Présentation : Comment devient-on « Procureur au parlement de Paris » dans la société bloquée de la fin du XVIIIe siècle, lorsque l’on est issu de la toute petite bourgeoisie ? Comment peut-on demeurer royaliste lorsque l’on n’a même pas 30 ans au moment de la prise de la Bastille ? Comment peut-on accepter de devenir fermier à Issy les Moulineaux pour échapper à la Terreur et pour survivre à la disparition de la Justice de l’Ancien Régime ? Et comment, la Révolution s’éloignant, passe-t-on de ce début de carrière chaotique à la fonction prestigieuse de Bâtonnier des avocats du Barreau de Paris ? C’est à toutes ces questions que Jean Baptiste Louis répond, dans ces Mémoires inédits demeurés entre les mains de la famille depuis près de deux siècles.
Ce témoignage important et rare, apporte des informations majeures sur le fonctionnement de la « basoche » sous l’Ancien Régime et la Révolution, sur le fonctionnement du barreau, et la condition des gens de loi dans ces époques d’incertitudes. Mais c’est aussi l’histoire d’un homme depuis le commencement de ses études jusqu’à l’accès à la notabilité qui nous est donnée à lire. D’un jeune homme fasciné par les jeunes nobles qui entrent dans la carrière judiciaire, qui voit naître, terrifié, un de ses enfants pendant les journées de septembre 1792, dont le sang se glace lorsqu’il se remémore, avec son style précis et alerte, l’interrogatoire qu’il a subi au Tribunal révolutionnaire. Mais aussi de l’homme plus âgé que son légitimisme oppose aux ambitieux Orléanistes : Dupin qui lui succède au bâtonnat, la duchesse douairière qui veut le forcer à vendre sa chère « campagne ».
Nous traversons ainsi au travers de ce document exceptionnel cinquante années de déconstruction d’un ordre ancien et d’émergence de la grande bourgeoisie plus industrielle qu’intellectuelle au prisme de ce royaliste de toujours qui déplore ces changements mais y participe, et qui nous narre, chemin faisant, ses succès et ses échecs, ses peurs et ses joies et nous fournit en passant des informations de tout premier ordre sur la vie judiciaire de l’époque. Il offre au spécialiste des informations inédites mais permet aussi à un public plus large de découvrir les ressorts de ce monde en révolution, qui par certains aspects n’est pas loin de rappeler notre époque.
Édition établie et annotée par Geoffroy Caillet, rédacteur en chef du Figaro histoire.
Présentation par Yves Ozanam, archiviste de l’ordre des avocats au barreau de Paris
Cahier iconographique de 12 planches hors texte.
- 292 pages.
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