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Des enquêtes pour crimes rondement "bâclées" (1e partie)

Canton de Lambesc (13) au XIXe siècle

Le jeudi 11 février 2010, par Alexandre Dumont-Castells

Si aujourd’hui, l’A.D.N. permet de confronter des personnes soupçonnées dans le cadre d’une enquête judiciaire pour un crime ou un délit connu et d’obtenir de leur part des aveux de culpabilité fondés ; il en était encore tout autre 206 ans plus tôt en France. Dans l’affaire suivante, point de « gel des lieux » (pour préserver les indices et les preuves sur place), point d’AD.N., point de relevés dactyloscopiques (empreintes digitales), rarement l’objet du crime, tout au plus sont présentes : la victime, les témoins (voire l’auteur de la scène de crime), les familiers, les gendarmes, un médecin légiste, le Maire et ses adjoints, un officier de police judiciaire et juge de paix territorialement compétent.

Mais voyons maintenant l’exposé des faits relatés dans le registre d’état-civil de la commune de Rognes, canton de Lambesc (13) :

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Vue de Lambesc

« Mairie de Rognes deuxième arrondissement communal du département des Bouches-du-Rhône.

Du six prairial an onze de la République française, acte de décès d’une femme inconnue, trouvée morte, sur le territoire de la commune de Rognes quartier de Trasloussery comme il consiste par le présent verbal qui nous a été transmis par le citoyen Mathieu Toche, juge de paix du canton de Lambesc et dont la teneur suit.

Ce jourd’hui six du mois de prairial an onze [26 mai 1803] de la République française, nous Mathieu Toche juge de paix et officier de police judiciaire du canton de Lambesc ayant été instruit par la clameur publique qu’il avait été commis un assassinat sur le territoire de la commune de Rognes ; j’ordonnai de suite au commandant de la gendarmerie de Lambesc de se porter en la ditte commune chez le Maire et adjoint pour prendre des renseignemens ; à laquelle réquisition le dit commandant ayant obtempéré, il fut à Rognes et ne trouva ni maire, ni adjoint, ni secrétaire à la mairie, cependant la femme du citoyen Maire assura aux gendarmes qu’on avait assassiné une femme, et que son mary en compagnie du Citoyen Bossy adjoint s’étaient transportés sur le lieu du délit ordonnèrent de faire enterrer le cadavre attendu son état de putréfaction, ce qui avait été cause que le lendemain sept prairial, nous nous serions transportés avec notre secrétaire greffier et les citoyens Delescale officier de Santé, Le briquier brigadier et Laugier gendarmes à la résidence de Lambesc au terroir de Rognes et dans la campagne du dit citoyen Jaubert maire où étant nous lui aurions fait part du sujet de notre transport sur quoi le dit citoyen Jaubert maire, nous aurait dit avoir reçu une lettre du quatre du courant écrit par le citoyen Philip Secrétaire en chef de la commune de la Roque d’anthéron en absence du Maire portant qu’une femme morte était en terroir de Rognes quartier du Trasloussery et dans la propriété du citoyen Dromel, le lendemain cinq prairial, les dits citoyens jaubert, maire, et Bossy, adjoint à la mairie du dit Rognes, se transportèrent au lieu indiqué, et étant arrivé au dit quartier de Trasloussery, ils auraient vu et trouvées une femme morte étendue par terre, la face contre terre, tout prés d’une touffe de chènes verds et pour s’assurer de ce qui avait été cause de sa mort, ils l’auraient tournées sur son dos et auraient de suitte apperçus que la ditte femme était morte de plusieurs coups d’instrumens tranchants et piquants qui a atteint l’artère carrotide droite et deux autres coups portés sur la mamelle droite l’un en dessus du mamelon et l’autre en dessous, son état de putréfaction aurait mis les citoyens Jaubert et Bossy dans le cas de ne pas reconnoitre sa physionomie attendu qu’elle avait les yeux dévorés par les verds ainsi que plusieurs jours, la ditte personne assassinée avait une coëffe d’indienne piquée en très mauvais état et une autre en toile blanche sans dantelles, un mauvais chapeau de paille jaune, des petits ronds à l’oreille ; ayant pour croix une espèce de lentille, deux mauvaises jupes de coutis rayés en blanc et bleu très usés, un petit corcet d’étoffe bleu avec des aggrafes par devant, un cajou de couleur ramoneur avec une bordure en bas et en bleues d’environ trois centimèttres, une mauvaise paire bas de laine sans soulier et sans chemises, un tablier bleu d’indienne grossière et le mouchoir du col tellement teint de sang qu’il a été impossible de reconnaître la qualité et la couleur n’ayant sur elle aucun papier et attendu, son état de putréfaction, de composition et de méconnaissance avons ordonné de l’inhumer sur la place.

Surquoi nous juge de paix susdit ayant jugé inutile de nous transporter où le délit avait été commis attendu l’état de putréfaction où était le cadavre, d’après les déclarations des dits citoyens jaubert maire, Bossy adjoint et officier de Santé avons fait et dressé le présent à tout ce qu’il appartiendra, fait à Robert dans la campagne du dit citoyen jaubert maire terroir de Rognes le susdit jour, mois, an, que dessus, signé Toche juge de paix et vitton secrétaire à l’original. JAUBERT maire ».

Source : Extrait du registre d’Etat-civil et des décès de la commune de Rognes (Sépultures Rognes – An XI).


Voir en ligne : Le site de l’auteur

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