5e leçon :
IV – Ministère de la Guerre
395- Le ministère de la Guerre est chargé de l’organisation générale de l’armée, de l’instruction et de l’entretien de l’armée, de la défense du territoire.
396- Tous les Français doivent le service militaire, à moins qu’ils ne soient indignes, ou incapables, ou dispensés d’être soldats.
397- Être soldat, ce n’est pas seulement un devoir, c’est un honneur.
398- Sont indignes d’être soldats ceux qui ont été condamnés par les tribunaux à une peine d’une certaine gravité.
399- Sont incapables d’être soldats les jeunes gens que leurs infirmités rendent impropres au service.
400- Sont dispensés d’être soldats ceux que la loi considère comme soutiens de famille.
401- La durée du service militaire est de 20 ans : 5 ans dans l’armée active, - 4ans dans la réserve, - 5 ans dans l’armée territoriale, - 6 ans dans la réserve de l’armée territoriale.
LOI. - Un mois avant le passage dans chacune des trois dernières catégories, les hommes doivent déposer leur livret à la mairie de leur localité, pour que le bureau de recrutement prenne note de leur nouvelle situation.
- Le livre de morale et d’instruction civique du cours moyen des écoles primaires, de Louis BOYER, publié à la fin des années 1880
- J’aime ma patrie plus que moi-même,
parce que c’est elle qui m’instruit et me protège
et m’assure tous les biens dont je jouis.
Je lui témoignerai mon amour en obéissant à ses lois,
en travaillant à sa grandeur et à sa prospérité,
et en la défendant jusqu’à la mort.
Cité par André-Roger Voisin dans "l’École des Poilus" Éditions Cheminements 2007
402- L’armée active est seule en permanence sous les armes. Les soldats qui ont fini leur temps, et qui entrent dans la réserve, sont renvoyés dans leurs foyers. Ils sont rappelés au régiment en cas de guerre, ou pour les manœuvres annuelles, dont la durée est de 28 jours pour les réservistes de l’armée active, et de 13 jours pour les soldats de l’armée territoriale.
403- Tous les Français âgés de 20 ans, le 1er janvier d’une année, forment le contingent de cette année. Ils tirent au sort au chef-lieu de canton.
Chaque contingent comprend :
1) les hommes qui doivent servir cinq ans (première portion du contingent) ;
2) les hommes qui sont renvoyés dans leurs foyers au bout d’un an ou même de six mois (deuxième portion du contingent).
– Le ministère de la Guerre fixe chaque année le nombre d’hommes qui doivent rester cinq ans sous les drapeaux. Ces hommes sont pris parmi ceux qui ont tirés les numéros les plus faibles.
404- Tous les jeunes gens pourvus des diplômes de bachelier, et du diplôme d’études d’enseignement spécial ; les élèves de certaines écoles, et ceux qui ont passé l’examen du volontariat d’un an, sont autorisés à contracter, avant le tirage au sort, un engagement conditionnel d’un an.
405- En vertu de cet engagement, ils ne seront retenus qu’un an sous les drapeaux, s’ils versent une somme de 1 500 francs, si leur conduite est bonne, et si leur instruction militaire est jugée suffisante, après examen sévère.
406- Les engagés conditionnels et les soldats du contingent qui n’ont servi qu’un an demeurent inscrits encore pendant quatre ans sur les rôles de l’armée active ; ils passent ensuite, comme les autres soldats, dans la réserve de l’armée active, puis dans l’armée territoriale. (Récit XXIV, page 122).
Récit XXIV. – Journal d’un soldat
IV. Les territoriaux – Pourquoi il faut supporter les rigueurs de la discipline.
18 septembre.
Ma Mère chérie,
Ce matin, bonne mère chérie, un régiment de l’armée territoriale a défilé devant nous. Nous ne pouvions en croire nos yeux. Souvent, dans la chambrée, nous nous moquons des territoriaux. Pensez donc qu’ils ont trente ans au moins ! Ils sont presque tous établis, mariés, et pères de famille depuis longtemps. Nous les appelons les notaires, les procureurs, les papas, les oncles, etc. Eh bien, je vous assure que les papas vont bien ; sans doute il y en a quelques-uns qui commencent à prendre une pointe de ventre, mais ils marchent comme les autres. Vous savez qu’on entre dans l’armée territoriale au sortir de l’armée active, et qu’on y reste de vingt-neuf à quarante ans ; en cas de guerre, les territoriaux peuvent être employés à la défense des forteresses, à celle des côtes, mais ils peuvent aussi être appelés à faire campagne. Eh bien, le régiment que j’ai vu passer fera très bien campagne ; les papas suivront les moutards sur le champ de bataille ; car les territoriaux nous appellent des « moutard », des « mioches ».
Ce que vous avez dit de la dureté de la discipline me revient à l’esprit. Vous m’écriviez : « Je suis sûre qu’on vous mène comme des nègres ! ». C’est très exagéré, chère maman. Il est vrai qu’on nous parle quelquefois bien durement, avec de gros mots, qui ne sont pas nécessaires. C’est l’habitude de l’armée ; je ne m’y suis pas fait tout de suite, je l’avoue, mais je m’y suis fait, et savez-vous ce que j’ai souvent pensé ? J’ai pensé, mère chérie, que vous m’avez trop gâté. Vous m’avez passé bien des caprices ; vous m’avez permis de vous désobéir, de vous répondre très mal. C’est ainsi que les choses sont en France, dans presque toutes les familles. L’enfant est un petit tyran, il est bon qu’il passe par le régiment. Il ne s’agit pas ici de désobéir, de discuter : aussitôt commandé, aussitôt exécuté, et je me dis : j’obéis parce que, en temps de guerre, si chacun se mettait à discuter les ordres, l’ennemi ne ferait qu’une bouchée de cette foule de raisonneurs. J’obéis à mes chefs, parce que c’est la France et la République qui ma parlent par leur bouche.
-* 3è leçon : - Devoirs envers l’instituteur
La Première année D’INSTRUCTION MORALE ET CIVIQUE
Notions de Droit et d’Économie politique (Textes et récits)
Pour répondre à la loi du 28 mars 1882 sur l’Enseignement primaire obligatoire.
Ouvrage accompagné de Résumés, de Questionnaires, de Devoirs et d’un lexique des mots difficiles.
Par Pierre LALOI
DIX-SEPTIÈME ÉDITION
Ouvrage compris dans la liste annexée à la Circulaire ministérielle du 17 novembre 1883 et inscrit parmi les ouvrages fournis gratuitement par la Ville de Paris à ses écoles communales. Paris Librairie Classique ARMAND COLIN ET Cie 1887.