Bonjour,
Plus de trente ans de généalogie et la fréquentation assidue des dépôts d’archives à travers de nombreuses séries me rendent de plus en plus curieuse de connaître la sensibilité et la mentalité de nos aïeux parfois fort éloignés de nos critères. Au vu de l’acte et de votre réaction notamment, quelques remarques s’imposent donc.
L’acte ne permet pas de savoir si cette fille avait été violée ou si elle avait un tempérament épicurien ou...
Les curés étaient chargés par leurs évêques de veiller à la "moralité" (le "politiquement correct" de l’époque) de sa paroisse. Jugement moral à part, il ne faisait donc que son travail. Cet acte est relativement "neutre" en comparaison d’autres actes rencontrés ailleurs, sans doute par charité chrétienne envers la débilité de cette pauvre fille.
Pourquoi avoir attribué ce "patronyme" à l’enfant ? Tout simplement pour rappeler ultérieurement qu’il était inconnu et que LE... n’était pas celui de son père mais celui de sa mère.
Les enfants abandonnés, orphelins sans ressources suffisantes ou enfants naturels de mères isolées, incapables de subvenir à leurs besoins étaient à la charge de "la pauvreté" (précurseurs de notre moderne Sécurité Sociale) du lieu qui rétribuait celui qui avait remporté la charge d’un enfant pour une année à l’issue d’une enchère au moins disant à la sortie de la messe dominicale ! Dès l’âge de 6 ou 7 ans, l’enfant devait se comporter en "enfant de famille" c’est à dire obéir au chef de famille et "aider" dans la mesure de ses moyens...
Ces enfants finissaient aussi aux "Enfants trouvés" à la charge de la charité publique ou mendiaient de village en village.
A noter que si les campagnes flamandes passaient pour prospères, le sol appartenait surtout aux communautés religieuses à qui revenait la richesse et non pas à la paysannerie comme attesté par divers documents. Quand on connaît et mesure donc les difficultés économiques de nombreuses familles paysannes au milieu du XVIIIe siècle, on comprend que les mayeur et échevins et la communauté dans son ensemble n’accueillent pas ces naissances hors mariage avec plaisir et qu’elles préfèrent assister les victimes de maladie ou d’accidents plutôt que pallier aux conséquences de la démographie inconsidérée.
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