Que s’est-il passé en 1885 chez les Martin, lorsque Marie-Louise a avoué son état ? Denis, limonadier bien connu à Auch, a sûrement juré et tempêté, pensez donc, sa fille unique, mais qu’allaient donc en dire ses pratiques ! Françoise sa femme a dû s’effondrer en pleurs, non mais quel affront, on a beau être des gens modestes, on n’en a pas moins son honneur et sa dignité, et puis tu vas te débrouiller car ici il n’y a pas de place pour une fille qui a fauté !
- Marie-Louise Martin
On ne saura jamais. On suppose, on imagine, car à l’époque une fille-mère était montrée du doigt, il n’y a pas bien des années que la chose est devenue banale. Toujours est-il que le recensement de 1886 trouve notre Marie-Louise seule avec sa petite Henriette, travaillant comme modiste dans la rue Saint-Antoine (actuelle rue Daumesnil).
L’enfance d’Henriette, la jeune vie d’Henriette ? Elle n’en parlait jamais. Qu’est-ce qui a poussée Marie-Louise et sa fille Henriette à quitter Auch pour « monter » sur Paris dans les années 1900 ? On peut supposer qu’au décès des parents Martin les deux femmes ont souhaiter se rapprocher du cousin Jean Tournier (un industriel dans la chaussure), peut-être leur seule famille désormais.
En 1904, les voilà en région parisienne, à Montereau-fault-Yonne, 6 rue de la Poterne où Marie-Louise vit avec Jean Joseph Debouny, un Belge voyageur de commerce. Henriette se débrouille, travaille dans un café, rencontre un jeune cordonnier, tombe enceinte : l’histoire se reproduit. Mais heureusement, Théophile Victor est un gars bien, et le 26 Avril 1904 Henriette Martin devient Madame Pouplard. Il était temps : Jeanne naît le 20 Mai ! C’est le début d’une grande famille qu’Henriette portera de toutes ses forces, petit bout de femme au caractère bien trempé.
Marie-Louise, elle, toujours célibataire, décède le 1 février 1905, à peine un an après le mariage d’Henriette.
Mais alors, qui est cet homme inconnu, supposé franc-maçon, peut-être un Maître, dont j’ignore tout malgré mes recherches et que la rumeur familiale a toujours présenté comme le mari de Marie-Louise ?
Cette photo figurant dans l’album des photos de famille, on a supposé que ce monsieur était le père naturel de ma grand-mère. Un mien cousin, plus âgé que moi, m’a dit se souvenir de notre grand-mère Henriette cachant un papier mystérieux concernant un grade de franc-maçon, car il fut une époque où l’on préférait dissimuler d’éventuelles relations. Je n’en sais pas plus.
Questions : pourquoi un franc-maçon, habituellement discret, s’est-il fait
photographier rue de la Pomme d’Or à Auch ? Et qui était-il ? La Loge des
Cadets de Gascogne à Auch n’a pas pu me répondre.
Voilà, amis lecteurs, peut-être pourrez-vous me donner une piste, sinon tant pis, j’espère au moins que cette histoire et cette photo vous auront intéressé.