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Jean-Baptiste Roussilhe, un auvergnat méconnu de l’histoire

Le jeudi 14 octobre 2010, par Pierre Lechien

Jean-Baptiste Roussilhe est né le mercredi 27 février 1732 à la Mallevieille un hameau de sept maisons dépendant de la commune de Valuejols, canton sud de Saint-Flour.

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Son acte de baptême

Il est le neuvième enfant, sur les douze de Bertrand âgé de 45 ans, et de Louise Andrieu sa femme.

Bertrand était laboureur, et la ferme était assez prospère, aussi dés qu’il eu l’âge, après une petite enfance semblable à celle de ses frères et sœurs, il partit à Saint-Flour au collège des jésuites. Doté d’une excellente mémoire qui lui rendra service tout au long de sa vie, il y fait de brillantes études classiques.

Ses études terminées il ne se résout pas à devenir ecclésiastique comme l’auraient souhaité ses parents, et en 1754, il quitte son Auvergne et monte à Paris ou il trouve rapidement à se placer chez un notaire. L’histoire et le chanoine J. F. Pautard nous apprennent que ce notaire, appréciant particulièrement ses qualités, aurait voulu le marier à sa fille, mais là encore ce n’était pas le destin de Jean-Baptiste.

Opportunément, la guerre de Sept ans (ou guerre de Hanovre) éclate, et notre auvergnat s’engage comme secrétaire-aide de camps d’un officier supérieur, Monsieur De Lastic, lui aussi auvergnat, qu’il suit pendant toute la campagne.

La paix rétablie en 1763, il rentre en France. On sait simplement qu’il aurait été associé à des opérations financières sans plus de précisions. Cette période de sa vie reste actuellement un mystère.

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Jean-Baptiste Roussilhe

Nous le retrouvons à Marseille vers 1775. Il y restera jusqu’en 1791. Un passeport délivré a cette époque nous apprend qu’il est ingénieur, et qu’il habite au 18 rue Croix des Petits Champs.

Il travaille alors au port de Marseille, et à partir de 1782, il va être chargé du curage du port qui pose de gros problèmes d’envasement.

Curieusement il a pris le nom de Roussilhe de Morainville et c’est sous ce nom qu’il continuera de vivre le reste de sa vie.

Le 14 Décembre 1785, il propose un mémoire pour faire construire une jetée à l’anse de l’Ourse de façon à diminuer l’envasement du port. Depuis 1783, il a conçu une drague plus efficace qui permet un dégagement plus rapide et à laquelle on a donné le nom de « Marie salope ».

En juillet 1787, la profondeur atteint 18 à 20 pieds. Le 1er octobre 1783, il y a un accord avec la chambre de commerce de Marseille. En juillet 1786, il avait approfondi à 18 pieds le secteur oriental, il attaque ensuite la rive neuve. La surface à creuser atteint 4000 toises carrées. En avril, mai et juin 1788, il enlève 2857 toises cubes. En 1791 le haut fond du marquisat était presque entièrement réduit. Le plan d’eau couvrait 70 400 toises-carrées (24 ha 16).
Il faut ensuite creuser des soubassements de roches dures au niveau des haut-fonds du marquisat, devant la partie du quai ou se trouve le plus grand nombre d’entrepôts et de magasins. Il invente alors le pétard sous-marin : il dégage le lacydon (futur Vieux-Port) et parvient à approfondir la rive, ce qui permet l’accessibilité au port de plus gros navires.

Parallèlement à son travail à Marseille, il s’occupe de problèmes financiers, en particulier avec la Russie et il négocie un traité de commerce (avec l’aval du gouvernement) qui vise à évincer les Anglais qui ont l’exclusivité du commerce dans les ports russes. Le traité était pratiquement signé lorsque la guerre d’Amérique éclate. Celle-ci accapare alors Louis XVI et le projet n’aura pas de suite.

En 1789 il publie « L’union des trois ordres et la poule au pot ou le moyen de remplir le déficit et d’assurer l’extinction totale des dettes de l’état sans faire de nouveaux impôts ».

En 1790, il propose un projet de loterie nationale pour procurer à l’état tous les fonds que le comité des finances juge nécessaire à sa libération.

Un peu plus tard, il publie encore « La manière de rembourser la dette exigible et de vendre les biens nationaux promptement et avantageusement avec une simple émission de deux cents millions de nouveaux assignats ».

Le 11 août 1790, il fait un discours à la tribune de l’assemblée nationale pour promouvoir de nouveaux bassins de construction et de remise, propres à décupler la durée de vie de nos vaisseaux de guerre. Il en a réalisé une maquette en bois, qu’il a fait transporter au petit séminaire Saint-Sulpice à Paris. L’assemblée adopte son projet et lui propose de se rendre (à ses frais) à Toulon pour constater la possibilité de l’exécution et effectuer un devis. La Terreur met un terme au projet qu’il représentera dans une deuxième tentative sous le Consulat auprès de Bonaparte.

Avant la Terreur (1793-1794), il était adjoint au comité des finances avec son ami Charles Delacroix (le père du peintre) et sa position lui a permis de soustraire quelques victimes de la liste qui les condamnait à la guillotine.

Malheureusement, proscrit par Robespierre comme aristocrate et ami de Louis XVI, lui-même se retrouvant un jour sur cette liste, il risque l’arrestation et l’échafaud.

Il quitte alors Marseille où il résidait, voyageant la nuit et se cachant le jour. Il vient se réfugier en Auvergne, à la Mallevieille. Sa famille avait une grange perdue au milieu des Fraux de Lescure : il vivra les 14 mois de la Terreur au lieu-dit le Chambon. Il est en sécurité relative, bien que recherché, mais ses deux neveux, l’un Jean, commissaire au pouvoir exécutif du tribunal de Saint-Flour, l’autre François, maire de Valuejols, ont sans doute été d’un précieux secours dans cette tragique période.

Après la Terreur, il retrouve son ami Charles Delacroix et il rentre au Ministère des affaires extérieures.

En 1796, a lieu un premier essai de négociation avec l’Angleterre, le 12 nivôse (2 janvier). Il s’y rend en mission secrète.

En 1797, il est chargé par le Directoire de fabriquer plusieurs millions de faux billets de banques anglais et de les faire passer en Hollande et en Angleterre. C’était une réponse à la fabrication de faux assignats par les Anglais, mais ceux-ci ayant eu vent de l’affaire, le résultat n’a pas été concluant.

Mais très vite une nouvelle carrière va bientôt s’ouvrir à lui. En 1797, le Directoire met à sa disposition, à Dunkerque, des navires armés pour la course. Il s’agit des frégates La Desirée, l’Incorruptible et La Poursuivante ; Des corvettes La Cerés, Le Festin, Le Foudroyant, La Torche, La Dorade, La Naïade (qui a 12 canons) ; Du lougre, Le Poisson volant, pour faire la course sur la Tamise (21 Thermidor An V).

Il arme à ses frais la corvette La République et le brick Président Parker (nom du chef de l’insurrection dans la marine britannique), ainsi que la frégate L’Africaine et la corvette La Sagesse pour faire la course aux Indes.

Le 4 Ventose An VI à Dunkerque, annulation de l’ordre du ministre des finances aux douaniers de saisir La jeune Gertrude chargée de sucre britannique sous drapeau prussien.

25 ventose An VI, la corvette La République est arrêtée à Bordeaux en mission secrète. Le 13 nivôse, elle exporte des pierres à fusils (procès-verbaux du directoire An VI-VIII ).

La même année 1797, il écrit un appel au directoire exécutif des vexations exercées par le gouvernement batave contre les croiseurs français et les prises qu’ils conduisent dans les ports de la hollande. Son appel qui concerne le corsaire Le satanique aura une suite en 1813 en appel, et fera jurisprudence dans le traité des prises maritimes en 1859.

À cette époque, il semble bien connaître BARRAS qu’il met en garde contre BOISSY D’ANGLAS et VAUBLANC (cf. Mémoire de Barras).

BONAPARTE le fait venir à Toulon, ville qu’il connaît très bien pour avoir un avis sur la meilleure façon de prendre la ville.

Le 27 brumaire An VII, il se charge de l’approvisionnement de Paris en grain avec un mois d’avance en échange de l’exclusivité des exportations.

Agé de 66 ans, Jean-Baptiste se retire à Paris rue des Gravilliers n° 25.

Mais il n’a pas un tempérament à rester inactif, aussi il va devenir industriel. Pour pallier au blocus pendant l’empire et au manque de café, il installera une fabrique de poudre de chicorée au gros cailloux à Paris. Par malheur, cette fabrique sera détruite par un incendie, ce qui l’affectera considérablement.

Ne se décourageant pas, il créera une filature de lin, rue du château Landon, ou maintenant il habite.

Jean-Baptiste Roussilhe Morainville n’a jamais oublié le Cantal. Il fut membre de la société d’agriculture du cantal ou il a tenté d’introduire des moutons mérinos d’Espagne qu’il faisait hiverner dans le lot. Il fit aussi maintenir la cour criminelle à Saint-Flour et aidera beaucoup au maintien du pèlerinage de Notre-Dame de Lescure.

Affaibli par l’âge et par l’incendie de sa fabrique du gros Cailloux, il meurt le 8 mai 1822 à 90 ans dans sa maison du château Landon à Paris. Il sera enterré au cimetière du Père Lachaise. J. Girard, directeur de l’école royale d’économie rurale et vétérinaire d’Alfort, prononcera un discours sur sa tombe.

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Sa tombe au cimetière du père Lachaise

Bibliographie :

  • BNF.
  • Archives de la révolution française.
  • Paul Barras (vicomte de ), Mémoire de Barras membre du directoire, 1896.
  • Abbé Pautard, Histoire de la paroisse de Lescure, typographie Firmin Bourbounelle, 1893.
  • Historique du port autonome de Marseille.
  • Histoire du commerce français dans le levant au XVIIIe siècle .
  • Paul Masson, Discours de J. Girard, imprimerie Madame Huzard, 1822.
  • Abbé Chaummeil, Biographie des personnes remarquables de cette demi province (la haute Auvergne), 1856.

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2 Messages

  • une vie bien remplie et très intéressante.
    Que de documents encore à dénicher

    Répondre à ce message

  • Je viens de découvrir ce texte de M.Pierre Lechien paru dans la Gazette le 14/10/2010. Texte très intéressant mais deux erreurs m’ont fait sursauter :

    La prise de Toulon a eu lieu le 19 décembre 1793, et Bonaparte n’a jamais eu le grade de colonel. En l’an II, Bonaparte ne figure sur les cadres réguliers de l’armée qu’avec le grade de chef de bataillon d’artillerie. Le
    lendemain de la prise de Toulon les députés présents et Barras l’élèvent au grade de général d’artillerie, en lui faisant franchir les grades intermédiaires de lieutenant-cololonel et colonel. Cette nomination à titre
    provisoire est confirmée quelques jours plus tard par le Comité de Salut Public où siège Carnot. (cf. Le dossier Napoléon -Marabout Université Jean Burnat ...)

    Enfin et surtout merci pour votre site, pour le travail que cela implique. C’est un plaisir d’y naviguer et maintenant, pour moi, de modestement participer.
    Bien cordialement. Claude

    Répondre à ce message

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