Présentation : 1830-1920 : un siècle pour appréhender un processus dans son ensemble celui de l’euphorie sardinière, de ses prémices jusqu’aux réponses apportées lors de la crise. En 1824, la découverte d’un nouveau procédé de conservation du poisson est à l’origine d’une mutation profonde de l’organisation halieutique. Dès lors, les usines vont s’implanter le long du littoral augmentation du nombre d’hommes et de bateaux et développement des circuits commerciaux sont les premières conséquences de cette évolution.
La dynamique industrialo-commerciale va imposer sa logique à la pêche en ne traitant que des poissons d’un certain moule. Cela induit des évolutions techniques et des changements ayant des répercussions sur l’organisation sociale et économique des populations littorales.
L’entrée des femmes comme ouvrières dans les usines modifie également la structure familiale des communautés littorales. Elles gagnent un salaire cela induit qu’elles délaissent tout un pan des activités péri-halieutiques attachées à l’économie de la sphère familiale. L’évolution des techniques de pêches influe aussi directement sur le rythme des mariages et des naissances.
La notion de littoral, ainsi que le regard porté sur ses populations connaissent également des transformations qui influent sur le quotidien des marins-pêcheurs et de leurs familles : amélioration des conditions de navigation, volonté ferme de réforme en matière d’hygiène et d’éducation.
Table des matières :
Première partie : Evolution de la situation industrielle, économique et technique.
- Variations autour d’une économie halieutique ciblée
- Des hommes et des bateaux
- Une alliée indispensable à la production halieutique : la femme
- Activités péri-halieutiques : des pratiques familiales à l’industrialisation des tâches
Deuxième partie : Entre terre et mer : une société originale. Spécificités et évolution des structures sociales.
- Ni morts, ni vivants : marins !
- Le rapport à l’espace
- Une structure d’entraide
- Un « christianisme maritime » ?
- Nouvelles appréhension du littoral et de ses populations
Troisième partie : Le territoire des sexes
- L’homme et la femme : un quotidien en parallèle ?
- Evolution de l’organisation familiale
- Transformation des rythmes de la vie.
Un extrait :
[...]
« Les marins-pêcheurs plus que les autres, participent d’un monde différent. Et s’ils ne sont « ni morts, ni vivants », selon la citation de Platon, c’est effectivement qu’ils se situent en marge du monde « parce que l’homme est fait pour la terre ».
Les marins-pêcheurs se déplacent, vivent entre eux et hors des structures sociales qui régissent la vie quotidienne de leurs contemporains. Cela forge contre eux les représentations des terriens ; ils seraient presque des exclus, des hommes aux mœurs légères, irresponsables, susceptibles sinon de critiquer la société, de moins se soumettre en tout cas, passant la plus grande partie de leur existence en dehors du cadre juridique. »[...]
L’auteur : Nathalie MEYER-SABLÉ est docteur de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales en histoire contemporaine.
Un avis :
Pour le généalogiste qui a des marins-pêcheurs dans ses ancêtres et pour l’historien chevronné qui s’intéresse aux métiers de la pêche l’ouvrage de Nathalie Meyer-Sablé est une référence indispensable. Cet ouvrage, d’une lecture aisée, est une étude sociologique précise et rigoureuse sur les marins-pêcheurs de la Bretagne Sud et en particulier de la région de Lorient (Port-Louis, Gâvres, Groix, Etel et Belle-Île).
Nathalie Meyer-Sablé s’intéresse à tous les aspects du monde de la pêche sur le littoral de Bretagne Sud sur la période de 1830 à 1920. Dans une première partie, elle examine successivement : les techniques de pêche et de conservation, les hommes, leurs bateaux et le rôle jouer par les femmes. Le lecteur y trouvera des informations sur le métier de marin-pêcheur et sur l’aide apportée par les femmes à leur mari. Dans la deuxième partie, elle étudie l’évolution des structures sociales : le port, l’entraide, le rapport avec la religion et les nouvelles appréhensions du littoral par l’état et les sociétés de sauvetage. Le milieu de la pêche, un monde à part dont il convient de bien appréhender les liens et les attentes des marins-pêcheurs vis-à-vis de la société pour les comprendre. La troisième partie est particulièrement intéressante car elle traite des rapports entre les hommes et les femmes, de l’organisation familiale et des rythmes de vie. Grâce à cette partie, le généalogiste pourra faire revivre ses ancêtres et situer un ancêtre marin-pêcheur dans ce milieu. Dans ces pages, on entre dans la maison du marin-pêcheur avec sa femme et ses enfants, on vit au quotidien dans la famille et on approche les évènements importants de la vie.
Les notes de bas de page précises et la bibliographie importante permettront aux lecteurs de retrouver facilement les documents d’archives et les ouvrages qu’il souhaite consulter pour approfondir un sujet.
Un ouvrage exceptionnel qui doit se trouver en bonne place dans toute bibliothèque à caractère maritime.
Jean-Yves Le Lan pour histoire-genealogie.com/