A une date indéterminée antérieure à 1907, Jeanne BRISCARD quitte la France pour la Grande-Bretagne. Elle trouve un emploi de femme de chambre (lady’s maid) dans le centre de Londres, au 61 Clovelly Mansions, dans Grays Inn road.
- Acte de naissance de Cécile BRISCARD
Enceinte, elle accouche d’une fille au French Hospital de Shaftesbury avenue, le 8 avril 1907. L’enfant est baptisée le 18 avril en l’église Notre-Dame de France où on lui donne les prénoms de Cécile Berthe, puis déclarée à l’état-civil le 19 avril. La mère ne fait pas enregistrer sa fille au Consulat de France, ni inscrire dans les registres d’état-civil qu’il tient. Elle ne souhaite pas garder l’enfant et a passé une annonce dans un journal (français, je suppose). Un couple, marié depuis 6 ans, A. Louis DEGOUY et son épouse Marie se déclarent intéressés, car ils ne peuvent avoir d’enfant. Madame Marie DEGOUY se rend à Londres. Elle apparaît comme marraine dans l’acte de baptême délivré le 27 juin 1907. Elle rentre en France avec l’enfant.
Son mari, qui demeure à Levallois-Perret, 66 rue de Cormeilles, place l’enfant chez une nourrice de cette même ville, Madame PICARD, 56 rue Gravel, en la faisant passer pour sa propre fille. Il est ensuite parti en Belgique, à Bruxelles, Spa puis Anvers où il s’embarque fin juillet pour New-York. Madame DEGOUY avait quitté son mari et celui-ci entendait divorcer.
Madame PICARD n’a plus eu de nouvelles de Mr DEGOUY, ni de son frère, installé à Neuilly, et qui était censé s’occuper de l’enfant en l’absence du supposé père. Elle s’est donc résolue à confier l’enfant à l’Assistance Publique où elle est enregistrée le 23 octobre 1907.
C’est ce qui ressort d’une enquête effectuée en 1908 par la préfecture de Police à la demande de l’Assistance Publique. Comme c’était généralement le cas, l’enfant a été confiée à une famille provinciale, auvergnate en l’occurrence.
Comment trouver l’origine de Jeanne BRISCARD ?
Le patronyme Briscard est peu répandu, et en quasi-totalité en Seine-Maritime et Calvados.
Un balayage généalogique (assez bref, heureusement) a fait apparaître la naissance d’une Jeanne Marie BRISCARD, le 7 novembre 1884 à Ablon (Calvados) commune voisine d’Honfleur, qui pourrait correspondre à la Jeanne BRISCARD recherchée. Elle est la fille d’Alexandre BRISCARD, contremaître à la Poudrerie Nobel, et de Constance BLIE, sans profession. Un autre enfant, Charles, est né 3 ans plus tôt, le 7 juin 1881.
La famille est recensée en 1886, dans le quartier de la Poudrerie. Elle ne l’est plus en 1891 ni en 1896, et pour cause :
La mère, Constance Héloïse BLIÉ, s’installe comme épicière à Honfleur. On la trouve bien au recensement de 1891, elle habite avec sa fille et son fils au 18 rue des lingots, dans le quartier Sainte-Catherine. Au recensement de 1896, elle est seule avec sa fille [3]. Elle y décède à son tour le 1er avril 1900.
Voici donc Jeanne, orpheline de 16 ans, seule à Honfleur,. Elle a ainsi tout à fait le profil pour se placer comme domestique, et elle est à la porte de la Grande-Bretagne. Peut-être a-t-elle été embauchée par un ménage britannique en villégiature en Normandie ? D’ailleurs, elle ne figure plus dans le recensement de Honfleur de 1901, pas plus que dans celui d’Ablon.
Mais comment s’assurer qu’il s’agit bien de la personne recherchée ?
La piste des délivrances de passeports par la sous-préfecture de Lisieux, dont dépend Honfleur, est pour l’instant inaccessible. Attendons la réouverture des Archives départementales…
Je n’ai pas trouvé de site recensant les passagers transManche, analogue à celui d’Ellis Island pour les voyageurs arrivant aux U.S.A.. Quelqu’un sait-il s’il en existe-t-il un ?
Jeanne BRISCARD ne figure pas dans les recensements décennaux (1901 et 1911) effectués au Royaume-Uni. Son séjour à Londres a dû se situer entre ces deux dates. Il y a un grand blanc entre 1907 et 1925, où on retrouve sa trace dans le 17e arrondissement de Paris. Elle y épouse le 10 février 1925 un divorcé de 52 ans, René Constant Albert CAPY. Elle en a elle-même 40 et exerce la profession d’employée de commerce. Son frère Charles est l’un des témoins. Tout ce petit monde habite au 7 de la rue Sauffroy. Aux recensement de 1926 et 1931, le couple est à la même adresse, mais le frère n’y habite plus. Plus personne au recensement de 1936. A une date inconnue entre 1931 et 1941, le couple se retire à Honfleur, L’époux y décède le 19 décembre 1941 et Jeanne y meurt à son tour le 17 mai 1975 à l’âge de 91 ans.
Voilà où j’en suis. J’ai la conviction, mais pas la preuve, que la personne trouvée est la bonne Jeanne BRISCARD. Si un lecteur a d’autres pistes en tête, je suis preneur, bien entendu. Merci à tous pour votre aide...