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"L’affaire Brierre" Un crime insensé à la Belle Epoque"

Le mardi 7 avril 2015, par Alain Denizet

L’affaire Brierre (l’odieux assassinat de cinq enfants dont leur père sera accusé) défraya la chronique au début du 20e siècle, époque où la presse écrite était le seul média.

L’affaire Brierre a eu un retentissement international jusqu’en Australie, mais et elle a été oubliée de nos jours. Dans la nuit du 21 avril 1901, cinq enfants sont assassinés à Corancez, un petit village près de Chartres ; c’est leur père qui est accusé.

Affaire criminelle la plus médiatisée entre 1870 et 1914, elle s’inscrit dans un temps long jusqu’en juillet 1910. Contemporaine de la montée du fait divers à « la une », notamment les crimes, elle voit le journaliste devenir un enquêteur ; il entre dans la vie des gens sans retenue, et écrit rapidement des articles à sensation qui font vendre les journaux comme jamais.

Le procès est retentissant : le président est partial, l’avocat dépassé, l’accusé inébranlable dans l’affirmation de son innocence. Il est pourtant condamné.
L’affaire Brierre va quitter alors le terrain judiciaire pour investir le champ politique, provocant des débats houleux sur la grâce présidentielle et la peine de mort. Enfin, le plus surprenant : la presse antidreyfusarde se réveille et jette le même anathème sur le « traitre et l’assassin ».

« Alain Denizet, écrit l’historien Alain Corbin dans sa préface, démontre avec force que, par-delà l’énigme et le mystère, l’affaire Brierre révèle de multiples facettes de ce moment crucial de l’histoire de France que constitue le tournant des XIXe et XXe siècles. »

L’auteur : Alain Denizet est professeur agrégé d’histoire-géographie et enseigne au collège de Bû (28). Très impliqué dans l’histoire de sa région, il a publié divers articles mais surtout deux ouvrages : Au coeur de la Beauce, enquête sur un paysan sans histoire 1798-1854 (Centrelivres 2007) et En Beauce et Perche, nos ancêtres dans tous leurs états. Histoires de l’almanach Le Messager de la Beauce (CPE 2012).
Il signe avec L’affaire Brierre un livre rigoureux et intense qui nous fait entrer de plain-pied dans la vie d’un village à l’orée du XXe siècle, nous donnant ainsi un éclairage singulier sur ces années que nous avons coutume d’appeler la Belle Époque…

Note d’intention de l’auteur :
Cinq enfants assassinés par leur père le 21 avril 1901 à Corancez : c’est au cours de recherches sur un précédent ouvrage que j’ai, fortuitement, découvert ce fait divers, rarissime dans les annales judiciaires.
J’acquis rapidement la conviction que l’affaire Brierre (1901-1910) était l’affaire criminelle la plus médiatisée entre 1870 et 1914. Peu à peu, dépassant stricto sensu le crime lui-même, se révélait un sujet d’histoire aux multiples facettes qui ne pouvait qu’aiguiser ma curiosité d’historien. Pour trois raisons majeures.
La durée inhabituelle de l’affaire d’abord, presque dix ans. Condamné à mort après un procès inique, puis gracié et envoyé au bagne, Brierre entreprit, avec une constance extraordinaire, de faire de sa cause l’incarnation de l’erreur judiciaire. Malgré des charges accablantes, il nia jusqu’au bout. Coupable ou pas, l’homme reste une énigme.
Autre intérêt de cette affaire : les nombreuses sources (épais dossier d’assise, articles à foison) permettent de saisir comment la vie des humbles est déstructurée par un évènement qui les dépasse : omniprésence de la presse au village, procès au retentissement international.
Enfin et surtout, l’affaire Brierre est particulière parce qu’elle s’échappe des allées judiciaires pour investir le champ politique, provoquant des débats houleux - le plus inattendu fit de Brierre un nouveau Dreyfus - et de multiples rebondissements relayés et parfois même orchestrés par la presse, photos à l’appui. Combien d’affaires criminelles recèlent autant de matières ?
Ajoutons ceci, qui n’est pas rien : curieusement, cette affaire criminelle hors-norme est un sujet inédit. Mon livre est le premier à lui être consacré.

Cet ouvrage a reçu le prix du manuscrit de la Beauce et du Dunois 2014.
La préface est signée par l’historien Alain Corbin, auteur du Monde retrouvé de Louis-François Pinagot (Aubier 1998), ouvrage bien connu des généalogistes.

Un extrait : Chapitre 1 « Tout est mort, tout est tué »
C’est une nuit noire, obscure et sans lune qui recouvre la Beauce le dimanche 21 avril 1901. Mais les sabots du jeune Diard connaissent par cœur le chemin qui le conduit de Berchères-les-Pierres à Corancez. À l’entrée du village, quand il passe devant les fermes de Brierre et de Lubin, la cloche de l’église sonne un coup et rompt le silence nocturne. Pas un chien n’aboie à son passage, même Ravachol, celui de Brierre, pourtant hargneux ; pas une personne dans les rues ; aucune lumière dans les maisons. Le village dort. Le café Sauger a fermé ses portes à 23 heures, l’heure réglementaire. Demain, c’est lundi ; demain, c’est le travail dès l’aurore (…)
La nuit de quelques habitants est malgré tout perturbée. Les chiens des Baron aboient avec rage vers 1 h 15 et Bouvet est réveillé peu après par le sien, mais exténué parce qu’il avait « tiré à minuit une vache qui avait vêlé », il se rendort. À 3 heures, son chien s’agite de nouveau, ameute ceux des voisins et l’arrache à son sommeil.
Surpris par cette excitation inhabituelle, Bouvet tend l’oreille et perçoit des cris qu’il attribue d’abord à de « bons gars qui revenaient de la fête ». Voulant en avoir le cœur net, il se rend en chemise de nuit à sa barrière et entend un appel au secours : « À l’assassin, à moi, mes amis ! » Un autre villageois accourt. C’est Léon Baron. Comme Bouvet, des bruits l’ont alerté : « Il était à ce moment-là 3 h 15. Croyant que c’était dans ma bergerie, j’ai sorti et j’ai vu un homme étendu par terre… » Rejoint par son frère Florentin et par la femme Bouvet, ils aperçoivent sur la route un homme allongé sur le dos. C’est le voisin Brierre, les vêtements et la figure maculés de sang déjà sec. Dans un râle, il dit qu’on a tenté de l’assassiner.
Léon Baron court prévenir le maire tandis que la femme Bouvet frappe aux volets de la chambre à coucher donnant sur la rue et appelle Flora, la fille aînée de Brierre afin qu’elle secoure son père, veuf depuis trois ans. Faute de réponse, Florentin Baron, sa femme, lanterne en main, et Bouvet, muni d’un bâton, entrent alors dans la maison dont la porte est restée ouverte. Un petit couloir donne sur deux chambres. Ils entrevoient l’horreur.
La lumière vacillante éclaire une première chambre rougie de sang (…) Les murs sont poissés de sang et d’éclats de cervelle. Bouvet s’enfuit, épouvanté, et la femme Baron, qui rejoint le blessé à demi-conscient, gémit : « Pauvres enfants ! Tout est mort, tout est tué ! »
Flora, 15 ans, Béatrice, 12 ans, Laurent, 9 ans, Laure 6 ans et Célina, 4 ans ont été assassinés (…)
L’affaire Brierre n’en est qu’à ses prémices. Personne n’imagine en avril 1901 les rebondissements de l’instruction, le procès sous tension et les interférences politiques nationales.
Le lendemain du crime, à la stupéfaction générale, le juge d’instruction inculpe Brierre, considéré comme un père modèle. Ce dernier nie toute implication. L’instruction est très longue.

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