Quelles routes avait-il parcourues pour en arriver là ? Je l’ignorais. Je n’avais que des réminiscences de ses rares récits, de pudiques évocations qui m’avaient laissé entrevoir des chemins moins réjouissants que ceux des dix-sept jours de liesse du mois d’août 44...
Cependant, le temps passe, la mémoire s’efface, et je savais que j’étais la dernière détentrice de ses souvenirs. Je devais reconstituer son aventure, non seulement la sienne mais aussi celle de tous ses Frères d’armes oubliés sur le bord du chemin.
Après mille recherches, j’allais reconstituer le parcours chevaleresque de mon père. Un chemin singulier de chauffeur d’officier, (colonel Thuaire, chef du 2e Bureau du 2e Corps d’Armée), pour lui qui n’était qu’un simple jeune homme de la banlieue parisienne, un chemin lumineux dont les étapes figurent à peine dans les livres d’histoire : les prisons de l’Espagne franquiste, l’Afrique du Nord, la libération de Rome et de Sienne, le débarquement en Provence, les Campagnes des Vosges et d’Alsace, l’entrée en Allemagne, l’occupation de l’Autriche.
Recherches aux Archives militaires à Paris, rencontres émouvantes avec d’anciens camarades, accueil bienveillant de descendants d’officiers et entretiens passionnants, échanges d’informations sur Internet, courriers en Espagne, voyage en Autriche et une collection de livres incontournables me permirent de réaliser au fil des mois mon improbable entreprise.
C’est avec honneur et fierté que j’ai fait revivre dans cet ouvrage la Mémoire sacrée de mon Père, ainsi que celle de ses camarades, celle de son unité, celle enfin de la trop méconnue 1re Armée Française.
Préface de P. LEON MACGREGOR, soeur de l’auteur :
« Ce livre est une histoire d’Amour.
Et j’ose à peine ajouter quelques mots à un ouvrage si accompli.
En septembre 2002, nous avons eu la douloureuse tâche, ma sœur et moi, comme tant d’autres enfants avant nous dans les mêmes circonstances, de pousser la porte de la maison où nous avions grandi et de choisir parmi les objets rassemblés là depuis quarante ans, ceux qui allaient continuer leur vie dans nos foyers, en France et au Canada, et ceux dont nous allions nous séparer.(...)
Un soir, nous avons réuni dans une boîte, une très petite boîte, les “souvenirs de guerre” de notre père. De ces objets désuets, oubliés depuis si longtemps, je n’avais qu’un souvenir flou... Trois cadres accrochés dans notre maison, exposant des décorations que j’imaginais glorieuses, des rubans multicolores qui m’avaient tant intriguée lorsque j’étais enfant ... quelques papiers jaunis où figuraient des noms inconnus...Une petite fenêtre ouverte sur un père que nous connaissions si peu.(...) Un père parti trop tôt, qui nous a tellement manqué, et qui nous manque encore aujourd’hui.
De ces quelques objets, recueillis à la hâte dans une petite boîte un soir d’été, est né ce livre.
Grâce à lui, nos enfants, et leurs enfants après eux, sauront que quelque part, il y a bien longtemps, dans un pays qui ne sera peut-être même pas le leur, un jeune Français a refusé de s’avouer vaincu et a mis le courage et la passion de ses vingt ans au service de son idéal.
Ce livre est - bien sûr - le plus beau cadeau que ma sœur pouvait nous faire, à mes enfants et à moi-même.
Qu’elle en soit ici, à jamais, remerciée. »
Préface de Madame N. M., fille du colonel Thuaire
« Lorsque Frédérique Léon Guittat nous a demandé de préfacer son livre, nous avons été à la fois honorées et émues.
Honorées, car nous avions ainsi l’impression de collaborer quelque peu à l’immense travail de recherche, de rencontres, de rédaction, qu’elle avait effectué.
Emues de partager avec elle ces souvenirs de guerre, un peu confus en raison de notre jeunesse à l’époque : le débarquement des Américains à Salé (Maroc), vu de notre terrasse de Rabat ; le « Chant des Africains » entonné derrière notre maison, sur un terrain de sport où s’entraînaient de jeunes recrues ; l’absence de notre père, à l’époque Lieutenant-colonel Thuaire, pendant deux ans et demi, lorsqu’il participa aux Campagnes de Tunisie, d’Italie, de France et enfin d’Allemagne jusqu’en Autriche avec la 1re Armée Française ; après la guerre, notre séjour en famille à Lindau et à Bregenz.
Mais là, nous laissons la parole à Frédérique Léon Guittat qui a su, mieux que nous ne l’aurions sans doute écrit, faire revivre cette épopée, puisque le destin de son père s’est dès lors confondu avec celui du nôtre.
Grâce à ses nombreuses recherches historiques et aux multiples témoignages qu’elle a recueillis, elle a mis en évidence, presque au jour le jour, le quotidien d’une armée en opérations, avec ses tensions, ses aléas, ses deuils, mais aussi ses enthousiasmes, ses joies et ses anecdotes pittoresques - travail d’autant plus méritoire que la plupart des acteurs sont aujourd’hui disparus.
Frédérique Léon Guittat a su, au travers d’une mosaïque de faits glanés à tous les échelons de la hiérarchie militaire et grâce à des relations amicales, transformer son récit en une fresque vivante et nous livre ainsi une page qui rejoint la grande Histoire. »
Pour en savoir plus, merci de visiter le site Internet :
http://perso.wanadoo.fr/r-fre-dt.guittat/effelle/francais-libre/