Pour que son mariage puisse être célébré, il fallait rétablir la vérité et pour cela, procéder à l’examen de l’anatomie du futur. Ce qui a été fait devant quatre témoins et consigné d’une manière très détaillée dans l’acte de mariage.
On imagine la gêne du futur et peut-être même celle de la future, lorsque cet acte a été lu devant tout le monde, lors de la cérémonie.
Voici la transcription de l’acte en question :
25 octobre 1826 - Mariage de Françoise SACRÉ et Marie ARNAUD
AD85 - AUZAY – État Civil– NMD – 1820/1827 – vues 191 à 193/246
Tous les quatre de la commune d’Auzay), le nommé SACRÉ François et avoir reconnu qu’il réunis tous les sine (signes) caractéristiques et bien prononcé du sexe masculin. Qu’il représante une constitution et un état de santé qu’il rendent (qui le rendent) apte à contracter mariage et que sy cet individu est le même qui a été désigné sous le prénom de Françoise, dans l’acte de naissance, dressé par l’agent municipal de la commune dudit St Pierre le Vieux, canton de Mailzay ( Maillezais), à la date du quatrième jour complémentaire de l’an sept de la République, nous pansont que l’insertitude du sexe ne peut offrir aucun prétexte pour retardé ou empecher la célébration du mariage dudit SACRÉ François, que nous déclarons positivement aitre du sexe masculin. Auzay le neuf octobre mil huit cent vingt-six et ont signé BRISSON, médecin, DELAUNAY – MIGNONNEAU – CHRETIEN – MORIN Jacques.
Le dit SACRÉ François, fils légitime du mariage de Jean SACRÉ, journalier et de fu (feue) Marie Anne Prunier, décédée à St Pierre le Vieux le vingt « deux » germinal (renvoi) de l’an neuf de la République française, suivant l’acte de décès délivré par GIRAUD, Maire de St Pierre le Vieux, le dix huit Septembre 1826, demeurant en la ditte commune de Saint Pierre Le Vieux. Le dit SACRÉ, perre, presante devant nous pour otoriser le dit SACRÉ François sont fils, à son mariage projetté en ca de bezoin. et Marie ARRENAUD, journalière, âgée de vingt et un ans, fille de feu René ARRENAUD et de Anne RAVON, ces perre et mère respectif, de cette commune, née en cette commune d’Auzay le six du mois de May de l’an dix huit cent six. Le dit René ARRENAUD, décédé en cette commune, le deux du mois de mars dernier, d’après le registre de l’État Civil de cette ditte commune d’Auzay et la ditte Anne RAVON présante devant nous pour otoriser Marie ARRENAUD, sa fille, à son mariage projetté, sy bezoin est. Les quel nous ont requi de proceder à l’instant à la sélébration de leur mariage projetté et don les publications ont été faitte devant la principale porte d’entrée de la maison commune, à deux dimanche conséqutive le vingt quatre du mois de septembre dernier et le premier du mois d’octobre, à l’heure de midi. Aucune opposition aux dit mariage nous ayant été notifié, faisant droit à leur requisition, après à voir donné lecture de toute les piesses mentionnée et du chapitre six du titre du Code Civil, intitulé « du mariage », avon demandé aux futurs époux, ainsi qu’à la future épouse, s’il veulle se prendre pour mari et pour femme. Chacun deux, ayant répondu séparément et affirmativement, nous Adjoint Officier Public pour le Maire absant, déclaront au nom de la loi que François SACRÉ et Marie ARRENAUD, sont uni par le mariage.
De tout quoi, avon dressé acte en présence des témoin requi à cet éfait, savoir : du côté de l’époux de François SEBASTIEN, homme de confiance, âgé de trente-sept ans et Jacques QUITTAR, sabotier, âgé de trente un ans, demeurant les deux, dans cette commune, amis de l’époux et ceux du côté de l’épouse : Jacques NOLLET, menuisier, parin de la future, âgé de quarante huit ans et François RAVON, oncle maternel de la future, âgé de soixante quatre ans, demeurant en cette ditte commune d’Auzay.
Après avoir donné lecture du présent acte de mariage, dans tous sont contenu, au partie contractante, témoin et parant sy établi, l’époux, l’épouse et les témoins ont déclaré ne savoir signé de ce requis et interpeller expressement. Les parans et ami qui save signé, ont signé avec nous le presant acte de mariage après que lecture leur en a été faitte.
Vingt sept mots entre ligne et la marge, pour valloir.
GUILBON, Adjoint -NAULET – « MAIRE »
Dans le coin gauche à la fin de l’acte, Fortuné GUILLET, Maire d’Auzay a apposé sa signature.
Ci-dessous la transcription de l’acte de naissance original erroné :
AD85 – St Pierre le Vieux – État Civil– Naissances et décès an VII – vues 16 & 17 / 27
Outre le caractère aujourd’hui cocasse de la situation, il semble incroyable qu’une telle erreur ait pu se produire.
La détermination de l’identité sexuelle biologique d’un enfant peut être problématique, lorsqu’il présente une anomalie. A la naissance, le bébé est déclaré de sexe masculin ou féminin. Aujourd’hui, les individus nés avec une ambiguïté sexuelle (intersexualité, hermaphrodisme ..) revendiquent une troisième option puisqu’ils n’entrent dans aucune des deux catégories : genre masculin ou féminin.
Dans le cas de François SACRÉ, son appartenance au sexe masculin est pour le moins flagrante d’après le résultat de l’examen auquel il a été soumis ! Toutefois, Dame nature se montrant parfois très capricieuse, on ne peut exclure qu’il soit né avec des organes sexuels très peu développés et que peu à peu, tout soit rentré dans l’ordre. Ce qui pourrait expliquer que n’ayant pas décelé les attributs externes requis pour être un « mâle », sans aller plus loin, on a décidé que le nouveau-né était une fille.
Une autre raison peut être avancée : Nous sommes en 1826. Les nombreux morts parmi les conscrits à l’issue des guerres Napoléoniennes ont laissé des cicatrices douloureuses dans l’esprit de la population. Pour protéger leur enfant d’une participation à d’autres conflits, la déclaration de naissance n’a-t-elle pas été falsifiée ?
Ou encore une raison purement administrative : Une fiche mal retranscrite dans le registre. J’avoue ne pas avoir d’expérience en la matière, c’est mon mari qui a déclaré la naissance de mes trois filles. Ce que je sais, c’est qu’il n’y a pas de présentation de l’enfant à l’officier d’État Civil, pour enregistrer la naissance.
D’ailleurs, qu’en était-il réellement de cette présentation ? Fallait-il réellement, comme cela figure dans les actes, présenter le nouveau-né au Curé ou au Maire pour que l’acte de baptême/naissance soit enregistré ? Mais il s’agit d’un autre débat.