Acte 10 À chacun sa Bastille 1re époque
Scène 1... Et toujours l’humeur du Ciel
Pendant qu’à Versailles, le Club breton commence à attirer d’autres provinces pour organiser la résistance au sein des Communes jusqu’à les proclamer Assemblée nationale, à Vezin, Joseph multiplie les allées et venues, de la place aux Arbres à Rennes où se lisent les lettres arrivées de Paris après deux ou trois jours de course à cheval, et les prônes de Saint-Pierre où les paroissiens attendent que le petit laboureur, porteur des nouvelles du jour, leur parle de cette grande Histoire qui se fait à cause d’eux, grâce à eux, et peut-être pour eux, ils l’espèrent,... avec l’aide du roi.
Et, dans le même temps, chacun doit aussi surmonter les épreuves du quotidien.
C’est demain qu’arrivent les saints de glace. « Avec saint Mamer, le premier, tu en gardes la trace », quand, en suivant, « saint Pancrace apporte souvent la glace ! », et « s’il pleut à saint Servais, pour les bleds, le signe est mauvais » En attendant, il faudra prier, prier chaque jour pour que le climat soit plus clément. L’abondance des récoltes de l’été en dépend, et la fin de la disette aussi.
Suivront les rogations.
« Le lundi, premier jour des rogations pour le temps des fenaisons, tout le village, sans aucune exception, est réuni autour de notre recteur ; car, si la semaine passée, Pancrace nous a épargné la glace, les tourmentes de saint Servais ont été si violentes qu’elles font craindre le pire. Alors, s’il pleut encore aujourd’hui, mouillés seront les foins, s’il pleut demain, trempé sera le blé, s’il pleut la troisième journée, les vendanges seront noyées, et l’année sera des plus mauvaises si ces trois jours sont arrosés. »
Mais heureusement : « Au troisième jour des rogations, c’est au manoir du bas Vezin où l’on cultive la vigne depuis le Duc François, que nous avons prié pour une année de grande vinée. Il ne pleuvait plus.
En fin de journée, l’arc de la pluie est apparu, un pied dans la Vilaine, l’autre dans le ruisseau du Brochet. »
C’est ainsi que « La messe de l’Ascension nous verra rassurés. D’autant que mon Père pourra nous lire et expliquer les derniers textes proposés au vote des Communes par Le Chapelier, dont le rôle devient de plus en plus important au sein du Club breton... »
Et puis, enfin, il y aura la fête à monsieur saint Jean.
« C’est Le Rheu qui déjà s’embrase, en même temps qu’en face, L’Hermitage s’enflamme. Des dizaines de brasiers, l’un après l’autre attisés, éclairent maintenant la nuit devenue noire et ardente, brillante de ces mille feux de la joie d’un été retrouvé. »
« Parvenu à l’entrée du pré, je marque un temps d’arrêt, fasciné par la magie brûlante du spectacle incandescent.
Les flammes immenses s’élèvent, crépitant en dansant dans les airs au centre d’une grande ronde, formée des ombres courantes et bondissantes des jeunes du village, hurlant et braillant gaîment. »
Le Jeu des questions du grand Jacques
Question de l’acte 10 - 1re époque - scène1 : Qu’étaient précisément les rogations ? Vous trouverez la réponse la semaine prochaine dans l’acte 10 - 1re époque - scène 2. Réponse à la question de l’acte 9 - scène 2 : Quelle était donc la langue parlée dans la campagne rennaise en 1789 ? Revoir l’acte 9 - scène 2 Le Gallo , ou langue gallèse, plus précisément le Gallo rennais (région de Rennes, sud avranchin, et mayennais). Le Gallo est une langue d’oïl, ayant un substrat celtique et quelques emprunts à la langue bretonne, parlée à l’est de la Bretagne, quand le Breton est parlé à l’ouest. Le Gallo "repoussera" le Breton vers l’ouest, pénétrant la Bretagne à compter du VIIIè siècle. La limite du pays gallo finit là ou commence le pays bretonnant. Le parlé gallo n’avait pas d’écriture fixe jusqu’à une époque très récente. Voir Gallo |
À suivre… Acte 10 - À chacun sa Bastille - 1re époque - scène 2