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Accueil » Dossiers » Patrimoine » Reportages » La Vierge du Courégant en Plœmeur

La Vierge du Courégant en Plœmeur

Le jeudi 29 mars 2012, par Jean-Yves Le Lan

Au sommet de la pointe qui domine le port du Courégant en Ploemeur, il y a, face à la mer, un ancien fortin, bâti en 1789, déclassé et vendu par l’Etat en 1849. Il a été transformé en une pittoresque villa dénommée « Le Castel ». Ce Castel servait de support à une magnifique Vierge de Lourdes qui surplombait la mer d’une hauteur de quarante mètres.

Le Castel repère de base de vitesse

La décision de création d’une nouvelle base de vitesse pour contre-torpilleurs est prise lors d’une conférence le 23 mars 1911. Dans le procès-verbal de la conférence, daté du 15 mai, il est précisé que « la base de vitesse au Nord de l’île de Groix a pour alignement de direction la maison de KOUREGANT par la Pointe de KERROC’H. Pour baliser cette pointe un amer est nécessaire en arrière du feu de KERROC’H. Cet amer serait constitué par un triangle vertical de 3m. de base et 3m. de haut supporté, à une hauteur de 12m. , par une tige formée de rails superposés et maintenue par des haubans. L’ensemble pourrait se rabattre, en cas de besoin ; autour d’un axe horizontal  » [1].

Cette base de vitesse fut alors utilisée et en 1925, le contre-amiral d’Adhémar de Cransac, préfet maritime, annonce par voie de presse [2] aux navigateurs et aux pêcheurs qu’il convient de prendre des précautions lors des essais des bâtiments de guerre sur les bases de vitesse de « Glénans-Groix et de Groix  ».

Il précise que tout bâtiment en essai portera « la flamme du Code supérieur au Pavillon A, signifiant : « Je fais des essais à grande vitesse »  » et qu’alors tout bâtiment ou barque de pêche devra s’écarter de la route et qu’il est interdit de tendre des filets ou des lignes et de mouiller des casiers ou engins de pêche sur l’alignement de la base de vitesse de Groix pour contre-torpilleurs et torpilleurs. La base de vitesse Glénan-Groix servait pour les essais des grands bâtiments.

Il précise ensuite les repères de la base de vitesse de Groix et indique : « L’alignement de direction orienté N. O. – S. E. est constitué par l’angle S. O. de la maison du Kourégant la plus proche de la mer vu par une balise à chapeau placée dans le N. O. et tout près du feu de Kerroch.

La limite N. O. de la base est constituée par l’alignement de deux balises à voyant triangulaire établies : la première, la plus grande, près de l’entrée de Port-Lay, la deuxième, la plus petite, près de la pierre druidique (Groix).

La limite S. O. est constituée par l’alignement de deux balises semblables, établies la : première à Port-Milit, la deuxième à Kergatouarn (Groix). La longueur de la base entre les deux limites est de 1,870 m. 26 (1 mille 01). »

En ce début de XX° siècle, c’était donc l’angle du Castel qui servait de repère pour la base de vitesse.

La Vierge érigée sur la Castel

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Dans le journal L’écho du Morbihan, de Basse-Bretagne de l’Ouest  [3] , il est annoncé que la Vierge de Lourdes [4], érigée à la partie la plus élevée du « Castel du Kourégant  » par monsieur Jean Guyomar, serait bénie le lendemain par le Père Le Goff de Guidel. Ce dernier était missionnaire du Canada, parent de monsieur Guyomar et en vacances à Guidel à cette époque.

Dans l’édition du samedi 19 juillet 1930 [5] , il est réalisé un compte-rendu de cette cérémonie qui s’est déroulée le jeudi 17 juillet dans l’après-midi. Le journaliste explique en introduction que c’est monsieur Guyomar qui a imaginé des modifications au fortin de 1789 : rajouts de créneaux, d’escaliers, d’un soubassement à la base [6] et d’une statue de la Vierge de Lourdes. Celle-ci aurait les mains jointes avec le rosaire descendant le long du corps et une hauteur d’environ deux mètres. Comme le Castel en faisait treize cela nous ferait une hauteur de quinze mères de la base du Castel au sommet de la statue.

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Le fortin vers 1910.
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Le Castel vers 1930 avec le rajout de deux étages et de la Vierge.

Le projet fut donc réalisé probablement en 1929 ou en début 1930 car l’inauguration eut lieu en juillet 1930. La motivation de monsieur Guyomar était principalement religieuse et l’élévation de cette statue de la Vierge était destinée à protéger les marins.

Sur la façade sud, on trouvait l’inscription latine «  Ave Maria, Stella Marie  » et sur la façade nord l’inscription en breton « Avelt Doue, hag er vro, Inour d’en Herkiez Santel 1789 – 1930  » et, dispersées sur le bâtiment, des ancres de marine et des étoiles .

A cette inauguration fut invitée des amis de monsieur Guyomar, les enfants du pensionnat des sœurs et beaucoup de fermiers et fermières de Ploemeur. Vers 16h30, un ancien clairon de l’école des fusiliers, monsieur Kergoat, sonna le « Garde à vous  » et un coup de canon fut tiré à blanc. Le Père Le Goff bénit ensuite la statue et monsieur Guyomar entonna alors un « Ave Maria  » repris en cœur par les enfants et les fermiers. Les autres pièces du Castel furent bénies ensuite, le clairon et le tambour, monsieur Berrou, battirent alors « Aux champs » et monsieur Guyomar entonna le « Magnificat  ». Pendant la cérémonie, un lâcher de pigeons voyageurs eut lieu.

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La statue de la Vierge au sommet du Castel.

Le journaliste qui signe « Ar Mor » conclut son article par « […] Quand nous nous retournons sur la route pour contempler ce spectacle infiniment grand, le castel et surtout la statue qui le domine apparaissent avec une blancheur extraordinaire sur ce fond noir d’encre […] »

La Vierge devient un amer

Par la suite, la Vierge du Castel servit d’amer (de repère) pour la Marine Nationale en remplacement de l’angle de l’édifice. Monsieur Guyomar aurait été très certainement déçu d’apprendre qu’en fait la Vierge qu’il avait fait ériger au sommet du Castel servirait pour les essais des bâtiments de guerre [7] .

Avant la Seconde Guerre mondiale, comme nous l’avons vu précédemment deux bases de vitesse étaient utilisées. A l’époque de la mise en place de la Vierge, en 1930, et par la suite ces deux bases de vitesse furent toujours en service et dénommées : base de vitesse Groix-Kerroch et base de vitesse Groix-les Glénan.

La première base de vitesse dite base de vitesse Groix-Kerroch

La première base de vitesse avait une longueur de 1 mille avec comme :

  • alignement principal : l’alignement d’un repère à la pointe de Kerroch (devant le bâtiment du feu chercheur) et la Vierge située sur le Castel du Courégant.
  • traversiers :
  • 1er traversier : Repère Port Mélite et repère du Petit Château sur Groix.
  • 2e traversier : Repère près de Port-Lay et l’amer du Menhir à Groix.

La deuxième base de vitesse dite base de vitesse Groix-Les Glénan

La deuxième base de vitesse [8] avait une longueur de 5,66 milles avec comme :

  • alignement principal : l’amer situé à Kerigant à Groix et l’amer Saint-Nicolas. Cette direction était reprise à l’approche des Glénan par un alignement sur les Glénan (Guiautec - Tour de Fort Cigogne).
  • traversiers :
  • 1er traversier : Balise de Pencleu (Mur blanc) et phare vert d’entrée de Doëlan.
  • 2e traversier : Amer Kerhermain/Kerfany et le clocher de Riec-sur-Belon.

Destruction de la Vierge

La Vierge qui servait de repère fut détruite pendant la Seconde Guerre mondiale et remplacée par un triangle en bois en 1946 ou 1947.

Le propriétaire du Castel, médecin à Nevers, monsieur Perceau demanda, en 1952, d’enlever ce repère qui dénaturait le Castel et donna l’autorisation de le mettre sur un blockhaus à proximité. L’opération fut faite par les Ateliers Mécaniques de la Perrière (enlèvement le 2 mai 1952 et remontage le même jour sur le blockhaus) [9].

En 1996, un décret en date du 16 avril, supprima la protection des champs de vue des amers des bases de vitesse de l’arrondissement maritime de Lorient. Le G.P.S. avait eu gain cause sur ces repères visuels qui n’étaient plus d’aucune utilité.

Remerciements : A monsieur Paul Collet pour les informations sur l’utilisation de la Vierge comme amer de base de vitesse.


Demande d’aide :

  • Je recherche des photographies du Castel avec la Vierge (partie du bâtiment, intérieur, etc.). Les personnes en disposant et étant prêtes à les mettre à ma dispostion, peuvent prendre contact avec moi par le forum. Merci d’avance.
  • Pour la transcription de l’expression en breton sur la face nord, je ne suis pas certain de l’exactitude de l’expression. Si certains ont un avis ou des informations, je suis aussi intéressé.

[1Service historique de la Défense, département Marine de Lorient – cote 9 W 123.

[2L’Ouest-Eclair du 14 août 1925.

[3L’écho du Morbihan, de Basse-Bretagne de l’Ouest du jeudi 17 juillet 1930, N°158.

[4Estimée à deux mètres de haut d’après les souvenirs de monsieur Collet.

[5L’écho du Morbihan, de Basse-Bretagne de l’Ouest du samedi 19 juillet 1930, N°160.

[6En fait, il fut, à cette époque, rajouté deux étages au fortin de 1789 en plus du soubassement à la base de la Vierge.

[7Monsieur Paul Collet, ancien ingénieur aux Travaux Maritimes, rapporte que la Vierge du Castel du Courégant servait en fait comme repère pour les essais de vitesse des navires fabriqués ou entretenus à l’arsenal de Lorient (Bâtiments de surface et sous-marins).

[8Cette base de vitesse fut utilisée en particulier pour les essais de vitesse du « France ».

[9Service historique de la Défense, département Marine de Lorient – cote 9 W 124.

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9 Messages

  • Bonjour,
    Merci pour cet article.
    J’ai passé une grande partie des vacances de mon enfance au Courégan (dans les années 1950). Que de souvenirs !!!
    Je regarde dans mes archives et celles de mes parents si j’ai des photos du castel pour vous les transmettre.
    Cordialement,
    Françoise Alzon

    Répondre à ce message

    • Bonjour,

      Merci de votre intérêt pour cet article et pour vos recherches dans vos anciennes photos. Je vous communiquerai mon adresse e-mail si vous trouvez des photos intéressantes.

      Bien cordialement

      Jean-Yves Le Lan

      Répondre à ce message

  • Bonsoir,

    J’ai demandé à un ami de confirmer la traduction, c’est un spécialiste (Eric Pianezza-Le Page de Plonévez-Porzay. 29)

    Le texte est en vannetais mais mal lu et donc mal recopié
    Il faut lire :
    Aveit (et non "Avelt") Doue hag er vro
    Inour d’en Werc’hez (et non "Herkiez") Santel
    La version KLT donne
    Evit Doue hag ar vro
    Enor d’ar Werc’hez Santel
    En français
    Pour Dieu et le pays
    Honneur à la Sainte Vierge

    Jacline Lecaudey-Le Guen de Poissy 78 & Sarzeau.56)

    Répondre à ce message

    • La Vierge du Courégant en Plœmeur 1er avril 2012 08:02

      Bonjour,

      Merci pour votre interprétation. Pour "AVELT", vous avez raison c’est sans aucun doute "AVEIT" car je lis le texte sur un vieil article de presse et l’impression est très mauvaise.

      Pour "HERKIEZ", c’est bien ce que je lis ou "KERHIEZ". Mais votre expression est cohérente avec la présence de la Vierge sur le bâtiment.

      Bien cordialement

      Jean-Yves Le Lan

      Répondre à ce message

    • La Vierge du Courégant en Plœmeur 1er avril 2012 08:11

      re bonjour,

      J’ai fait une erreur de frappe dans mon dernier message pour "HERKIEZ" cela peut-être "HERHIEZ" ??? un "H" à la place du "K" mais ???

      Bien cordialement

      Jean-Yves Le Lan

      Répondre à ce message

  • La Vierge du Courégant en Plœmeur 3 avril 2012 17:11, par Gérard

    Vous citez Jean GUYOMAR ; avez-vous des informations sur ce personnage ?
    Domicile, naissance, mariage, décès ?
    D’origine lorientaise par ma mère qui se nommait GUYOMARD, j’aimerais vérifier si ce personnage est lié à mes ascendants.
    Gérard

    Répondre à ce message

  • La Vierge du Courégant en Plœmeur 7 avril 2012 18:24, par modile78

    Bonjour,
    j’ai lu votre article avec intérêt car le nom du Courégan était souvent cité par ma grand-mère paternelle, originaire de Lorient... Quant au journaliste qui signe Ar Mor, il s’agit de son père, Ferdinand Berdel (1870-1839), qui s’est beaucoup intéressé à la vie de ses concitoyens lorsqu’il fut en retraite.

    Répondre à ce message

    • La Vierge du Courégant en Plœmeur 7 mai 2015 21:22, par CUVELIER

      bonjour
      excusez-moi de vous écrire mais
      je suis l’arrière petite-fille de Ferdinand Berdel :
      l’avez-vous connu ?
      De qui parliez-vous lorsque vous disiez qu’il s’agit de son père ?
      Merci pour vos précisions
      Béatrice Cuvelier

      Répondre à ce message

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