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Antoine Le Fort

Perceur au chantier de Caudan

Le vendredi 1er juin 2007, par Jean-Yves Le Lan, Josiane Le Lan

Antoine naît le 28 mai 1779 après-midi à Kermenponcost à Caudan dans le Morbihan.

Il est baptisé le lendemain par le recteur R. Jan, son parrain est Antoine Ferrant et sa marraine Marie Blainvaux [1] .

Antoine est orphelin très jeune, son père décède alors qu’il n’a que 6 ans. Il est élevé par sa mère Anne Le Fort [2] née Le Cloirec.

Acte de baptême d’Antoine Le Fort

L’an mil sept cent soixante dix neuf, le vingt sept may, jay baptisé ANTOINE LEFFORT né hyers l’après midy à KMENPONCOST du légitime mariage de PIERRE LEFFORT et ANNE LE CLOÏREC. Parein et mareine ANTOINE LEFERRANT et mareine MARIE LE BLAINVAUX qui ont déclarés ne savoir signer. R. Jan Recteur

En 1807, le 27 janvier, il se marie avec Françoise Le Guennec native de Caudan et demeurant à Lan Er Kergreis [3]. Sa femme étant mineure et orpheline de père et mère, un conseil de famille réuni le 29 décembre 1806, devant le juge de paix du canton de Pont-Scorff l’autorise à se marier avec Antoine. Tous les deux n’ont pas appris à écrire car ils ne peuvent pas signer à la mairie sur le registre des mariages. Antoine est alors cultivateur.

Le couple habite à Lanerkergreis et un an et demi après leur mariage, le 15 juillet 1808, Françoise accouche à son domicile d’une fille. Cette dernière est prénommée Françoise comme sa mère. Antoine a changé de métier, il est devenu perceur au chantier naval de Caudan. Son travail consiste à percer les couples et bordé en bois des coques de navire pour permettre leur assemblage à l’aide de chevilles.

Le métier de perceur


Dans l’Encyclopédie Méthodique de la Marine [4] il est écrit que : « les perceurs sont des gens qui percent, chevillent et gournablent les vaisseaux dans toutes les parties lorsqu’on les construit et radoube. Le métier de perceur est différent de celui de charpentier car il ne fait que percer avec la tarière et placer le fer et la gournable ; il cheville, virole et goupille les chevilles ou les rive selon les circonstances ». Les perceurs sont donc des ouvriers différents des charpentiers dont le métier consiste à percer les pièces de bois du navire permettant ainsi de les assembler avec des chevilles métalliques ou en bois (les gournables). Ce métier a disparu par le remplacement des coques de navire en bois par les coques en acier. Il demandait une grande adresse car il fallait percer au bon endroit et suivant le bon angle pour permettre un assemblage de qualité. Le perceur mettait aussi en place les viroles (rondelles) permettant d’écraser la tête d’une cheville métallique sans abîmer le bois ou les goupilles (dénommé épite de gournable) qui étaient des petites chevilles de bois enfoncées dans l’extrémité d’une gournable pour la tenir en place [5].

La tarière était l’outil du perceur. C’était un outil constitué d’une verge ou tige en fer en forme de cuillère acérée à son extrémité. A l’autre extrémité, il y avait un manche en bois perpendiculaire à la verge qui permettait de tourner la tarière dans le bois pour effectuer le perçage.

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Il existait plusieurs sortes de tarières dont la longueur et le diamètre variaient suivant les épaisseurs et la localisation des pièces en bois du navire à assembler.

Dans la construction d’un navire, le perceur était le corps de métier le plus nombreux après celui de charpentier. En effet, d’après Jean Boudriot, il fallait en 1784 pour construire une corvette de 280 tonneaux, 3,8% de perceurs et 15,4% de charpentiers. Les perceurs étaient plus payés que les charpentiers car ils touchaient 40 sols à la journée pour 30 sols pour le charpentier [6].

Un siècle plus tard, à l’arsenal de Lorient, Gérard Le Bouëdec donne des chiffres supérieurs, la profession de perceur représente en 1858, 8% des journées de travail nécessaires à la construction des navires du port de Lorient pour descendre rapidement à 3 % en 1876 avec le passage à la construction navale métallique. Les perceurs sont alors au nombre de 160 à 290 suivant le plan de charge du chantier [7].

Par la suite le couple aura 6 autres enfants, tous nés à Lanerkergreis en Caudan :

  • Jacques le 19 février 1810, décédé le 20 septembre 1811.
  • Marie le 26 août 1812.
  • Jeanne le 9 février 1815.
  • Marie-Hélène le 21 avril 1817, mariée avec Jacques Le Mahéno et décédée le 27 décembre 1852.
  • Joseph le 01 mars 1819, décédé le 19 juillet 1819.
  • Joseph le 12 juin 1820.

Acte de mariage d’Antoine Le Fort avec Françoise Le Guennec


L’an mil huit cent sept le vingt sept janvier à dix heures du matin par devant nous JULIEN JAFFRAY maire faisant les fonctions d’officier de l’état civil sont comparus ANTOINE LE FORT cultivateur né en cette commune le vingt six mai mil sept cent soixante dix neuf et demeurant au TOULDREIN fils majeur de PIERRE LE FORT décédé en cette commune le quatre novembre mil sept cent quatre vingt cinq, d’ANNE LE CLOIREC ci présente et consentente d’une part.

Et FRANCOISE LE GUENNEC née en cette commune le dix sept mars mil sept cent quatre vingt dix y demeurant à LAN ER KGREIS fille mineure de JACQUES LE GUENNEC décédé le dix ventose an douze et de THOMASE PENHOUET décédée le sept avril mil huit cent six les deux en cette est autorisée par un conseil de famille tenu devant le juge de paix du canton de PONTSCORFF a se marier avec le dit ANTOINE LE FORT en date du vingt neuf décembre mil huit cent six et enregistré a HENNEBONT le même jour par BOURDONNAY d’autre part.

Lesquels nous ont requis de procéder a la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites en cette commune les dimanches quatre et onze du présent mois à l’heure de midy aucune opposition au dit mariage ne nous ayant été signifiée faisant droit a leur réquisition après avoir donné lectures de toutes les pièces ci dessus mentionnée et du chapitre six du titre du code civil intitulé du mariage avons demandé au futur époux et à la future épouse s’ils veulent se prendre pour mari et pour femme chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que ANTOINE LE FORT et FRANCOISE LE GUENNEC sont unis par le mariage de quoi avons dressé acte en présence de JEAN PRECAZ cousin et tuteur de la contractante agé de trente sept ans de LOCUNEL CAUDAN, RENE LE PIMPEC demi frère à la contractante de la commune de LORIENT agé de trente huit ans, JACQUES LE FORT du TOULDREIN frère au contractant agé de vingt neuf ans et de LOUIS LETARNEC du RUSAN (non parent). Les quels après quil leur a été aussi donné lecture ont déclaré ne savoir signer ainsi que les comparants. Un mot rayé nul. J Jaffray Maire

Antoine décède à l’âge de 41 ans, 17 jours après la naissance de son dernier fils, au lieu dit Lanerguergreis qui se situe à proximité de l’arsenal.

Acte de décès d’Antoine Le Fort

Du trente juin mil huit cent vingt à dix heures du matin acte de décès de ANTOINE LE FORT perçeur au port de LORIENT agé de quarante un ans époux de FRANCOISE LE GUENNEC né en cette commune fils de feux PIERRE LE FORT et d’ANNE LE CLOIREC est décédé hier à midy au lieu de LANERGUERGREIS en cette commune suivant la déclaration à nous fait par JACQUES LE FORT agé de quarante quatre ans frère au décédé et RENE LE PIMPEC beau frère au décédé agé de cinquante quatre ans charpentier au port de LORIENT, tous domiciliés de cette commune qui ont déclaré ne savoir signer.

Constaté suivant la loi après lecture par nous maire officier public de l’Etat Civil de la commune de CAUDAN soussigné. Le Ferrant

Cet article a déjà été publié dans la Chaloupe, revue du Cercle Généalogique de Sud-Bretagne N° 79 du 3e trimestre 2006.


[1Registres paroissiaux de la Mairie de Caudan.

[2Autre orthographe LEFFORT.

[3Orthographe actuelle LANN-KERGREIZ.

[4Encyclopédie Méthodique de la Marine - Chez Panckoucke - Paris - 1787 - page 74.

[5Bataille (Louis) - Brunet (marcel) - De la Quille à la pomme du mât - Sociétés d’éditions géographiques maritimes et coloniales - Paris - 1937 - pages 58 et 59.

[6Boudriot (Jean) - Traite et navire négrier - Edité par l’auteur - Paris 1984 - page 28.

[7Le Bouëdec (Gérard) - Le port et l’Arsenal de Lorient - Librairie de l’Inde Editeur - Tome 4 - 1994 - pages 555 à 557.

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