C’est le 4 juin 1783, dans la 1re cour du couvent des Cordeliers de l’assemblée des États du Vivarais à Annonay (07), que deux frères, deux papetiers visionnaires, Joseph et Étienne Montgolfier, ont fait voler pour la première fois un aérostat non monté, gonflé à l’air chaud.
Un peu plus de quatre mois après ce premier essai, le 19 septembre 1783, à Versailles, en présence de Louis XVI, les frères Montgolfier récidivent pour une nouvelle démonstration de leur étrange « ballon ». Il s’agit du premier essai officiel d’une montgolfière avec à son bord un mouton, un canard et un coq.
L’Homme va désormais pouvoir réaliser son rêve : voler !
À noter que la nouvelle de cet événement incroyable pour l’époque a été connue très rapidement dans tout le royaume, en quelques mois, notamment grâce aux gazettes, et que l’on en trouve la mention jusque dans les registres paroissiaux tenus par les curés. Avec ce type d’annotations, on mesure ainsi la rapidité de diffusion de l’information et son écho dans les campagnes.
(...) C’est cette année [1783] que l’indépendance de l’Amérique angloise a été reconnue, que M. Montgolfier d’Anonay a trouvé le secret de naviger en l’air par le moyen de l’air inflamable, que M. Zacharie de Lyon a trouvé celui de marcher sur l’eau, enfin qu’un Anglois qui dans sa seconde expérience en a été la victime, a aussi trouvé celui de marcher au fond des mers (...).
Leyssard (01) - Mathieu, curé - AD, coll. communale - BMS 1783-1787 - Vue 22/55.
(...) Le ballon aérostatique de M de Montgolfier a pris naissance en 1783 et a prêté matière aux raisonneurs oisifs et aux conjectures des sçavants qui prétendent enterer des connoissances utiles. Videbitur intra. Mais j’ai bien peur que ce ballon ne fasse casser quelque membre ou perdre la vie à quelqu’un de ceux qui voudront voler avec cette nouvelle machine.
Champfromier (01) - Genolin, curé - AD, coll. communale - BMS 1782-1785 - Vue 17/33.
Ce que l’on sait moins, c’est que, l’année suivante, en 1784, les frères Montgolfier font faire un émule dans la Bresse en la personne d’un ouvrier imprimeur lyonnais qui va lui aussi faire voler un ballon inspiré de celui des papetiers du Vivarais.
Balon : Nous soussignés certifions et attestons que Monsieur Auton Chalier, cy devant recteur de l’école de Villars et actuellement commis chez les frères Perisse, imprimeurs libraires dans la grand-rue Mercière à Lyon, s’est transporté exprès ce matin dud[it] Lyon à Villars pour procurer aux habitans de ce dernier lieu le plaisir et la satisfaction de voir partir un balon ou globe aérostatique qu’il a apporté de Lyon, conforme à l’invention de la découverte de M[essieu]rs de Montgolfier d’Annonay en Vivarais ; lequel balon étoit de la hauteur de neuf pieds trois pouces, sur six pieds trois pouces de diamettre et dont l’ouverture inférieure étoit de trente pouces de diamettre, au milieu de laquelle étoit attaché un réchaud en fil de fer de dix pouces de diamettre sur un pied de profondeur, qu’on avoit rempli à moitié de papier en bouletes trempé dans de l’huile de noix qu’on a éclairé dès que led[it] globe a été rempli d’air inflamable produit par de la paille éclairée. Le susd[it] balon a été lancé du milieu de la Tour en présence des soussignés et aux yeux de tout le public, et s’est ellevé presque perpendiculairement à une telle hauteur qu’il nous a parut n’avoir que huit pouces de diamètre. Depuis le moment de son ascension jusqu’à cellui de sa chute, il est resté seize minutes,savoir deux à s’ellever, huit en station et six dans sa chute qui a été si lente que led[it] balon n’a assuyé aucun dommage. Il est à remarquer que le balon n’est descendu qu’après que tout le papier placé dans led[it] réchaud a été entièrement brûlé et cela à cent-cinquante toises environ du lieu d’où il étoit parti, attendu que le tems étoit très calme. En foy de quoy nous avons signés le présent procès-verbal. Jean-Benoît Brun, curé de Villars.
Villard-les-Dombes (01) - brun, curé - AD, coll. communale - BMS 1784-1785 - Vue 10/24.
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l’avis des premiers lecteurs
Cet ouvrage, étude inédite, se propose de vous faire découvrir quelques-unes de ces mentions insolites et de vous en montrer la richesse historique et généalogique. Il répond à bien des questions au sujet de ces textes insolites qui parsèment les registres paroissiaux : Pourquoi certains curés notent des mentions insolites ? Que nous apprennent-elles sur la vie quotidienne de nos ancêtres ? Comment repérer, déchiffrer, transcrire et commenter ces témoignages du passé ? Comment les utiliser pour compléter notre généalogie et l’histoire de notre famille ou de notre village ?
Il s’agit du premier numéro de Théma, la nouvelle collection d’histoire et de généalogie.