
Anne se marie le 09/02/1745 à Ris, avec Antoine DROUET (ou DROIT en Oïl) originaire de Reims et huissier royal ! Ils auront 4 enfants : Jean Joseph (en 1747), Antoine Joseph (en 1748), Joseph (en 1750) et Anne, née le 13/09/1752.
Elle rencontre donc Claude DUFOUR au cours de l’année 1753 ou au tout début 1754.
Qu’est ce qui a poussé cette femme qui mène une vie bourgeoise à quitter ses 4 enfants et à se lancer sur les routes encore très inconfortables et les rivières avec un chirurgien ambulant ?
L’amour ? La peur de l’opprobre lorsqu’elle s’est retrouvée enceinte ? La soif d’aventures, le besoin d’inconnu ?
Claude DUFOUR et Anne LAUTIRON :
Les voilà partis sur les routes. La première étape, comme on l’a vu plus haut est Montmarault dans l’Allier où naît Claude, le premier enfant.
Ils auront, au moins, 3 autres enfants :
◦ Charles, né à Sancerre, Cher, le 30/11/1757,
◦ Thibaud Michel, né à Vierzon, Cher, le 09/07/1760, [2]
◦ Marie Rose, née à Meymac en Corrèze, le 03/05/1762.
Enfin, ils apprennent le décès d’Antoine DROUET le 16/03/1763 à Ris et se marient, à l’église collégiale et paroissiale Saint Jean Baptiste de Dijon (Côte d’Or) le 18/05/1764.
Ensuite, je perds leur trace …
Claude DUFOUR fils :
… jusqu’au mariage du fils Claude DUFOUR, le 21/07/1781 à Apchon (Cantal) où est présent « Jean Baptiste COUSIN, beau-père de l’époux ».
Eh oui, Anne LAUTIRON s’est mariée une 3e fois, encore avec un chirurgien ambulant du nom de Jean-Baptiste COUSIN, originaire de Lyon, après le décès de son second mari, Claude DUFOUR.
N’étant pas présente au mariage de son fils, on peut supposer qu’elle est également déjà décédée en 1781, d’autant plus que Jean Baptiste COUSIN « veuf en secondes noces de dame Anne Lotiron » se remarie, le 30/09/1783 à Antignac (Cantal). Lors de ce dernier mariage, les certificats de probités fournis par Jean Baptiste COUSIN permettent de reconstituer les trajets de la famille entre octobre 1777 et septembre 1783 :
Formé par son père, il n’est pas « Maître Chirurgien », mais simple chirurgien ambulant et, contrairement à ses parents, il ne va pas courir la France, mais rester dans une zone située à cheval sur le Cantal et la Corrèze, avec une clientèle de petits notables locaux.
Il se marie avec Geneviève SALSAC, fille d’un marchand d’Apchon (Cantal), dont l’arrière grand-mère, Elyse DUPUY de DIENNE est la dernière descendante de la branche DUPUY / DELPECH de la noble famille DE DIENNE, apparentée à la famille d’APCHIER et aux CHATEAUNEUF DE RANDON en Lozère.
De ce mariage naîtront, au moins, 6 enfants :
◦ Jean Baptiste, le 02/01/1784 à Soursac (Corrèze)
◦ Antoine, le 22/08/1785 à Lugarde (Cantal)
◦ Marie, le 06/06/1787 à Saint Santin Cantalès (Cantal)
◦ Guillaume, le 18/12/1789 à Moussages (Cantal)
◦ Anne, le 22/10/1792 à Saint Chamant (Corrèze)
◦ X (fils), avant le 16 Messidor an IV à Saint Chamant (Corrèze).
Claude DUFOUR fils : un enfant sans prénom !
Ce dernier enfant n’a pas de chance : lorsqu’il naît, il n’y a plus de papier à Saint Chamant et son acte de naissance ne sera enregistré que plus tard ainsi que deux autres actes. Le rédacteur inscrit des faits rapportés par un tiers et le prénom de l’enfant n’est pas indiqué !
Ledit Blandine nous a dit luy avoir étté déclaré par Claude Dufour chirurgien demeurant au chef lieu de la commune de Saint que Geneviève Salchac son epouze cette accouché d’un enfant malle quil luy a présente et auquel il a donner le prenom de
D’aprè cette déclaration que ledit Blandine madit que luy avoir ette certiffié par Jean Delmas, Jean Espargilliere du chef lieu de cette commune jay redigé le present acte signié dudit Blandine et Dufour père et non les témoins qui ont declare ne le savoir faire
Fait a Saint Chamant le seize mesidort an quatre de la république francaise.
Signé Chatour, agent municipal
Claude DUFOUR fils : tambour et joueur de violon !
La famille est arrivée à Saint Chamant entre 1790 et 1792. Lors de la naissance d’Anne, en octobre 1790, Claude DUFOUR est déclaré « tambour de la garde nationale du lieu ».
Depuis son arrivée à Saint Chamant, il semble rester sédentaire. Il faut dire que la révolution n’aime pas trop les mouvements et réglemente aussi la profession : les chirurgiens ambulants deviennent « officiers de santé ».
Mais Geneviève SALSAC décède le 04/10/1806 et il se retrouve seul avec, au moins 5 enfants, car la petite Marie est décédée en bas âge. Alors, à 54 ans il se remarie avec une jeune fille de 21 ans, Marie GRAFOUILLERE, le 08/02/1787 à Argentat, et devient cultivateur. Ils auront, au moins, deux enfants :
▪ Jean, le 15/10/1809
▪ François, le 12/05/1812
Enfin, il décède le 06/12/1817 à 63 ans ; il est déclaré « joueur de violon » sur son acte de décès et « charlatan vendeur de baumes » sur la table d’enregistrement des décès !
Conclusion :
Quels destins que ceux des Claude DUFOUR ! Mais pourtant, mon coup de cœur, c’est pour mon aïeule Anne LOTIRON. Quelle histoire, quelle vie ! J’imagine son quotidien sur les routes, avec les enfants à nourrir, vêtir, éduquer … sans savoir de quoi le lendemain sera fait et où l’activité de son mari va la conduire … N’a-t-elle pas souvent regretté sa première vie de bourgeoise de province ?
Il me reste beaucoup à découvrir encore sur ces personnages : d’abord, quelles sont les origines de Claude DUFOUR l’ancien ? Où a-t-il passé sa maîtrise de Chirurgie ? A Montbrison, dont l’hôpital était très actif au milieu du XVIIIe siècle ? Et où est-il décédé ?
Et Anne LOTIRON, où s’est elle remariée avec Jean Baptiste COUSIN ? Où a-t-elle fini ses jours ?