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Chronique de la courte échelle faite à Mireille pour grimper dans son arbre…

avec l’atelier généalogique HCP (la frise a été dessinée par Claire Baumgarth).

Le vendredi 5 mai 2023, par Michel Baumgarth, Mireille Maquaire

Depuis quelque temps Mireille était titillée grave par un questionnement obstiné :

d’où viens-je ?

Coïncidence ou appel du destin, une affiche dans la médiathèque de notre bonne ville de Saint-Hilaire de Riez invitait ses habitants à une exposition réalisée par l’atelier généalogique de l’association Histoire, Culture et Patrimoine du pays de Rié  [1].

Bien sûr, Mireille ne put résister au chant des sirènes et elle fut la plus enthousiaste de nos visiteuses, scotchée devant chaque panneau, hypnotisée par la moindre de nos photos centenaires, béate devant la graphie des actes exposés, attentive au moindre détail, insatiable quêteuse d’explications, avide quémandeuse de précisions et quasi baveuse d’envie devant les arbres et autres roues d’ascendance.

Mais le succès d’une exposition destinée à déclencher le déclic du passage à l’acte chez les postulants à une nouvelle activité est sa propre pierre d’achoppement : être au top niveau induit de facto chez les visiteurs béotiens l’angoissante retenue du “bon Dieu, c’est trop génial, mais moi, pauvre minus habens, jamais je ne serais capable de faire ça !”

Ce cabrage intempestif devant l’obstacle est un grand classique, mais nous en connaissons bien la parade : la récalcitrante étant à la fois rétive et motivée, il a suffit de lui affirmer péremptoirement que nous sommes sympathiques et que nous savons faire la courte échelle à ceux qui craignent d’avoir les jambes trop courtes pour grimper dans leur arbre.

La mémoire familiale

Mireille se laissa convaincre et fit ses premiers pas en réquisitionnant la mémoire familiale : les vieilles tantes de sa tribu furent ravies de mouliner leur passé et lui permirent de se hisser fièrement jusqu’à son aïeul Lazare Maquaire qui élevait sa couvée aux confins de Paris, en Seine Saint-Denis, au tout début du siècle dernier.

Du haut de son arbricule, notre Mireille fut prise de vertige devant l’imprécision de ces données : “et je fais quoi, maintenant ?”.

Le «  je  » du “je fais quoi” fut apprécié à sa juste valeur par notre groupuscule car il était en parfaite adéquation avec notre credo qui est de ne pas faire à la place de , mais d’être toujours présents pour accompagner.

Notre confrérie entama aussitôt ses palabres qui tiennent plus du caquetoire [2] que du magistère [3] : c’est important de laisser notre cénacle délirer tous azimuts : ça le soude, ça facilite l’apprivoisement réciproque, ça évite l’inhibition des plus timides et ça nous fait bien de la joie.

Géopatronyme.com

Michel ne put s’empêcher de suggérer qu’en prime intention nous allions jauger le patronyme Maquaire sur “géopatronyme.com”, son site fétiche dont il nous rebat les oreilles à la moindre occasion. C’est ainsi que Mireille en fit la découverte avec délice en se mettant aux manettes internetiques :

Nous sûmes donc que les cigognes déposèrent seulement 217 bébés Maquaire en France entre 1891 et 1915, que Paris n’eut droit qu’à 14 colis et la Seine Saint-Denis à 4 ; voilà qui était fort prometteur et notre géopatronymopathe en rougit de fierté.

Le sourire de Mireille s’épanouit…, puis s’évanouit presqu’aussitôt quand elle comprit que les actes de naissance des enfants de Lazare étaient forcément aux archives de l’un de ces deux départements, mais que les y dénicher serait un chantier titanesque puisque la Seine Saint-Denis ne compte pas moins de 40 communes et Paris 20 arrondissements !

La grimace de frustration que fit notre apprentie fut cependant fugace, car elle fut promptement chassée par notre invitation à cliquer sur la ligne du département 93 :

Alors, “du coup” (comme le disent désormais nos djeunes), de la terrifiante cohorte des 40 communes, il n’en restait plus que 3 à explorer [4] !

Euphorique, Mireille était prête à partir derechef à l’assaut des répertoires des registres des 24 années de ces 3 communes (Ah, bah oui,… ça fait quand même 72 registres !). Nous stoppâmes illico ses velléités par un : “keep cool, il y a une astuce pour réduire sérieusement le boulot…”.

Des tables décennales aux actes

Et c’est ainsi que notre disciple fit la connaissance des tables décennales… Ce lui fut un jeu d’enfant de se familiariser avec le mode d’emploi de cet outil incontournable et d’en extraire la substantifique moelle :

Mais il y avait un hic : notre récolte était bien trop pléthorique puisque chacun des 3 prétendants se doublait d’un parfait jumeau aux mêmes trois prénoms identiques, mais à deux dates différentes ! … bizarre… bizarre…

Mireille était perplexe ; mais nous, nous ne l’étions pas car nous avions repéré la présence d’un R alambiqué après les prénoms. Fortement surexcitée, elle prit d’assaut les registres de naissances et gagna sa première victoire : ces Maquaire-là étaient bel et bien de sa tribu ; il y avait bien là trois rejetons de son grand-père Lazare Maquaire et de Léontine Talva.

Quant au triple dédoublement, en vieux briscards blanchis sous le harnais, nous avions esquissé entre nous un sourire complice en supputant, mais sans toutefois l’exprimer verbalement , qu’il s’expliquait évidemment par des reconnaissances ultérieures (Eh, oui, c’est ça la pédagogie, il faut savoir laisser du temps au temps pour la découverte…).

Les vénérables tantines avaient exhumé de leur souvenance une fratrie de 5 bambins pour Désiré Henri Paul, le père de Mireille. Nous lui tenions là deux frères et une sœur ; il nous en manquait 2.

Géopatronyme nous laissait espérer l’existence d’un autre à Saint-Denis, mais la table décennale 1903-1912 ne livra aucun Maquaire et celle de 1913-1922 n’est toujours pas en ligne (Eh, oui, Mireille, tout n’est pas en ligne, il faudra faire autrement…)

Mais il ne fallait pas négliger l’option de possibles naissances parisiennes : l’insatiable Mireille se lança : “géopatronyme/ Maquaire / 1891-1915 / Paris”, puis clic sur “Paris” :

Les actes de naissances

Désormais aguerrie aux tables décennales, Mireille s’imposa le pensum de dénicher les impétrants et les dates idoines, puis sur sa lancée et, sans même quêter notre approbation, elle s’infusa la corvée de besogner les registres de naissance et finalement en extirpa une élue, mais une seule : Marie Marthe Désirée Maquaire, née le 9/9/1904 à Paris 20e et donc aînée des précédents.

Mireille exultait : 3+1 = 4 ; avec son père Désiré, il y avait là 5 des 6 rejetons in memoriam tantinae de Lazare Maquaire et de Léontine Talva. Mais où est donc passé le 6éme ?

Nos palabres reprirent : “ Mais, au fait, Mireille, ton père Désiré, il est né quand et où ? ” “…le 1er mai 1916 à Juvisy sur Orge …” ;“… en 1916 et à Juvisy !” ; “… du coup, ce n’est pas lui notre inconnu de 1891-1915 à Pantin !”… On pourrait aller voir si Désiré n’a pas été précédé ou suivit par un autre surgeon Maquaire à Juvisy…”.

Cette bonne idée achoppa sur un écueil imprévu : les tables décennales 1903-1912 et 1913-1922 de Juvisy ne sont toujours pas en ligne !

Cette lenteur de la mise en ligne des archives irrite fortement les moins aguerris de notre groupe ; nos plus anciens, eux, bien qu’impatients, sont plus tolérants car ils ont bien connu le temps des expéditions en salle de lecture des archives et mesurent les progrès accomplis.

C’était donc la deuxième fois que cette carence nous privait d’une réponse facile et comme ces échecs avaient eu lieu devant notre néophyte, notre aura collective risquait de se fissurer.

Alors nous fîmes une pause pour répondre à la menace qui pesait sur nos ego : comment pallier l’indigente mise en ligne des tables décennales ?

Ça cogita sec dans l’assemblée et les propositions fusèrent de tous côtés : “Généanet !...” , “Filae !..”., “les recensements ! …”.

Les deux premières options se heurtèrent à un véto furibard de Michel : “ Ah non !... c’est trop facile d’aller jouer les vampires et de pomper le travail des autres ; d’ailleurs, ça nous priverait du plaisir de la recherche, ça n’enrichirait pas l’expérience de nos débutants et, en plus, c’est même dangereux du fait des âneries qu’on peut plus que parfois y trouver ! ”.

Les recensements

Pour ne pas indisposer l’énergumène, nous fîmes consensus sur les recensements et ce, d’autant plus que leur pratique est incontournable en généalogie et que Mireille devra forcément en devenir experte.

Patrick se chargea de déniaiser notre béotienne en exposant brièvement la nature des documents et l’intérêt qu’on pouvait espérer en tirer.

Les mirettes de Mireille se dilatèrent de concupiscence : connaître la composition de toute la famille ... et tous les 5 ans ... c’est fabuleux !

Frédéric doucha un peu son enthousiasme : “ Ouais, mais pour ça, il faut déjà connaître le lieu de résidence au moment du recensement ; ils habitaient où tes zozos ?”.

Mireille se rebella : “l’adresse de mon arrière grand-père, il y a plus de 100 ans !... vous vous foutez de moi ? ”. Nous, en chœur : “ Mais si, tu la connais, cherche un peu… ”.

Il ne fallut que quelques minutes de réflexions à notre Sherlock pour nous sortir un triomphant “…Ah, bah oui,… sur les actes d’état-civil ! ”.

Dés lors, il suffirait d’ajuster au mieux la concordance des dates de naissances des enfants avec les années de recensement pour supputer la ou les communes à investiguer.

Frédéric, résolument sadique, poursuivit ses mises en garde : “ mais, il y a un handicap à surmonter : le classement n’est pas fait par patronyme, mais par ordre alphabétique des rues [5]  ; grâce à l’adresse, tu évites de te farcir la lecture du registre page après page ; mais ça reste quand même un peu fastidieux ”.

Notre cercle peaufina la mise au point de la stratégie : les recensements ont eu lieu en 1906, 1911, 1921 … ; or Léontine a accouché à Pantin de Lazare fin mai 1906 et de Rachel en 1908 ; avec un peu de chance, le recensement de 1906 à Pantin pourrait être productif. Quant à celui de 1911, il succède de peu à la naissance de Joannès en 1910 aux Lilas…

Mireille voulu en rajouter : “…et mon père Désiré est né à Juvisy sur Orge en 1916 ; on pourrait faire le recensement de cette ville en 1921... ”.

Le groupe mis le pied à l’étrier à notre tête chercheuse en lui faisant ébaucher le travail, puis nous nous séparâmes et elle emporta ses devoirs à faire à la maison pour la prochaine réunion.

Aucun d’entre nous n’avait eu d’appel à l’aide pendant notre pause dihebdomadaire et le sourire qu’elle arborait lors nos retrouvailles laissait augurer qu’elle n’avait pas fait que survivre à l’épreuve et qu’elle nous rapportait du concret :

• le recensement 1921 de Juvisy n’était pas en ligne …

• le recensement 1906 de Pantin, au 58 rue Charles Nodier, ne lui avait livré que Lazare le patriarche, sa Léontine, Marie Marthe et Lazare fils.

• quant au recensement 1911 des Lilas, au 11 rue des écoles, il ne nous apprend rien de plus puisqu’aux 4 précédents s’ajoutaient seulement Rachel et Joannès déjà connus.

Il faut l’avouer, c’était là un bilan un peu maigrichon eu égard à l’ampleur de la tâche qu’elle avait accomplie, mais Mireille, philosophe, se consola d’un : “ Bah, au moins, j’ai appris la technique et comme ça, on est sûr qu’il n’y a pas eu d’enfant supplémentaire entre 1906 et 1911” [6].

A vrai dire, nous étions à peine déçus : les essais infructueux sont l’aiguillon qui stimule le chercheur d’ancêtres. Et puis ce n’était même pas une impasse puisqu’il suffirait d’aller sur place aux archives pour avoir nos réponses.

Quasi en état de manque, les plus accros à Généanet firent une nouvelle tentative : “bon, alors on fait quoi, maintenant ? ”. En bon terroriste intellectuel, Michel se montra inflexible : “ je n’ai pas envie que vous me la pervertissiez ; il lui reste encore à acquérir quelques techniques de base avant d’aller se vautrer, comme vous, dans la facilité du prêt-à-consommer ; déjà on va lui retirer ses œillères sur les décès et les mariages. ”

Les actes de décès :

Où dénicher le décès d’un quidam dont les date et lieu de naissance nous sont connus ?

Les mentions dans la marge des actes de naissance n’avaient pas échappé à la sagacité de Mireille lorsqu’elle avait exhumé ceux de Marthe, Lazare fils et Joannés ; elle en fit la proposition et fut promptement félicitée ; mais cette transcription, bien qu’elle aie été assez fréquente du début au milieu du siècle dernier, est loin d’avoir été généralisée.

Suzanne fit alors l’apologie du récent fichier de l’INSEE sur les décès en France depuis 1970 : il suffit de taper le patronyme, puis le(s) prénom(s) et il apparaît sur l’écran la litanie (plus ou moins longue) des victimes de l’Ankou porteuses de ce pedigree entre 1970 et nos jours. Chaque fiche comporte la date et le lieu de décès (= ce que nous recherchons), mais aussi ceux de naissance ( et ceux-là, nous les connaissons déjà) ; l’élu(e) est donc promptement repéré(e) [7].

Et Gérard d’ajouter : “ En dehors de la généalogie, ce site peut aussi vous permettre de savoir si l’une de vos anciennes maitresses ( ou un vieux copain d’école ou de régiment) est partie ad patres ou sévit toujours ici bas ”.

Mireille, en bon Saint-Thomas, s’empressa de vérifier : elle tapa Maquaire Désiré Henri Paul ; un seul résultat lui fut proposé : un natif de Juvisy sur Orge le 1er mai 1916 ; c’était bien son père et la fiche précisait qu’il est décédé le 21/1/2001 à Lavilletertre dans l’Oise.

Les actes de mariage :

Comme Brassens, (“J’ai l’honneur de ne pas te demander ta main…”), Léontine et Lazare avaient fait la nique au curé et au maire en ne faisant pas estampiller leurs amours par la République et l’Eglise ; nous ne cherchâmes donc pas un document qui n’avait pas lieu d’exister. Mais le problème se pose pour les couples moins avant-gardistes.

Bien sûr, là aussi, il y a l’éventualité salvatrice d’une mention marginale sur l’acte de naissance ; c’est ce que nous fit remarquer Mireille à propos de ceux de Lazare fils, Rachel et Joannès.

Mais que faire en son absence ?
De la réflexion et des échanges du groupe, il ne sortit que deux palliatifs :

• d’abord tenter de se fier à l’usage qui voulait que la cérémonie aie lieu dans le fief de la promise, lequel est assez souvent son lieu de naissance ;

• puis, en cas d’échec, se rabattre sur le constat que le mariage précède souvent une naissance ou la suit de peu pour ceux qui ont fêté Pâques avant les rameaux. Le couple a donc résidé en ce lieu de naissance et, peut-être, s’y est marié… Un coup d’œil sur les tables décennales des mariages de cette localité pour cette période s’impose donc.

Anticipant une nouvelle velléité des accros à Généanet, Pierre développa une remarque très pertinente : “ Finalement, la vie de nos aïeules était rythmée par les grossesses ; pour leurs hommes, les grandes perturbatrices de leur vie routinière, c’étaient l’armée et surtout la guerre. Savoir se dépatouiller un peu avec les archives de l’armée est donc indispensable ; sans trop charger la mule, le minimum minimorum, c’est la fiche matricule !”.

Tous acquiescèrent, …même la mule !

La fiche matricule

Pierre nous offrit alors un exposé sur le sujet aussi clair que concis :

• La conscription militaire obligatoire pour tous les hommes a été décrétée en 1798 et connu des modes variables pendant le 19e siècle : tirage au sort, remplacement, exemption…Depuis 1905, on est passé au service militaire effectif pour tous, sauf évidemment les réformés.

• bien sûr il reste de nombreuses traces de tout ça dans les volumineuses archives militaires et en particulier la fiche matricule de chaque soldat qui relate toute sa carrière. Elle a été généralisée depuis 1872.

• Dans leur vingtième année, tous les garçons se faisaient recenser à la mairie de leur domicile, passaient le conseil de révision et étaient enregistrés dans les registres matricules de leur département de résidence qui peut donc être différent de celui de leur naissance.

• A l’intérieur des registres, les matricules sont classés par numéro et non par patronyme ; il faut donc dénicher d’abord le numéro matricule.

Bon, Mireille, on se lance avec ton grand-père Lazare : “ il est né où ? »”, …“… dans le recensement de Pantin de 1906, il est noté né en 1879 à Lyon »”. On vérifie rapidement : archives du Rhône/tables décennales/registres des naissances nous donne bien 7/1/1879 à Lyon.

“archives du Rhône/recrutement militaire-recherche ciblée-rhone.fr” nous donne accès aux tables alphabétiques pour les 5 bureaux de recrutements pour la classe 1899 (la classe = l’année de naissance + 20 ans) ; mais il ne s’y trouve aucun Maquaire et a fortiori pas notre Lazare. Il n’était donc pas domiciliédans le Rhône à ses 20 ans. Mais où diantre était-il à cette époque ?

Peut-être en région parisienne puisqu’il y devient père de Marie Marthe Désirée en 1904 à Paris20ème. Nous renouvelons l’opération aux archives de Paris : “matricules/classe 1899” et nous letrouvons au 1er bureau :

Mais bizarrement la fiche matricule n’est pas au rendez vous [8] :

Claude proposa qu’à défaut du père, nous nous rabattions sur les fils Joannès et Lazare.Pour eux aussi, nous étions obligés de supputer qu’ils ne s’étaient pas trop éloignés de leur lieu denaissance à leur 20 ans : Pantin, les Lilas, c’est la Seine ; donc les archives de Paris.archives de Paris/matricules/classes 1926 et 1930 ; c’est gagné :

Mais les dieux n’étaient pas avec nous car les fiches matricules ne sont en ligne que jusqu’à 1921. Devant cette scoumoune persistante, il nous fallait trouver un plan B pour terminer notre apprentissage ; Michel nous prêta son grand-père Adrien Baumgarth né à Paris 11e le 9/12/1891. Archives Paris/matricules/classe 1911-4e bureau : le numéro matricule est 3416 et la fiche était là :

nous nous attardâmes un peu sur son contenu : il y avait là tout son périple militaire, mais aussi ses adresses jusqu’en 1946 et nous sûmes même qu’il mesurait 1,64 m et avait les yeux bleus ! Ouf ! Nous étions quand même venu à bout, sans déchoir, de la formation “matricule“.

Nous avons fini de passer en revue les outils essentiels des archives ; avec un peu de pratique Mireille en sera bientôt une virtuose. Il nous reste à voir les précieux sites généalogiques.

Généanet

Patrice fit une brève présentation de Généanet : “ le site Généanet est parti de l’idée géniale de la mutualisation des arbres : le généalogiste lambda ( moi, vous…) met son arbre en ligne et tout le monde peut le consulter ; donc si un autre adhérent a déposé des données sur une personne qui m’intéresse, elles me sont accessibles et si je ne les connaissais pas, ça me donne des pistes … On peut aussi contacter les auteurs qui sont peut-être de lointains cousins. Un deuxième volet de Généanet, c’est la mise en ligne, par les gestionnaires, de fichiers de divers documents d’archives ; eux aussi sont accessibles à partir du patronyme. De plus un système d’alerte patronymique nous prévient ( à notre demande) des nouveaux arrivages”.

L’entrée Maquaire nous donna 33784 arbres et 13586 documents d’archives ! C’était très impressionnant, mais évidemment ingérable ; le champ fut réduit à Maquaire Lazare, ce qui nous livra 4 arbres et 15 documents d’archives ; nos fins limiers partirent renifler la piste avec avidité ; bien sûr, ils ne trouvèrent là que quelques frêles rameaux dont quelques uns mentionnaient brièvement notre Lazare et sa Léontine :

• L’un d’eux leur donnait pour fils un Paul Maquaire :

…un Paul Maquaire que notre flair et nos vérifications permirent de réhabiliter en notre Joannès déjà connu.

Après vérification, nous tenions là notre 6éme rejeton de Lazare et de Léontine, né à Juvisy, trois ans avant la naissance du père de Mireille ; Généanet nous a donc permis de contourner l’obstacle des non-mises en ligne des tables décennales et des recensements et d’économiser une visite aux archives.

Certes c’était là un sacré coup de chance, mais c’est le genre de trouvailles que permet Généanet – béni soit-il ! –

Il faut toutefois ajouter un bémol sur la fiabilité des cadeaux Généanet : les arbres sont élaborés par les adhérents et peuvent ne pas être fiables, soit par suite d’une erreur d’interprétation du déchiffrage de documents par les auteurs, soit, hélas, parce que ceux-ci ont recueillis les données fallacieuses sur un autre arbre en ligne et les ont copié-collé sans vergogne et sans aucune vérification.

Et Filae ?

Généanet et Filae reposent sur ce même double principe : la mise en ligne des arbres élaborés par les adhérents et la mise à disposition par les concepteurs du site de fichiers de données tirées de différentes archives ; Filae semble être la même chose que Généanet et pourtant il n’y a pas redondance puisque les arbres et les fichiers respectifs sont en grande partie différents.

Nous avions déjà rempli notre contrat : les 6 enfants de Lazare et Léontine étaient retrouvés. Mais comment résister au plaisir d’aller fouiner encore ? Nous nous sommes donc jetés sur Filae en croisant le nom Maquaire avec les prénoms que nous avions collectés, puis avec les villes où nous les avions rencontrés.

Quantitativement nous fûmes certes un peu déçus ; mais nous fîmes une découverte inattendue : “Maquaire/ les Lilas ” nous livra Joannès que nous connaissions déjà, mais il y avait aussi une Rachelle …

… Rachelle, pas Rachel ! Mais la curiosité nous poussa à aller y voir de plus près en cliquant sur l’icône de l’état-civil à droite ; l’acte de naissance nous livra les parents : Lazare Maquaire et Léontine Talva ; il y avait donc eu 7 enfants dans la famille !

Rachelle en était l’aînée, née le 15/6/1902 et décédée sept heures plus tard ; sa très éphémère existence n’avait laissé aucune trace dans la mémoire des tantines.

Cette découverte inespérée de Rachelle avait eu un effet bizarre sur le comportement de Frédéric qui frétillait sur son siège : il avait repéré une anomalie et il était impatient de pouvoir charrier un peu Michel : “ Dis-moi, ton Géopatronyme, il nous avait prédit une naissance à Saint-Denis et on n’en a pas retrouvé la trace dans les tables décennales ; il nous avait prédit aussi une seule naissance aux Lilas et maintenant Rachelle, avec Joannès, ça en fait deux ! ”.

Eric en remis une petite couche : “ je viens de vérifier : Juvisy, c’est dans l’Essonne et Géopatronyme n’y donne aucune naissance Maquaire ni pour 1891-1915, ni pour 1916-1945 ; donc Auguste et Désiré Henri Paul lui sont inconnus ”.

Les deux compères étaient ravis de leur show, mais restèrent tout à fait objectifs : “ Ces petites anomalies n’enlèvent rien au grand intérêt de ton Géopatronyme et on espère bien qu’ils vont le prolonger au delà de 1990”.

Alpiniste ou archéologue ?

Mireille était arrivée au bout de son cursus d’apprentissage ès chercheuse d’ancêtres, mais une dernière incertitude la tenaillait quant à la stratégie à tenir pour la construction de son arbre : recherche verticale ou horizontale ? En d’autres termes, est-il plus judicieux de compléter au maximum les données sur un individu ou passer rapidement au dessus ? Est-ce mieux de procéder par niveau d’ascendance ou de grimper par patronyme le plus haut possible ? Bref, alpinisme ou fouille minutieuse d’archéologue ?

La discussion s’engagea, chacun vanta ses méthodes et critiqua les options des autres, anecdota ses meilleurs réussites et ses plus beaux plantages… Notre conclusion : tu fais comme tu veux, tu fais comme tu peux, tu fais selon les circonstances et ton humeur ; mais tu respectes la règle d’or : on ne grave dans le marbre d’Hérédis que des événements vérifiés.

L’humour de Béatrice conclut le débat : “ Moi, je suis sûre que Mireille ne nous fera pas la honte en délirant jusqu’à prétendre descendre du machairodus  [9] !”.

Le parcours initiatique de Mireille était terminé : elle connaissait maintenant les outils de bases et, la pratique aidant, elle pouvait se livrer aux plaisirs solitaires de son arbre, mais aussi prendre toute sa place dans notre club des égaux (égaux, mais sans ego démesurés).

Addendum remue-méninges :

A peine adoubée, Mireille nous fit part d’une observation qui l’interpelait fort :

• Le couple Lazare/Léontine, bien que non marié, était tout à fait stable et a eu 7 enfants.
• Les actes de naissance des enfants sont rédigés en bonne et due forme : les deux parents sont mentionnés : Léontine est bien la mère légale.
• Pourtant elle vient les reconnaître personnellement plus tard :

  1. pour Marie Marthe Désirée, ce sera après 20 jours
  2. pour Lazare Jean Isidore, elle attendra 4 ans et 4 mois pour venir de la ville voisine des Lilas avec deux témoins.
  3. en même temps, elle reconnaîtra Rachel Léontine Fannie âgée de 2 ans et 7 mois.
  4. pour Joannès Louis Adolphe, ce fut avec un délai de 1 an et 7 mois.
  5. (Pour Auguste Charles Christian et Désiré Henri Paul, les registres des naissances ne sont pas en ligne ; nous n’avons pas pu vérifier.)

Le comportement de Léontine est effectivement pour le moins étrange ; notre réflexion commune n’a trouvé aucune réponse aux questions qui se sont imposées à nous :

• Ces reconnaissances sont-elles simplement redondantes ou modifient-elles le statut juridique de la relation mère/enfant ?
• S’il existe un intérêt patent justifiant la motivation de ces reconnaissances, pourquoi Léontine a-t-elle laissé passer plus de 4 ans avant de se décider pour Lazare ?
• Forte de son expérience acquise pour le duo Lazare/Rachel, pourquoi Léontine a-t-elle encore attendu 1 an et 7 mois pour reconnaître Joannès ?

Nous, nous n’avons pas les réponses … … mais les lecteurs de la Gazette sont nombreux, expérimentés, fort astucieux et ô combien perspicaces ; sauront-ils pallier notre ignorance ?


[1Rié et non Riez, parce que telle était la graphie au temps d’antan.

[2Le caquetoire est un espace couvert, souvent en forme d’auvent, situé devant l’entrée de nombreuses églises, notamment dans le centre de la France. Il tire son nom du verbe caqueter (= bavarder à tort et à travers), car les paroissiennes pouvaient s’y abriter après les offices pour échanger les nouvelles ». (Wikipédia). C’est donc de facto un sas de décompensation spirituelle quelque part entre le sacré et le trivial.

[3« Magistère vient du latin magisterium, mot qui désigne la qualité du magister, « celui qui enseigne, le maître ». Le mot magistère désigne le pouvoir d’enseignement, l’autorité doctrinale ou ceux qui les détiennent » (Wikipédia).

[4et, au pire, 9 arrondissements parisiens.

[5d’où l’intérêt de colliger les adresses mentionnées sur les actes lorsqu’on les rencontre. le classement est parfois approximatif.

[6Sauf si son séjour ici bas avait été bref : né après R 1906 Pantin et mort avant R 1910 Les lilas.

[7La fiche n’étant pas filiative, l’absence de données précises sur la naissance hypothèque la
sûreté du résultat.

[8Mireille trouva l’explication bien plus tard : la recherche “ archives de Paris/matricules/ Maquaire Lazare/N°4459” donne bien la sentence pas de résultat pour cette demande  ; mais en remplaçant Maquaire par MaRquaire, c’est pourtant la bonne fiche qui apparaît avec la bonne orthographe Maquaire. Comprenne qui pourra ! En fait, il aurait suffit de taper le numéro matricule seul ( donc sans le nom ) pour obtenir la fiche.

[9Machairodus = le tigre à dent de sabre de la préhistoire.

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12 Messages

  • Bonjour à tous,
    En ce qui me concerne, j’ai une branche MACQUAIRE sur Romorantin

    Descendance de MACQUAIRE Philippon

    MACQUAIRE Philippon, N° 76544
    Laboureur à Châtres.Moulin de Boutet en 1511
    | .....MACQUAIRE Michau ?, N° 38272
    | ..... Laboureur à Châtres.Moulin de Boutet en 1511
    | .....| .....MACQUAIRE Denis Le Jeune, N° 19136
    | .....| .....xGENDREAU Laurianne
    | .....| .....| .....MACQUAIRE Jean Le Jeune, N° 9568
    | .....| .....| .....xMENARD Perrine
    | .....| .....| .....| .....MACQUAIRE Sylvain, N° 4784
    | .....| .....| .....| .....xDELABONNE Catherine
    | .....| .....| .....| .....| .....MACQUAIRE Michel, N° 2392 N : 06/10/1624 Romorantin (41) D : 02/06/1678 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....xDUMONT Barbe N : 21/05/1630 Romorantin (41) M : 04/06/1647 Romorantin (41) D : 24/12/1694 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....MACQUAIRE Sylvain, N° 1196 N : 28/07/1656 D : 21/08/1718 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| ..... Huissier royal
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....xPOUHAIR Marie Anne N : ../../1657 M : ../../1679 Marcilly en Gault (41) D : 12/01/1696 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....MACQUAIRE Antoine, N° 598
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....xRICHETIN Marguerite M : 06/02/1719 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....MACQUAIRE Jean Antoine N : 26/05/1720 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| ..... Maître chirurgien
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....xRICARD Marie Charlotte M : ../../1748 Vernou en Sologne (41) D : 09/09/1791
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....MACQUAIRE Nicolas Dominique N : 04/08/1761
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....MACQUAIRE Marie N : 28/08/1721 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....MACQUAIRE Jean François N : 12/10/1726 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....MACQUAIRE Marie Catherine, N° 299 N : 15/01/1731 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....xRICARD René M : 27/05/1754 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....RICARD Marie Anne N : 05/04/1755 Romorantin (41) D : 27/08/1755 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....RICARD Marie Charlotte N : 15/08/1756 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....RICARD Marie Gabrielle, N° 149 N : ../../1757 D : 28/10/1817 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| ..... Fileuse
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....xHÉRANT Gabriel N : ../../1750 M : 19/02/1787 Romorantin (41) D : 17/07/1818 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| ..... Tisserand
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....HÉRANT Gabriel Noël, N° 74 N : 28/05/1788 Romorantin (41) D : 22/06/1823 Romorantin (41)
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| ..... Tisserand journalier
    | .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....| .....xLECOCQ Marie Augustine N : 18/02/1789 Villeneuve sur Bellot (77) M : 20/12/1810 Romorantin (41)

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  • J’ai adoré cette chronique,et merci pour le style, gai et précieux sans être suranné.
    Les premiers pas dans l’enquête généalogique sont plus assurés quand il y a du compagnonnage. Ce qui fut mon cas.
    Mireille va devenir une "accro"

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  • Ah, si toutes les explications étaient aussi clairement détaillées et aussi drôles, comme les difficultés deviendraient plus faciles... On en redemande !

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  • Merci pour cette chronique faite avec humour.
    J’ai aussi dans ma famille quelques naissances hors mariages à cette époque et dans la région parisienne.
    Cette famille était plus ou moins anarchiste (d’où le refus du mariage).
    Pour la reconnaissance j’ai constaté dans certains cas qu’elle n’était faite que lorsqu’elle était nécessaire. Ainsi par exemple si un enfant était malade et allait à l’hôpital si la mère était reconnu comme mère légale c’était sans doute plus simple pour la suite. De ce fait les dates de reconnaissance varient selon les enfants.
    Dans un cas le père a reconnu tout ses enfants le même jour, lorsque la mère étant déficiente (dépression) il a voulu les prendre en charge. Je suppose que légalement il ne pouvait pas tant qu’il n’avait pas fait cette reconnaissance bien qu’il soit nommé sur les actes de naissances. Les enfants avaient été "placés" (selon la mémoire de l’un d’eux) le temps de la démarche.

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    • Bonjour,

      Oui, chronique instructive, et, en même temps, pleine d’humour !!
      Dans ma famille paternelle, également, beaucoup de naissances hors ( ou avant) mariages et de reconnaissances et de légitimations ( que je soupçonne de complaisance  🙂 ) lors de mariages tardifs. Mon père n’a appris que lors de son mariage avec ma mère qu’il était né 18 mois avant le mariage de ses propres parents, mais il avait été reconnu par les 2 lors de sa naissance.

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  • Bravo,
    J’ai adoré votre chronique et l’humour qui est associée.
    C’est très pédagogique cela donne une bonne connaissance des recherches.
    Merci c’est un pur moment de lecture.

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  • Chronique très agréable à lire....
    Je crois que Mireille est bien accrochée à son arbre....

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  • Merci de cette méthodogie que je vais reprendre afin de réorganiser mes propres démarches un peu « sauvages » ! Je suis très intéressée par vos dernières questions ayant moi même une ancêtre ayant accouché au moins deux fois d’enfants « sans père » et qu’elle n’a reconnu qu’à l’âge de neuf ans pour l’un de vingt ans pour l’autre …pourquoi ?
    merci beaucoup

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  • Bonjour
    Pour ma part, j’ai dans mon arbre une arrière arrière grand mère qui a eu plusieurs enfants hors mariage et de père non dénommé. Elle a reconnu chacun des enfants quand ils ont eu 20 ans.

    Philippe Cailloux

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  • Si un enfant est déclaré par une autre personne que l’un des deux parents ( par exemple sage-femme),à défaut de reconnaissance ultérieure, l’enfant n’existe pas juridiquement..Adieu l’héritage....

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