Au cimetière du Mayet de Montagne, dans l’Allier, Jean Morlat repose dans la tombe familiale.
Il y est rappelé que Jean, né en 1879, est « Mort pour la France » en 1918.
- La tombe familiale
- Source : geneanet Cimetières.
Le monument aux morts communal et une plaque commémorative dans l’église perpétuent également son souvenir.
- Plaque au cimetière
- Source : geneanet Monuments commémoratifs.
- Monument aux morts du cimetière
- Source : geneanet Monuments commémoratifs.
- Plaque commémorative dans l’église
- Source : geneanet Monuments commémoratifs.
Le désir d’en savoir plus sur cet homme et sa fin tragique s’est heurté assez vite à quelques difficultés parfois surmontées ou contournées, mais aujourd’hui je suis dans une impasse.
Ma quête a naturellement commencé par la recherche de son acte de naissance, avec l’espoir de trouver en marge quelques précisions sur son décès.
Consultées, les Archives départementales, année 1879, précisent la date : 27/04/1879 et confirme le lieu : Le Mayet de Montagne, mais l’acte est vierge de toute mention.
- Son acte de naissance
Toutefois, muni de ces informations je me suis tourné vers « Mémoire des Hommes », site incontournable pour ce type de recherches.
Première déception, un Jean Morlat est bien répertorié « Mort pour la France », mais ce n’est pas le nôtre.
Interrogé sur cette absence, l’administrateur du site m’invite à faire parvenir à l’ONAC son acte de décès et ses états de service.
Sollicité à son tour, Monsieur le Maire de la commune, dont je connais par ailleurs la disponibilité, me fait connaître que ses services n’ont pas retrouvé l’acte de décès, (j’espérais une transcription).
Je me tourne à nouveau vers les Archives départementales, à la rubrique « Tables et registres matricules ». Cette fois succès, j’ai accès au document le concernant.
J’y apprends qu’il a fait son service militaire chez les chasseurs à pied de 1900 à 1903.
Le 03 août 1914, mobilisation générale, il est rappelé.
Jean a alors 34 ans. Des recherches complémentaires m’ont appris qu’il est marié, père de deux jeunes garçons (8 et 2 ans). Il exerce son métier de maréchal-ferrant dans le bourg.
De retour chez les chasseurs alpins, il fait campagne contre l’Allemagne du 7 octobre 1914 au 17/03/1915. Il est alors réformé pour raisons de santé.
En octobre 1915, il est réincorporé dans le 104e régiment d’infanterie territoriale et détaché comme forgeron dans un atelier civil à Vichy.
Le 20 avril 1918, il passe au 121e régiment d’infanterie.
Sans préciser la cause, le document indique qu’il décède le 20 novembre 1918, ... à Nyers.
- Extrait du registre matricule
Jean est donc mort, sous l’uniforme, à 38 ans, quelques jours après l’armistice.
La localisation me laisse perplexe.
Je dois d’abord identifier et situer cette commune, le département n’est pas indiqué.
La graphie ne laisse guère place à une autre lecture : NYERS ?
La consultation de répertoires des communes n’apporte qu’une seule réponse approchée : Nyer (sans s), dans les Pyrénées orientales ! Toutefois, une monographie consacrée à cette commune avance une curiosité : sa gare se nomme gare de Nyers !
Y-a-t-il eu des mouvements de troupes (replis, repos) dans ce secteur en 1914-18 ? Je n’y crois guère.
Par acquit de conscience, j’interroge au téléphone la secrétaire de la mairie.
Fort aimablement elle me déclare que Jean Morlat ne figure pas sur le registre des décès de la commune et qu’à sa connaissance, Nyer n’a pas connu de présence de troupes en 14-18.
Mon dernier recours pourrait être le journal de marche du 121e régiment d’infanterie.
Par chance, il est en ligne.
https://horizon14-18.eu/wa_files/Histo121e_20RI_20-_20HR14-18.pdf
Sa lecture ne m’apporte aucun élément constructif.
En octobre-novembre 1918, ce régiment s’est battu autour de Verdun et en Lorraine. Je n’y trouve pas trace d’un lieu-dit Nyers.
Mais sans doute me suis-je fourvoyé et fallait-il lire : 121e régiment d’infanterie territoriale ?
L’historique des 3 bataillons qui le constituaient est également en ligne.
https://horizon14-18.eu/wa_files/121eRIT.pdf
http://www.chtimiste.com/regiments/territoriale100-145.htm
J’apprends que deux des trois bataillons sont dissous avant avril 1918, date d’affectation de Jean. Seul le second est en activité, il est basé au Maroc.
Bien qu’aucune trace de cette situation géographique ne figure sur son registre matricule, je me risque à bâtir une hypothèse sur ses derniers mois de vie.
Jean Morlat, en raison de son âge a été affecté à la « territoriale » dès 1915.
Utilisant ses compétences professionnelles, l’Armée l’a alors employé comme forgeron.
En avril 1918, sa mutation au 121e régiment d’infanterie territoriale l’entraîne au Maroc, loin des champs de bataille de la Marne ou de la Somme.
Blessé ou malade, Jean Morlat est rapatrié et soigné dans un hôpital militaire (?) installé à Nyer(s), où il meurt le 20 novembre 1918.
Le lieu du décès devient alors cohérent, encore faut-il l’attester par l’acte officiel …
Un lecteur occitan ou autre spécialiste militaire, pourrait-il m’aider à conclure ?
Une injustice (simple oubli) pourrait être réparée : le nom de Jean Morlat serait inscrit sur la liste officielle des Morts pour la France, si ce n’est au titre, ironie de l’Histoire, de la 1re guerre mondiale, du moins sur celle des « théâtres d’opérations extérieures ».
Plus précisément dans quelles circonstances tragiques a-t-il perdu la vie ?
Les lecteurs de la Gazette pourront-ils m’aider ?
Par avance merci !
Source : geneanet Monuments commémoratifs.