Limoges. Mai 1940.
« C’est le mois de Marie ! C’est le mois le plus beau !
A la Vierge chérie, disons un chant nouveau. »
Le cantique a sûrement été entonné dans cette chapelle.
Les petites filles ont une couronne fleurie.
L’enfant de chœur n’a pas quitté sa soutane et son surplis.
La photo est probablement prise à la sortie de la messe.
Au deuxième rang à droite, Marie-Claude, 4 ans et son frère Jean, 5 ans, ne semblent pas avoir le cœur à la fête.
Ce cliché illustre un furtif micro-témoignage : parmi des centaines de milliers, deux jeunes enfants de banlieue parisienne dans la tourmente de l’exode.
Leur père, comme la plupart des hommes a été mobilisé. Marin, 2e classe-mécanicien, il n’a pas rejoint le « Jeanne et Geneviève » sur lequel il avait fait son service, mais une modeste péniche d’une compagnie de navigation.
Pas un instant, leur mère, infirmière à l’hôpital municipal, n’a envisagé de quitter « ses » malades trop mal en point pour être évacués.
Elle a confié les deux enfants à sa mère et à sa jeune sœur, employée des P.T.T. à Paris, qui doit suivre le service des chèques postaux, replié à Limoges.
Le voyage par le train se fera de nuit pour éviter le mitraillage. Pour obtenir les billets, il faudra 24 heures de queue au guichet (on se relaie).
Dans la pénombre, l’embarquement tient de l’abordage, les trains sont bondés, les voyageurs surchargés. Des militaires aideront à passer par les fenêtres les enfants terrorisés.
Ils seront accueillis dans une école religieuse, mais où précisément ?
Je n’ose espérer qu’un visage soit reconnu et le contexte précisé …
Le maigre indice du portail permettra-t-il à un Limougeaud, perspicace et observateur, d’apporter une réponse sur le lieu : chapelle, école paroissiale, congrégation ?
Grand merci par avance !