Eugène Héricourt est un « Titi » Parisien, il a grandi dans le 3e arrondissement et c’est dans son quartier qu’il épouse, le 23 juillet 1874 [1], une Bretonne, Eugénie Nogue, originaire de Lorient. Il est fabricant de bronze comme son père, les parents Nogue exercent la belle profession de rentiers.
Leur fils, Maurice, nait à Paris en 1879 [2]. Tout semble aller pour le mieux jusqu’en novembre 1886 [3] où les époux sont placés en séparation de biens par jugement du tribunal de commerce de la Seine. Quant aux affaires de l’entreprise de bronze, Eugène endosse seul les difficultés, il est placé en redressement le mois suivant.
La famille migre dans un premier temps en Seine-et-Marne où, malgré ses difficultés passagères, le père n’hésite pas à donner (peu, mais il donne) à l’institut Pasteur pour la recherche contre la rage. Mr Héricourt Père est un amateur de balades en pleine nature, notamment à l’aube… Et avec un fusil… Seulement au petit matin de novembre 1895 [4], le garde-champêtre de Bussy-Saint-Martin, près de Meaux, le surprend à braconner… Il refait un don, cette fois à l’État. Au mois de mai 1900 [5], il se présente sur une liste municipale de Fontenay-sous-Bois, là encore la fortune ne semble pas lui sourire.
- À la ménagère »,
le commerce de la famille Héricourt
Archives Départementales du Finistère 2Fi09-314
Ce serait donc en 1891 qu’ils arrivent à Brest [6], et reprennent ce commerce du 15 place de la Liberté [7]. Dans un premier temps Eugénie et ses enfants. Eugène les rejoindra après son échec aux élections. Leur fils unique, Maurice, fait la connaissance d’une fille de Châteauneuf-du-Faou. Marie-Jeanne Dantec est employée de commerce et vit chez ses parents rue Saint-Marc. Sans doute ne convient-elle pas aux parents Héricourt ? Ils s’opposent au mariage ! Les amoureux se marient quand même, à Brest, en octobre 1904 [8].
Ce mariage ne dure malheureusement pas, car Maurice succombe au 15 place de la Liberté en 1913 à l’âge de 33 ans [9]. En grand amateur de sport, il était vice-président du Stade Brestois [10].
Six ans plus tard, en 1919 [11], c’est le père, Eugène, qui s’en va à la même adresse. Les deux veuves poursuivent donc toutes les deux la gestion du magasin, offrant des lots à l’occasion des tombolas de bienfaisance : des ustensiles de cuisine, mais également des vêtements d’une certaine valeur comme des pèlerines en mohair.
Le malin s’acharne sur la famille ; Eugénie Nogue disparaît au cours de l’hiver 1922 [12] à plus de 70 ans. La grande faucheuse n’a pas quitté la place de la Liberté et emporte Marie-Jeanne Dantec quatre mois après sa belle-mère [13], elle avait 40 ans.