La Révolution et l’Empire restent dans la mémoire collective de la Bretagne comme un moment tragique marqué à la fois par les affrontements sanglants de la Chouannerie et un déclin économique lié au blocus maritime imposé par l’Angleterre pendant plus de vingt ans et aggravé par les choix stratégiques de la politique continentale de Napoléon.
C’est oublier, si l’on en croit Chateaubriand, que la Bretagne avait vu naître la Révolution dans les rues de Rennes, le 28 janvier 1789, avant de voir surgir, quatre ans plus tard, en mars 1793, une révolte armée des paysans contre la République. Paradoxe qu’expliquaient la situation politique d’une province dominée par la noblesse en 1788 et le contraste existant entre des campagnes peuplées, surchargées de pauvres, se croyant protégées d’un surcroît de misère par leurs routines et leurs croyances et un archipel urbain prospère, essentiellement portuaire (Nantes, Brest, Lorient, Saint-Malo...), largement ouvert aux promesses de l’idéologie des Lumières.
Le sommaire :
- 1788-1790 : La mise en cause de l’Ancien Régime en Bretagne.
- 1790-1792 : La mise en place de l’ordre nouveau. Adhésions et rejets.
- 1791-1792 : Les étapes d’une rupture.
- 1793-1794 : Guerre civile, terreur et guerre maritime.
- 1793-1799 : Vendée et chouannerie
- 1799-1814 : Le Consulat et l’Empire
- Bilans : démographie, structures agraires et activités commerciales et industrielles, culture et enseignement.
L’auteur : Roger Dupuy est professeur émérite de l’Université Rennes 2, spécialiste de la Révolution française et des comportements politiques populaires dans l’Europe des XVIII° et XIX° siècle.
Analyse :Avec un plan chronologique classique, l’ouvrage analyse tous les mécanismes de la Révolution en Bretagne. L’auteur analyse les conséquences politiques de ce contraste économique et culturel et les raisons successives qui ont fait basculer une majorité de paysans dans une résistance croissante à la Révolution. La Chouannerie résulterait de la convergence de l’anti-révolution paysanne et de la contre-révolution nobiliaire favorisée par un clergé paroissial qui après avoir célébré l’avènement des réformes, s’opposa massivement à celle concernant la réorganisation de l’Eglise. Bonaparte, en 1801, imposa sa pacification, mais jusqu’à quel point et avec quels moyens ? Et qu’en est-il finalement du bilan économique, culturel et politique de ce quart de siècle qui imposa pour longtemps l’image d’une Bretagne figée dans sa foi et ses fidélités mais qu’on ne saurait réduire au seul rejet viscéral de la Révolution.
Il manque peut-être une chronologie de la période pour compléter cette remarquable somme.
Thierry Sabot, septembre 2004