Ce livre est une descente dans les enfers de la ville, dans ses profondeurs noires, dans ses espaces glauques. Car la ville, qui se veut ordre et lumière, n’est que boues et impasses. Les archives de justice léguées par les présidents de la cour d’assises de la Seine entre 1817 et 1885 en témoignent largement. Au XIXe siècle, Paris est blême et les corps sont avariés. Le taudis occupe les littératures médicales et philanthropiques, mais aussi les romanciers : comment comprendre Fourier sans lire Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, En famille d’Hector Malot ou Le Travail de Zola ?
Qui sont ces Parisiens au XIXe siècle ? Tourangeaux, Limousins, Auvergnats, ce sont des provinciaux attirés par cercles concentriques vers la capitale, où ils viennent louer leur force de travail - ou cacher, pour les femmes, le fruit de leur honte. Mais ces Parisiens sont aussi des Lombards, des juifs polonais chassés par l’occupation russe ou encore des gitanes voleuses de fichus... Avec eux, les bistrots, les bals, les lieux de plaisirs et de vices, les chambrées aux planches disjointes...
Les « crimes », et donc les « criminels », naîtront de ce petit peuple-là. Toute une matière qui permet à Yves Lemoine, magistrat et historien, de dresser une subtile et captivante histoire du crime à Paris au XIXe siècle.
Au sommaire : Le tourbillon criminel - La ville : facettes, terreau et matrice - Projet, méthode et sources : La série BB20, une mosaïque d’histoires singulières - La série D2 U8, une ville moderne - Conclusion.
L’auteur : Yves Lemoine a notamment publié : Les avenues de la République, Vie de F.V. Raspail (Hachette 1983) ; La diplomatie française pendant la Révolution (Michel de Maule et les Amis des Archives diplomatiques, 1989) ; La loi, le citoyen, le juge (Flammarion, 1990) ; Le complot des juges (Le Félin, 1993) ; Généalogie de l’Europe (ouvrage collectif, Hachette, 1994) ; Malesherbes (biographie, Michel de Maule, 1994) ; Tristes justices (Hachette Pluriel, 1995) ; La grande robe, le mariage et l’argent (Michel de Maule, 2001) ; Divorces pour faute, divorces de sang (Le Félin, 2002).
Un avis : Un ouvrage passionnant dont l’intérêt réside à la fois dans l’analyse des exemples cités mais aussi et surtout dans l’utilisation de sources d’archives peu fréquentées par les généalogistes et les historiens locaux : les archives judiciaires. De plus, l’auteur nous explique ses choix, sa pratique des documents et les moyens mis en oeuvre pour réaliser son étude. Cette source d’archives " nous indique des noms et des lieux qui, par leur répétition, deviennent comme un fil rouge qui nous guide à travers la lecture des moeurs, de l’espace et du temps. Et nous permet ainsi d’esquisser une histoire sociale ".