Résumé : Mauvaises graines, apaches, voyous, blousons noirs, racailles : les mots changent, la stigmatisation perdure pour qualifier les mêmes rejetons des classes laborieuses. Depuis deux siècles, les mentalités oscillent entre punir et éduquer. L’invention des lieux de punition réservés aux enfants débute en 1836 avec la Petite Roquette à Paris, première et unique prison pour enfants. Suivie en 1850 des maisons de correction et colonies pénitentiaires dénoncées près d’un siècle plus tard par Jacques Prévert comme des bagnes d’enfants.
Au tournant du siècle, un discours scientifique et médical défend l’idée d’une hérédité du crime et appelle à durcir les modalités d’enfermement. Ce n’est qu’à la Libération que naît dans l’opinion un consensus en faveur de la priorité de l’éducatif sur le répressif. Si les Trente Glorieuses saluent la montée des baby-boomers, une autre jeunesse fait peur, caricaturée par les médias : les bandes de Blousons noirs. Au lendemain de Mai 68, ce sont les travailleurs sociaux eux-mêmes qui dénoncent les foyers éducatifs comme étant avant tout des lieux de répression et de discipline.
Les auteurs :
Docteure en histoire, Véronique Blanchard est responsable du Centre d’exposition « Enfants en justice » à Savigny-sur-Orge (Service de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse). Elle est membre du comité de rédaction de la Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière ».
Mathias Gardet est historien, professeur des universités en sciences de l’éducation à l’université Paris 8. Ses recherches portent sur les politiques sociales à l’égard de l’enfance et de la jeunesse. Il est l’auteur de Les Colonies de vacances (Le Cherche midi, 2014) et Histoire d’une jeunesse en marge (Textuel, 2016).
Un avis publié sur le site du Ministère de la Justice : Premier « Mauvaise graine : Deux siècles d’histoire de la justice des enfants »panorama de la justice des enfants sur la longue durée, l’ouvrage « Mauvaise graine : deux siècles d’histoire de la justice des enfants », propose un débat d’actualité nourri par l’analyse d’historiens et par des témoignages d’époque. L’ouvrage est enrichi des collections uniques (photographies de l’administration, écrits d’enfants reclus, de juges, d’éducateurs et de médecins) du centre d’exposition historique de Savigny-sur-Orge, rattaché au service de la recherche et de la documentation (SRD) de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse.
« Mauvaise graine : deux siècles d’histoire de la justice des enfants », Véronique Blanchard et Mathias Gardet, 176 pages, éditions Textuel, 35 euros. En savoir plus
On en parle dans la presse :
LE MONDE : « Deux siècles de justice des mineurs, des « Apaches » à la « racaille », Jean-Baptiste Jacquin
LE FIGARO : « La Petite Roquette : les effrayantes conditions de détention des enfants dénoncées par Le Figaro », Camille Lestienne
20 MINUTES : « Justice des mineurs : « L’alternative à l’incarcération semble impossible à penser », Hélène Sergent
LE PARISIEN : « Quand la justice triait les mineurs délinquants au centre d’observation de Savigny-sur-Orge », Laurent Degradi
TV5 MONDE : Interview de Véronique BLANCHARD dans l’émission 64’ Le monde en français, Grand Angle