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Accueil » Documents » Au fil des registres paroissiaux et des registres d’état civil » Les mentions insolites » 1744 : la mortalité du bétail à corne

1744 : la mortalité du bétail à corne

Le vendredi 14 décembre 2007, par Jacky Berger, Thierry Sabot

« Je soussigné certifie qu’il y eut une maladie si (soudaine ?) et si violente sur le bétail à corne dans l’année 1744, que dans le village d’Ouges, sur bien 200 vaches, il n’en demeura au plus que (trente ?) et ainsi des autres villages.
La maladie s’étendit si (vite ?) qu’elle tint plusieurs Provinces du Royaume, elle commença d’abord dans l’Alsace, se répendit ensuite dans la Lorraine, dans la Champagne, dans la Bourgogne, dans la (Bresse ?), dans la Comté, dans le Mâconnais, et très peu de villages dans toutes ces susdites Provinces qui ne fut attaqué. (La ?) contagion qui dura deux ans entiers, et à laquelle on ne trouva aucun remède, quoiquon n’en fit beaucoup : vrai fléau de (?)... Sage Curé. »

Source : Archives départementales de la Côte-D’or, Ouges 1674-1792 cote 5 Mi 12 R 18, vue 251.

Le contexte historique : Favorisée par les échanges commerciaux et les campagnes militaires de la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), la peste bovine, qui sévissait en Europe depuis 1742, est entrée en France vers 1744 par les frontières de l’Est, ce que confirme le curé d’Ouges. Elle va se répandre rapidement jusqu’aux portes de Paris et aux provinces du centre du Royaume (Aux provinces mentionnées par le curé, il faut ajouter le Berry, la Touraine, le Limousin, la Savoie, le Vivarais et le Grésivaudan). Selon Jean-Marc Moriceau, si la maladie contourna l’Auvergne, elle se prolongea jusqu’en « Frandre maritime où 35 % du cheptel aurait disparu ». Cette peste bovine est due à un virus proche de celui de la rougeole de l’homme. Selon La Nouvelle Maison rustique, les symptômes des maladies épizootiques (le terme apparaît vers 1765) sont partout les mêmes : « c’est toujours perte d’appétit, tristesse, larmoiement, diminution et cessation de lait, enfin cours de ventre et déjections sanguinolentes ». La maladie s’accompagne aussi « d’un mouvement de fièvre considérable, en sorte que le battement du coeur augmente de vivacité et de vélocité presque du double ». Dans la majorité des cas, et malgré la saignée et la grande diète préconisées par l’auteur de La Nouvelle Maison rustique, la maladie se solde par la mort de l’animal. Par chance, cette peste bovine n’était pas contagieuse pour l’homme.

Bibliographie :

  • Louis Liger, La Nouvelle maison rustique, 11° édition, 2 volumes, Paris, 1790.
  • Jean-Marc Moriceau, Histoire et géographie de l’élevage français, du Moyen Age à la Révolution, Paris, Fayard, 2005.

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