Que signifie l’expression : Inhumé « sous leur banc » ?
Arfeuilles (Bourbonnais), 9 septembre 1737
sieur jacques animé notaire et procureur d’office de ce lieu
y est hier decedee et son corps a été inhumé dans
l’Eglise de ceans sous leur banc le neuf septembre
mil sept cent trente sept présence de son dit mary,
(....) son fils, Gilbert Baret sacristain, et jacques
Marchand marchand de ce dit lieu qui ont signés avec
nous pretre curé soussigné
Signalé par Jean Magnier
Source AD 03 : Arfeuilles BMS 1725-1737 vue 361/366.
Commentaire : Autrefois, la place et la concession d’un banc dans une église faisaient l’objet d’une transaction et d’une réglementation, tout comme d’ailleurs le droit au tombeau ou droit de sépulture. Ces concessions sont souvent l’objet d’actes notariés très intéressants, mais assez rares (cf. le Théma 8, Comprendre les actes notariés, page 41). On en retrouve également la mention dans les actes de sépulture lorsque le défunt était inhumé « sous le banc » de la famille, comme dans l’exemple ci-dessus.
Au début du XVIIIe, être enterré dans l’église était déjà une pratique déjà très ancienne. D’abord privilège accordé de droit au seigneur et aux clercs du lieu, il pouvait être lié à la fondation d’une chapelle ou partie d’église. L’emplacement de la tombe était alors dans la chapelle ou dans le chœur où ces dignitaires avaient leur banc familial gravé à leur nom. Parallèlement, les particuliers, notamment les notables, qui avaient acquis le droit de disposer d’un banc permanent dans l’église pouvaient obtenir la concession du sol sous ce banc pour y être inhumé.
L’usage d’inhumer les défunts sous le banc de la famille est fréquemment relaté dans les "revues des sociétés savantes" dans les différentes régions de France (voir Gallica).
Même au XIXe siècle, les bienfaiteurs de l’église, la famille Faure par exemple à Saint-Clair-du-Rhône, seront encore enterrés sous les dalles du chœur.
Conseil de lecture : Régis Bertrand, Le statut des morts dans les lieux de cultes catholiques à l’époque moderne, Rives nord-méditerranéennes, numéro 6, 2000, mis en ligne le 22 juillet 2005. URL : http://rives.revues.org/60.