C’est dans les registres paroissiaux d’Aillianville (52) que l’on trouve en 1766 l’acte de baptême de Jean Baptiste Salme : « Jean Baptiste fils de Jean Baptiste Salme laboureur et de Marie Jeanne Vignon sa légitime épouse a été baptisé le 18 novembre et a eu pour parrain Nicolas Salme et pour marraine Marie Gérard lesquels ont déclaré ne savoir signer... ». Certains auteurs l’ayant fait naître à Neufchateau (88), voire dans la Meuse, la production de son acte de baptême démontre bien qu’il est natif du village. Il ne peut donc plus y avoir de contestation à ce sujet. Il reste cependant encore bien des zones d’ombre sur sa vie, même si certains faits sont aujourd’hui irréfutables.
Origine familiale :
Jean Baptiste Nicolas Laurent Salme, son père, est né à Grand (88) le 20 janvier 1733 de Nicolas Salme, huissier et de Marie Jeanne Hachon. C’est le cinquième d’une famille qui comptera dix enfants composée de 6 garçons et 4 filles. Marie Jeanne Hachon décédera le 5 mars 1764. Deux mois après le 8 mai 1764, Nicolas Salme se remariait à Grand avec Marie Gérard. Il était à cette époque maréchal ferrant et marchand. De cette seconde union naîtront encore quatre enfants.
Jean Baptiste Nicolas Laurent Salme exercera successivement les professions de laboureur en 1766, marchand en 1774, puis marchand de bois en 1784. Il était cependant déjà qualifié de bourgeois dès 1759. C’est peut être ce qui lui valu d’être considéré comme suspect lors des événements révolutionnaires de mai 1793. A moins que ce ne soit des suites de sa citation au Directoire départemental comme ancien syndic municipal pour délit d’administration au temps de sa gestion des affaires communales en novembre 1789. Il fut en effet accusé d’avoir dépensé inutilement les deniers de la commune. Il exercera cependant à nouveau les fonctions de maire à partir de 1807.
Jean Baptiste Nicolas Laurent Salme épouse le 3 juillet 1753 Marie Jeanne Vignon, puis le 12 frimaire an VI Catherine Senault qui ne lui donnera pas de postérité alors que sa première épouse lui avait donné onze enfants. Il décède à Aillianville le 10 mars 1818 âgé de 85 ans ; sa femme ne lui survivra pas un mois. Marie Jeanne Vignon, la mère du futur général, naquit vers 1736 de Nicolas Vignon, originaire de la province de Brie, et de Marie Prévost. Ses parents décéderont rapidement laissant la tutelle de la jeune orpheline à son cousin Jean Prévost qui demeurait à Aillianville, alors que Nicolas Sellier en était le curateur. Elle épouse Jean Baptiste Nicolas Laurent, dit Jean Baptiste, Salme. Comme ce dernier elle fut suspectée lors de la tourmente révolutionnaire et conduite en prison à Bourmont en juillet 1793. Elle a probablement dû ce traitement à son appartenance lointaine aux familles de Simony et des Barres. Elle décédera à Aillianville le 10 frimaire an III. Comme le voulait la tradition les grands parents étaient parrain et marraine du jeune enfant.
L’enfance de Jean Baptiste Salme :
A vrai dire, elle est mal connue. On sait seulement que Jean Baptiste Salme fut instruit par un de ses oncles, Gaspard Salme né à Grand le 20 juin 1737, curé et vicaire de Grand de 1760 à 1769 au moins, puis de Morancourt de 1783 à 1815, où il meurt assermenté sous la Révolution.
Jean Baptiste Salme, après avoir fait de bonnes études, rentra dans sa famille, mais ne se sentant aucune vocation pour la profession de ses parents, il s’engagea malgré eux le 16 avril 1784 au régiment de dragons de Noailles, compagnie de Tribois, unité en garnison à Epinal et commandée par Louis Philippe Marc Antoine de Noailles, prince de Poix. Les contrôles du corps du 15e régiment nous donnent la description suivante du jeune dragon : Une taille de cinq pieds, quatre pouces, les cheveux et les sourcils châtain clairs, le visage et le menton ronds ; son nez était légèrement marqué par la petite vérole.
Salme resta simple dragon, mais connut plusieurs garnisons : Carcassonne et Toulouse en 1788 et Montauban en 1790. Le 12 janvier 1791 il fut rendu à la vie civile, son père ayant réussi à le persuader qu’il n’y avait pas d’avenir pour lui dans l’armée. Il se retire alors à Neufchâteau.
Son engagement dans l’armée :
Le maniement de la charrue ayant à ses yeux peu d’intérêt, Jean Baptiste Salme profite de la loi du 9 juillet 1791 qui prescrivait la formation d’unités de volontaires pour rejoindre le premier bataillon des Vosges. Ouvrons une parenthèse pour signaler que c’est suite à cet engagement que certains auteurs l’ont fait naître à Neufchâteau, où y résider. En effet, concernant ce dernier point, rien n’est moins sur. Il n’est pas du tout certain qu’il résidait à Neufchâteau avant de faire partie du premier bataillon de volontaires des Vosges. Ses goûts pour l’armée, et son impatience ont fait qu’il a rejoint ce bataillon parce qu’il est le premier à s’être constitué. En effet, il faut attendre le 7 août 1791 pour que le Directoire du département de la Haute-Marne prenne un arrêté décidant la formation d’un premier corps de volontaires. Ce dernier ne fut d’ailleurs effectif que le 17 septembre suivant. Jean Baptiste Salme fut donc un des premiers à se rendre à Neufchâteau où s’organisait le premier bataillon formé des contingents des districts de Neufchâteau et de Lamarche. Il est malheureusement impossible de retrouver la liste des volontaires pour y vérifier son lieu de résidence. Bien lui en pris toutefois, puisque le vieux soldat d’origine allemande qui commandait ce bataillon lui donna les galons d’adjudant sous-officier, en tant qu’ancien dragon de Noaïlles ; chose qui aurait été impossible s’il avait rejoint le bataillon Haut-Marnais puisqu’entre temps le décret du 4 août 1791 en avait fixé le mode de recrutement et d’élection des officiers et sous-officiers. Ils devaient désormais être élus à la majorité absolue et à scrutin secret.
Aussitôt formé, le bataillon rejoint son cantonnement à Saverne où les recrues perçoivent un complément d’équipement ainsi qu’un rudiment d’instruction pour lequel Jean Baptiste Salme se révèle être particulièrement zélé. En reconnaissance de ses services, il est fait sous lieutenant le 15 avril 1792.
Son mariage :
Ce fut à Saverne que le brillant soldat fit connaissance de Jeanne Henriette Masse. Fille qu’il épousera d’ailleurs dès le lendemain de sa nomination comme sous lieutenant ainsi que le prouve l’acte de mariage célébré à Saverne. Sa traduction est la suivante : Aujourd’hui, 16 avril 1792, après une seule publication en cette église paroissiale (dispense des deux autres ayant été accordée par le très révérend évêque de Strasbourg), aucun empêchement secret ne s’étant produit, en vertu du mutuel consentement ci-dessus relaté par moi, sont unis suivant les lois de l’Eglise : Jean Baptiste Salme d’Aillianville, département de la Haute-Marne, district de Bourmont, adjudant du 2e bataillon des Vosges, fils de Jean Baptiste Salme et de Marie Jeanne Vignon, et de Marie Masse, fille de Louis Masse, perruquier en cette ville, et de Jeanne d’Esper. Les trois témoins ci-dessous désignés sont lieutenants dans le corps ci-dessus relaté. Suivent les signatures de l’acte en latin. Il convient de faire quelques remarques concernant celui-ci. A savoir que le prénom de l’épouse est bien Jeanne Henriette, ce que confirme une inscription rectificative au registre accessoire de l’année 1812, suite à un jugement du tribunal de Saverne du 8 juillet 1812. Notons également que Jean Baptiste Salme est bien mentionné comme étant d’Aillianville. Il n’est pas fait mention de Neufchâteau. Il y a toutefois une erreur en ce qui concerne le bataillon. Salme était bien du premier bataillon et non du deuxième.
Les premiers combats :
Jean Baptiste Salme n’aura guère le temps de goûter aux joies de la vie de famille puisque dès le 19 juillet 1792, le général en chef de l’Armée du Rhin réquisitionne son bataillon pour effectuer quelques combats d’avant poste. Il convient de rappeler que depuis le 20 avril 1792 la guerre était déclarée au roi de Hongrie et de Bohème. Salme assista au siège de Longwy investi par les Prussiens et fut blessé à Rulzheim le 3 août. On le retrouve sous les ordres du général Custine qui devint très populaire grâce à ses victoires. Spire le 25 septembre, Worms tombe le 5 octobre et Mayence le 21. Le 14 septembre 1793, Salme fut à nouveau blessé au combat de Nothweiller où il s’était distingué par sa bravoure pour reprendre un camp retranché aux mains des Autrichiens.
Ses réelles aptitudes militaires et son énergie font que le 7 octobre de la même année, il est nommé lieutenant colonel du quinzième bataillon des Vosges. Unité composée de réquisitionnaires peu aguerris et indisciplinés. Il faut bien dire pour leur défense qu’ils étaient mal armés, mal vêtus et mal nourris. Le 28 octobre 1793, nouveau changement d’unité puis qu’il prend le commandement de la 3e demi brigade qui fait alors partie de l’avant garde de l’Armée du Rhin.
Le premier décembre 1793, il enlève aux Autrichiens la position de Bettenhoffen (Bas Rhin). Le 4 décembre il reçoit les éloges de Pichegru pour ses faits d’armes au combat de Berchem, à Berstheim. Le 18 décembre, il donne de nouvelles preuves de sa bravoure dans un combat inégal contre des hussards autrichiens. Il reçoit une troisième blessure : Un coup de sabre au bras. Il prit part au combat de Geisberg le 26 décembre, ainsi qu’à la prise de Lauterbourg.
Le général de brigade :
Le 30 mars 1794, Salme fut promu général de brigade. Pichegru, avec lequel il éprouvait une grande amitié, l’employa à l’avant garde de l’Armée du Nord ; il appartint successivement à la division Bonnaud et à la division Despeaux. Il assista à la bataille de Tourcoing (18 mai), au combat de Pont de Chin (22 mai), se signala au combat de Hooglède (13 juin) et fut grièvement blessé, par un biscaïen, à l’attaque de Malines le 13 juillet où il eut un cheval tué sous lui dans le combat livré sur le canal de Louvain. On attribua d’ailleurs au général Salme la prise de cette ville.
Rétabli, il reçut le 20 septembre le commandement de la 4e division de l’armée du Nord, à la place de Despeaux et fut chargé, le 17 octobre du siège de Grave, place forte située sur la Meuse que les français avaient déjà assiégée et prise sous le règne de Louis XIV. Le général Salme en commença le bombardement le 1er décembre et en reçut la capitulation le 17 du même mois.
Il participa ensuite à la capitulation de la Hollande, fit capituler Utrecht, occupa la ville (17 janvier 1795) et en reçut de Pichegru le commandement (22 janvier) (2), pendant que le général en chef achevait la conquête du pays. Ce dernier en partance pour La Haye confia l’administration de la ville d’Amsterdam au général Salme. Profitant des bonnes dispositions des habitants de cette ville en sa faveur, il obtint facilement des subsides pour ses troupes qui furent vêtues à neuf et nourries abondamment. Il faut bien dire que Salme était très modéré dans les contraintes administratives et de tous ordres imposées aux Hollandais ; ceci favorisant cela. Puis ce dernier fut chargé de l’occupation de la province d’Overissel. Il contribua à l’expulsion des Anglais des provinces de Frise et de Groningue, et s’assura l’estime du général Souham. Puis il suivit le général Moreau à l’armée du Rhin et fit à Altenkirchen des prodiges de valeur ; c’est à cette occasion qu’il se lia d’amitié avec Kleber.
Sa première destitution :
Envoyé en Belgique en juin 1796 avec un corps de cavalerie pour y dissiper les troubles qu’avaient fait naître les exactions et les violences anticléricales des agents du Directoire, il s’entendit fort mal avec les fonctionnaires civils et les élus locaux et fut « destitué » par les Directeurs, à la suite d’altercations avec les administrateurs de Bruxelles et du département de la Dyle (12 février 1797).
Cette destitution ou plutôt ce rappel ne l’empêcha pas de rejoindre l’Armée de Sambre et Meuse où Hoche le demandait et d’y commander les pays de la rive gauche du Rhin. Hoche qui vantait ses talents et son énergie le chargea de commander une brigade de dragons sous Klein (avril 1797) et obtint sa réintégration officielle. Cette dernière fut de courte durée, car à la suite d’une dénonciation, le général Salme fut destitué à nouveau, après le coup d’Etat du 18 fructidor ( 4 septembre 1797), qui avait frappé les royalistes et leurs amis vrais ou supposés (13 septembre 1797). En effet, Salme qui avait conservé d’excellentes relations avec son ancien chef Pichegru, avait réussi quelque temps avant le 18 fructidor à rapprocher Hoche et Pichegru. Mais les intentions de ce dernier devaient tout perdre, et Salme qui ne pouvait croire à tant d’infamie fut victime de ses bonnes intentions. Par ordre du jour, Hoche annonce que le général Salme « vil espion de Pichegru » vient d’être destitué. Il lui enjoint de quitter l’arrondissement de l’armée dans le plus bref délai. Son amitié pour Pichegru était connue de toute l’armée, et son énergique protestation contre la violation de la constitution de l’an III le fit donc révoquer. Bien qu’il fut revenu sur sa protestation pour applaudir aux mesures qui avaient sauvé la République, il fut néanmoins destitué.
Profondément ulcéré, il écrivit plusieurs lettres de réclamation et en fit même imprimer trois à Neufchâteau, où il s’était retiré. Conservées dans son dossier aux Archives de la Guerre, elles prêtent à sourire par leur style emphatique et déclamatoire. Il les envoya à Beurnonville, pour que ce dernier les fasse passer au ministre de la Guerre, le général Schèrer.
Le sabre d’honneur :
Finalement, Salme fut réintégré et désigné pour l’Armée d’Egypte (9 novembre 1798). Il avait bénéficié pour cela de la protection de Kléber qui était en disgrâce depuis deux ans et qui avait pu se rendre compte de ses réelles aptitudes, mais aussi en raison de l’amitié qui les unissait. Cependant, parvenu à Ancone sur l’Adriatique, et ne trouvant aucun navire en partance pour Alexandrie, il rejoignit l’Armée de Rome que commandait Championnet, puis de là l’Armée de Naples, sous les ordres de Macdonald.
En avril 1799 il reçut, à l’avant garde, le commandement d’une brigade d’infanterie légère, à la tête de laquelle il fut blessé au combat de Castel-Giovanni (17 juin), puis à la néfaste bataille de la Trebbie (19 juin) et fut fait prisonnier à Plaisance (20 juin).
Interné en Autriche, il rentra de captivité après la paix de Lunéville, en mars 1801. Sans emploi, c’est tout naturellement qu’il se rendit auprès du général Moreau, mais ce dernier était tenu à l’écart en raison de ses dissentiments avec Bonaparte. Salme qui partageait les mêmes idées que Moreau reçut à cette occasion un sabre d’honneur tout en lui jurant fidélité et dévouement. Napoléon avait peur de la magnifique armée du Rhin de Moreau dont la plupart des officiers supérieurs étaient d’esprit républicain. Il s’est débarrassé de celui-ci en l’exilant an Amérique et de son armée en l’envoyant à Saint Domingue ; c’est ainsi que le 2 octobre 1801, Salme fut désigné pour faire partie de ladite expédition.
Saint Domingue
Parti de Toulon, il débarqua aux Antilles le 5 février 1802, fit partie de la 13e brigade de la division Hardy et battit à deux reprises, le chef noir Christophe à l’habitation Ennery et à l’habitation Bayonnai. Après la prise du fort de la Crète à Pierrot, le général Salme, dirigeant la marche de la division sur Le Cap, repoussa les bandes réunies par Toussaint Louverture.
Après ces succès le général Leclerc, beau frère de Bonaparte le nomma général de division à titre provisoire (15 mai 1802). Le même jour Salme fut renvoyé en France. Plusieurs motifs sont avancés par les historiens : Selon certains, sa santé s’était terriblement altérée ; d’autres disent qu’il avait violemment critiqué le rétablissement de l’esclavage à Saint Domingue. Mais également parce qu’il aurait été l’amant de Pauline Bonaparte, épouse du général Leclerc, ou encore parce qu’il faisait du marché noir. Cette dernière version est celle, officielle, donnée par le général Leclerc qui dit : « Le général Salme faisait des affaires, je l’ai renvoyé mais avec ménagement parce qu’il a bien servi pendant la campagne ». Il semblerait toutefois que la véritable raison en soit la violation du décret de la Convention qui avait aboli l’esclavage et déplorait une expédition qui coûtait tant de sang ; ce n’était d’ailleurs pas la première fois que Salme prenait position sur ce sujet. Leclerc écrivit au ministre de la Marine et des Colonies pour lui demander de confirmer Salme dans son grade de divisionnaire. D’autre part, il chargeait le général rapatrié de mettre de vive voix le gouvernement au courant de la situation du corps expéditionnaire.
Sa retraite :
En septembre 1802, il fut mis en disponibilité, puis le 16 octobre 1802 en non activité avec un traitement annuel de cinq mille francs. Enfin par décret du 26 août 1803, Salme est mis en retraite, à l’âge de 37 ans, avec une modique pension de deux mille cinq cent francs. Il se retira à Drusenheim (Bas Rhin), dans une propriété indivise entre lui et son beau père M.Masse. Mais sa femme, née Marie-Jeanne Henriette Masse, acariâtre et d’un naturel pervers, tenta de l’empoisonner. Cependant un brave serviteur du général au courant de toute la machination dévoila au général le funèbre projet de sa femme, et la seule victime fut le chien.
Salme désespéré se retira à Neufchâteau place du marché (actuelle place Jeanne d’Arc) où il s’associa à un fabricant d’amidon. Lors du procès du général Moreau il fut placé sous la surveillance de la police (juin 1804), et reproché d’avoir reçu un sabre d’honneur des mains de son ancien général en chef.
A plusieurs reprises il écrivit au ministre des lettres à la fois pressantes et dociles pour reprendre du service, mais malgré la protection de Beurnonville, ne reçut pas satisfaction. En haut lieu, on lui reprochait « sa mauvaise tête ». D’autres soucis suffisaient à troubler sa tranquillité, à savoir une plaidoirie contre son épouse en séparation de corps et biens ; il n’avait donc aucun lien avec la conspiration Moreau Pichegru.
La guerre d’Espagne :
Il fallut le débarquement des Anglais dans l’île de Walcheren en Zélande, pour que Salme soit rappelé et chargé de commander une brigade de gardes nationaux à la Tête de Flandre (8 août 1809), donna satisfaction à ses supérieurs, mais fut renvoyé dans ses foyers le 26 septembre 1809. Il se retire alors à Paris quelque temps avant de revenir à Neufchâteau. Ayant appris que le général Souham rentrait dans ses foyers pour cause de blessure, Salme va alors rendre visite à son ancien ami et implore sa protection et son bon souvenir de 1795. Souham le fit désigner pour l’armée de Catalogne (16 avril 1810).
Le général Salme y reçut le commandement d’une brigade comprenant les 7e et 16e régiment de ligne.
En janvier 1811, il prit part à une expédition dirigée sur Molino des Rey, le col d’Ordal et Villafranca. Dans un rapport à l’Empereur le 13 mars, le général Macdonald, duc de Tarente « assurait que la tête du général Salme était devenue calme et qu’il rendait de bons services en Catalogne ».
En mai 1811, Salme marcha avec l’armée de Suchet contre la place de Tarragone au nord. Tarragone, en 1811, se compose d’une ville haute entourée de fortifications appuyée sur des escarpements naturels, d’une ville basse, elle-même dotée d’un fort, le fort royal, et enfin d’un port abrité par un môle. A cinq cent mètres à l’ouest de Tarragone, sur une hauteur escarpée se trouve le fort de l’Olivo, qui domine la ville et la mer. Au nord, des hauteurs protègent la ville ; au sud, au contraire une plaine marécageuse traversée par le Francoli. Autour de la ville court une enceinte extérieure et les portes sont fortifiées. Le 5 mai, Suchet est à Constanti, faubourg de Tarragone. Le lendemain, Salme rejeta avec vigueur une contre attaque ennemie, qui cherchait à reprendre le terrain perdu la veille. Dans la nuit du 13 au 14 mai il s’empara, avec huit compagnies d’élite des 7e et 16e de ligne des retranchements que les espagnols avaient ébauchés sur deux mamelons à trois cent mètres du fort d’Olivo et empêcha le lendemain les assiégés de les reprendre, car pour prendre Tarragone, il faut prendre le fort de l’Olivo. Le 20 mai, ses soldats rejetèrent une nouvelle attaque ennemie . Dans la nuit du 27 au 28 mai, les espagnols tentèrent une nouvelle fois de plus de rompre le cercle d’investissement. Accouru, le général Salme fut tué d’une balle à la tête au moment ou il criait « Brave 7e en avant ! ».
La mort du général Salme :
Dans ses mémoires, Suchet résume ainsi la mort glorieuse du général Salme : « Dans la nuit du 27 au 28 mai, la batterie de brèche étant achevée, il fallait y conduire les quatre pièces de 24 destinées à l’armer. On ne pouvait se servir de chevaux ; les soldats s’attelèrent eux même avec empressement et les traînèrent. Entendus et presque vus de l’ennemi à une si petite distance, ils furent écrasés de mitraille ; mais leur ardeur était à l’épreuve ; ceux qui tombaient étaient aussitôt remplacés. Il régnait dans le camp une impatience générale de voir notre artillerie répondre enfin au feu de la place qui nous accablait depuis si longtemps. Les assiégés saisirent ce moment difficile pour faire une vigoureuse sortie. Le général Salme, qui veillait sans relâche au succès de l’opération, avait ses réserves toutes prêtes ; il accourut aussitôt et criait : « Brave septième, en avant ! » lorsqu’un biscaïen le frappa à la tête et le renversa mort. Nos soldats furieux de la perte de leur général se précipitèrent sur les espagnols, les culbutèrent et les poursuivirent jusque sous les murs du fort. ».
Il fut inhumé sous une portion de l’aqueduc romain qui était près du camp de sa brigade et son coeur fut embaumé et déposé dans le tombeau des Scipions, sur la route de Barcelone.. Dans un rapport du 31 mai 1811 le général Suchet dit que le défunt avait toute la confiance de sa brigade. Après la prise de Tarragone (28 juin 1811) le fort Olivo fut appelé fort Salme et conserva cette dénomination pendant toute la période de l’occupation française.
Sa succession :
Au moment ou il fut tué à l’ennemi le général Salme venait d’être fait chevalier de la Légion d’Honneur. Napoléon fit également déposer dans son cercueil les brevets de général de division et de baron de l’Empire. Ce titre ne fut pas régularisé et le décret fut simplement enregistré à la chancellerie sans délivrance de lettres patentes ni d’armoiries.
Le Service Historique de l’Armée de terre conserve dans le dossier du général Salme la description de ses biens et de sa famille rédigée par son fondé de pouvoir, exécuteur testamentaire et ancien compagnon d’armes : Louis, celui qui l’a sauvé de la mort par empoisonnement. « Le général était marié et n’a jamais eu d’enfant. Il était séparé de biens d’avec sa femme avec qui il plaidait en divorce. Elle habite une partie de la terre qu’il avait et qu’il lui a abandonnée pour les partages...
La fortune du général Salme lors de son départ pour l’Espagne consistait en une terre située sur les bords du Rhin, à JungGründ, d’une valeur d’environ 30.000 francs, et dans quelques meubles de peu de valeur, placés dans l’appartement qu’il occupait à Neufchâteau. Ses dettes se montaient à environ 12.000 francs. Les envois qu’il a fait ont été employés à payer une partie de ses dettes, et le surplus distribué à ses frères et soeurs. Au moyen de ce qui reste à récupérer en Espagne, il y aura de quoi liquider ses dettes et sa fortune se trouvera dans le bien évalué 30.000 francs. Sa nièce légataire universelle ayant à payer 600 francs de rentes , il ne lui restera plus qu’environ la même somme ». Napoléon accordera au vieux père du général, alors maire d’Aillianville, une pension viagère de mille francs par an et au neveu du défunt, le jeune Prévost âgé de douze ans, une place de boursier au lycée de Nancy. Par contre la veuve du général, contre laquelle était commencée une procédure de divorce, depuis 1810, demanda vainement une pension aux bureaux du Ministère. Cette dernière se remariera en 1816 avec un médecin bavarois.
Son nom est inscrit au côté ouest de l’Arc de Triomphe de l’Etoile à Paris.
Sources principales :
Rapport décadaire de la division sous les ordres du général Salme.
Archives du ministère de la guerre du 1er au 10 pluviose an III. In Tradition Magazine de 1997 numéro 123.
Lombard de Langres. Mémoires.
Beaubrun-Ardouin. Etude de l’histoire d’Haïti. Tome V
Pamphile de Lacroix : La Révolution de Haïti. 1995, Ed. Karthala
Extrait de la Nouvelle Revue Rétrospective.
Relations de sièges en Espagne. Teissedre, Paris 2001
Thiers : Histoire du consulat et de l’Empire
Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des français, de 1792 à 1815
SHAT dossier Salme
Mémoires sur les campagnes d’Espagne Teissedre 1997
Guilmot Dembowski. Journal et voyage à St Domingue 1802
Bergerot. Le maréchal Suchet 1986
Histoire et dictionnaire du consulat et de l’empire. Sous la direction de J Tulard
Hardy de Perini. Correspondance intime du général Hardy. 1901
Herpin. Mémoires du chevalier de Fréminville. 1913
Six. Dictionnaire biographique des généraux et amiraux .... 1934
Savinel. Moreau rival républicain de Napoléon.